Covid et municipalités. « On s'aperçoit que les restaurants routiers ferment, car beaucoup d'entre eux ont vu leur chiffre d'affaires baisser depuis la Covid au point de devoir arrêter leur activité, déplore Patrice Clos, secrétaire général de la Fédération nationale des transports et de la logistique Force ouvrière (FO). On constate également que certains maires prennent des arrêtés contre les restaurateurs qui ont un parking accueillant les camions, soit disant à cause de nuisances. A la Fédération, nous avons ainsi recensé que chaque mois, une dizaine de restaurants se trouvent ennuyés par des élus ».
La clim' dérange ! Le syndicat a tiré le signal d'alarme à travers un communiqué publié le 9 octobre. Il s'appuie sur le conflit qui oppose les gérants du restaurant l'Ombrelle à la mairie du Miroir, une commune de 620 habitants dans le département de Saône-et-Loire. Récemment, Philippe Cauzard, le maire, a publié un arrêté interdisant l'utilisation des climatisations autonomes pour les camions. Ce qui fait réagir vivement FO !
Le syndicat craint qu'un tel arrêté représente un risque supplémentaire de fermeture pour le restaurant : s'ils ne peuvent laisser la clim' tourner moteur éteint, les routiers iront ailleurs...
Deux fois moins de restos. FO estime qu'en vingt ans, le nombre de relais routiers a été divisé par deux, passant de 3 500 à 1 600.
Or, plus qu'un repas à prix compétitif, les restaurants routiers apportent un vrai lien social pour des professionnels solitaires, isolés la plupart du temps de travail dans la cabine de leur camion.
Crédit photo : Nicolas Grumel
Le parking du Routier est un lieu de repos, les sanitaires permettent d'avoir une certaine hygiène de vie. Sur place, les camionneurs peuvent échanger, dialoguer avec leurs collègues. Les restaurants routiers sont des points de repères pour toute une profession. Certains sont de vraies institutions, mais aujourd'hui, celles-ci sont en difficulté.
Nous avons encore en tête le fait que l'une des plus importantes, le restaurant L'Escale basé à Déols (Indre), a été contraint de fermer durant deux semaines cet été, faute d'une fréquentation suffisante pour être rentable.
Baisse d'activité, manque de personnel... face à cette situation, le syndicat a écrit à la Première Ministre Élisabeth Borne, au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, ainsi qu'au ministre des Transports, Clément Beaune, pour proposer : « Que l'état aide les restaurateurs afin qu'ils puissent accroître leurs marges, car ils font partie de l'environnement de la profession ».
Manque de places de parking. D'autant que, toujours selon Patrice Clos, les parkings des restaurants routiers représentent une solution au problème du manque de place de stationnement. Selon les calculs de FO, il n'y aurait en France qu'une place pour cinq véhicules roulant. « Ce n'est pas sans conséquence : sur les autoroutes, les voies rapides, il n'est pas rare de voir des camions stationnés sur la rampe d'accélération ou sur la bande d'arrêt d'urgence. Un jour, nous aurons un grave problème de sécurité routière ».
Hygiène et conditions de travail d'un côté, nuisances de l'autre, à la campagne comme à la ville la place du camion est difficile à trouver et les conducteurs sont pris en tenaille.
Un des objectifs fixés par la Commission européenne est la création d’aires de stationnement garantissant la protection et l’intégrité des conducteurs et des marchandises, et proposant en plus un service minimum en matière de restauration, de sanitaires, d’éclairage, de surveillance vidéo et de gardiennage. Pour le syndicat FO, la France n'est pas à la hauteur de cet objectif.
Complément d'information
Les parkings sécurisés pour camions, un problème européen (actu-transport-logistique.fr)
