La question du financement, toujours centrale
« Financement », le mot était lâché pour la première fois en tout début de matinée et il est revenu régulièrement tout au long de la journée tout comme celui de « surcoût ».
En décembre 2021, la CCNR a l’objectif d’adopter une feuille de route qui contiendrait des scénarios de transition pour la flotte fluviale et de politiques appropriées, selon Michel-Etienne Tilemans.
En plus de nouveaux modes de financement à trouver, comme autre condition pour atteindre l’objectif « zéro émission » pour la navigation intérieure, il y a la réglementation à faire évoluer et à adapter aux nouveaux carburants ou énergies possibles, pas seulement l’électricité ou l’hydrogène mais aussi les bio-carburants, le GNL, le méthanol, l’ammoniac, etc. Le besoin d’installation d’infrastructures d’avitaillement à terre a été souligné.
Pour Sebastiaan van der Meer, de Sendo Shipping, il faut savoir « lâcher les certitudes du passé » pour s’orienter vers les innovations dont certaines sont déjà disponibles et opérationnelles.
Autrement dit, il faut aussi une évolution des mentalités, dépasser l’addiction au tout diesel, en plus de celle des bateaux et de l’implantation d’infrastructures à terre.
Il faut promouvoir les précurseurs et les porteurs de projets qui se lancent dans l’aventure de la transition énergétique de la flotte fluviale vers le « zéro émission ».
Des exemples concrets
Le matin, l’atelier a été consacré à la mise en avant de bateaux comme le Ducasse en Seine et le Sendo Liner qui sont des exemples concrets et existants de propulsion électrique avec batteries en France pour le premier, aux Pays-Bas pour le deuxième.
La solution de conteneurs-batteries embarqués ZES a été détaillée.
Au cours de l’après-midi ont été abordées les solutions électriques avec l’hydrogène avec tout d’abord le projet RH2INE et le retrofit à venir du bateau Maas (Future Proof of Shipping) aux Pays-Bas. « Nous avons commencé à travailler sur le projet il y a 18 mois. La transformation du bateau va prendre trois mois. Nous pensons bientôt obtenir la dérogation pour l’exploitation du bateau », selon Marjon Castelijns.
Le bateau Elektra en Allemagne, pousseur avec une pile à combustible à hydrogène comprimé, a été présenté. Il est sorti du chantier naval en mars 2021, « il flotte », et devrait être opérationnel cet été, a dit Gerd Holbach. C’est une solution « zéro émission » pertinente pour du transport urbain et sur longue distance, selon lui.
Une feuille de route de la CCNR en décembre 2021
En fin d’atelier, Daniel Mes, de la Commission européenne, a rappelé la publication prochaine du nouveau plan d’action pour la navigation intérieure (Naiades), dont la première priorité est le « verdissement » de la flotte fluviale et la deuxième la digitalisation.
Pour lui, la solution pour atteindre l’objectif « zéro émission » est « sans doute le mix énergétique », pas seulement l’électricité, et « il faut se concentrer sur les carburants les plus propres ».
Il a souligné que le secteur de la navigation fluviale comptait de nombreux « petits » acteurs et qu’il fallait faire en sorte de les accompagner pour que le plus grand nombre s’engage dans la voie de la transition énergétique pour atteindre la neutralité climatique en 2050.
Raphael Wisselmann, de la CCNR, a rappelé que la Commission européenne a fixé les engagements et les objectifs de réduction des émissions de la navigation européenne d’ici 2050 dans le Green Deal. « La CCNR partage les mêmes objectifs », notamment précisés dans la Déclaration de Mannheim.
Selon lui, les projets-pilote présentés ont montré la nécessité d’une approche globale, en réfléchissant notamment à l’optimisation de l’usage des nouvelles technologies, au dimensionnement de la puissance à installer.
Un autre enseignement de l’atelier est qu’il n’y a pas de solution unique, pas de carburant « miracle », mais un ensemble de solutions à adapter en fonction des bateaux et de leur utilisation. Le troisième enseignement est qu’il faut écrire la réglementation de demain. Celle-ci doit être « claire, acceptable, du même niveau de sécurité » que celle existante.
Enfin, « la question principale est celle du financement ». Sur ce point, le programme de recherche sur les besoins de financement mené par la CCNR et dont les résultats finaux seront publiés en juin 2021 va nourrir la feuille de route évoquée en tout début de matinée et dont la réalisation est prévue pour décembre. L’idée serait même de bâtir un système international de financement.