Pierre Georget, directeur général adjoint. de Gencod-EAN France.

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Logistiques Magazine : Quel est selon vous le principal écueil à contourner aujourd'hui pour assurer une véritable visibilité tout au long de la chaîne logistique ?

Pierre Georget : Dans le contexte des produits de grande consommation, on observe encore aujourd'hui un écart significatif dans les pratiques et procédures usitées entre le traitement des flux amont et celui des flux aval. Schématiquement, en amont les distributeurs de PGC sont en relation en général avec quelques milliers de fournisseurs où les critères pris en compte sont surtout de l'ordre du volume. Comparé à la partie avale, où l'on se préoccupe davantage de références et de quantités par unité d'articles vendus, le suivi peut couvrir quotidiennement un milliard de tickets de caisses, la chaîne amont accuse un certain retard en matière de productivité administrative des flux. En aval, le suivi du nombre de transactions sur un article porte sur des volumes plus faibles qu'en amont, ce qui permet aux acteurs du volet aval de la supply chain de se "rattraper" par une productivité administrative plus efficace par le recours notamment à des outils informatiques particulièrement sophistiqués. Cependant, on peut se montrer raisonnablement optimiste quant à l'évolution vers une convergence des usages entre les parties amont et aval. De fait, le volet aval a tout intérêt à ce que l'amont se mette à niveau en termes de procédures dans la mesure où, notamment, cela ne pourra qu'optimiser tout ce qui est relatif à la gestion des stocks. Logiquement, les acteurs de l'aval devraient "inciter" l'amont à s'engager de plus en plus vers des flux tirés.

Un autre facteur explique le retard pris par l'amont dans la mesure où les transactions qui y sont exécutées sont moins transparentes qu'en aval où la standardisation est davantage mise en avant ne serait-ce que pour des raisons d'animation du marché, de planification des promotions, etc.

L.M. : Au plan technologique, cette convergence amont/aval ne pose-t-elle pas de problèmes majeurs ?

P.G. : Au niveau technique, la migration des outils utilisés en aval vers l'amont ne pose aucun problème. Au contraire, ce transfert pourrait s'établir très aisément car les profils de transactions y sont en quelque sorte plus "rustiques". La transversalité repose sur une même logique de transfert de données par voie électronique, l'essentiel étant que l'information soit transmise le plus vite possible. En outre, côté amont, où les acteurs ne sont pas directement en phase avec le front office, moins de pression y règne dans la manière d'enclencher les procédures, sans oublier le fait que le nombre de transactions à traiter y est bien moindre. En fait, le vrai pari réside plutôt dans le facteur humain. Les habitudes doivent changer et cela prend du temps. Notre credo, au Gencod, est d'inciter à ce que, dans les meilleures conditions possibles, s'établisse la logique d'une chaîne logistique globale harmonieuse et à faire en sorte que tous puissent exploiter les mêmes outils informatiques, à commencer par les outils d'identification. Autrement dit, si chacun peut garantir l'unicité des données par des codes d'identification communs, tous les acteurs auront à y gagner, qu'il s'agisse des unités de production, du maillon transport ou des forces de vente. C'est d'ailleurs notre vocation d'inciter à préconiser un code standard pistant toutes les actions entreprises le long de la supply chain. Par exemple, la meilleure manière de relier les entrées et les sorties en termes de numéro de lots suppose l'exploitation par tous d'une base de données standardisée. Ainsi, dans le détail, notre travail au Gencod consiste entre autres à peaufiner l'art et la manière de standardiser ces bases. Actuellement, ce n'est plus tant un problème d'outils informatiques : ils commencent à apparaître sur le marché pour faciliter cette convergence. Qu'il s'agisse de grands groupes comme Nestlé ou de PME telles qu'Hénaff, nombre d'entreprises ont d'ores et déjà franchi cette étape.

L.M. : Dans quelle mesure une plus grande harmonie entre les versants amont et aval stimulerait une plus grande fidélisation des consommateurs ?

P.G. : En gros, on peut dire que dans les années 1970 et 1980, le principe de consommation reposait sur l'effet de masse de produits à prix bas. Aujourd'hui, ce principe de consommation reste vrai à ceci près qu'un phénomène de "customerisation" s'est largement développé dans les gammes de produits. Le consommateur est de plus en plus sensible au fait qu'on lui propose en linéaire un produit qu'il puisse identifier comme correspondant à son mode de vie personnel. Et, à ce niveau précis, la mise en place d'une traçabilité très fine est essentielle pour le rassurer. Or, cette traçabilité ne peut être réalisable que si l'on parvient à cette fameuse convergence entre les acteurs logistiques de l'aval et ceux de l'amont. Tous, producteurs comme distributeurs, ont donc à jouer ce pari gagnant-gagnant de fidélisation de la clientèle finale. Précisons que dans cette démarche, les services commerciaux, marketing ont eux aussi tout à gagner tant en termes d'image de leurs entreprises que de sérieux du service rendu.

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