A Lyon, depuis deux ans, des travaux sur les quais de Saône jouent la carte du fluvial. En tout, la circulation de 1950 poids lourds est évitée grâce à une logistique axée sur la voie d’eau pour l’évacuation de déblais et le transport de matériaux. A la mi-novembre 2022, du Beaujolais pourrait être livré par bateau.
Le Tourville est en action à la mi-octobre 2022 : le bateau-moteur de la société Desigaud décharge des matériaux recyclés en provenance de Villefranche-sur-Saône. Peu de temps auparavant, le même Tourville embarquait des déblais des quais jusqu’à Anse grâce à sa grue d’une portée de 17 mètres. Une logistique fluviale qui dure depuis le début des travaux des quais Saint-Antoine à Lyon, il y a deux ans.Pour réussir à mettre en place ce transport sur le fluvial, la direction territoriale Rhône-Saône de VNF a agi dès l’appel à projets avec l’assistance à maîtrise d’ouvrage. « Nous sommes allés voir la ville de Lyon pour qu’elle insère une clause fluviale obligatoire dans le cahier des charges de ce chantier », explique Vincent Zurbach, responsable développement de l’établissement.
Une logistique fluviale complète
Cette clause a permis de choisir la société Chastagner, filiale du groupe Eiffage. C’est elle qui a missionné le groupe Desigaud pour assurer le transport des déblais. En 2021, 15 000 tonnes de déblais avaient été évacués du centre-ville par la voie d’eau lors de la destruction d’un parking sur les quais Saint-Antoine. En septembre 2022, 5 000 tonnes ont été transportées de la même façon.Concassés et recyclés, les produits sont ensuite remis sur la voie d’eau au port de Villefranche-sur-Saône. De là, ils sont acheminés vers Lyon pour construire le « quai bas » qui servira de promenade au ras de l’eau. Jusqu’alors, une passerelle en bois permettait de se balader en longeant la Saône.Une « reverse logistic complète », relève Vincent Zurbach. Au total, plus de 12 000 tonnes de produits recyclés et 5 000 tonnes de matériaux neufs vont être acheminés d’octobre à décembre 2022 pour le terrassement du nouveau quai.À l’image de ce que fait le groupe Pradier au port de Lyon, la ville de Lyon associe ainsi économie circulaire et fluviale. Un gain non-négligeable pour éviter des bouchons en ville et les émissions de gaz à effet de serre. À l’heure des premiers pas de la zone à faible émission (ZFE), cette logistique a permis d’éviter la circulation de 750 poids lourds (de 20 tonnes) en 2021 et devrait retirer des routes 1200 véhicules cette année 2022. En deux ans, VNF estime que le fluvial évite l’émission de 65 000 tonnes de gaz à effet de serre avec cette réalisation. Un partenariat gagnant-gagnant qui pourrait être renouvelé, par exemple pour des travaux importants qui vont être entrepris à l’avenir pour aménager une partie des quais du Rhône.
Une nouvelle expérimentation en novembre
Un bon point pour le fluvial et pour le Tourville, qui n’en finit pas de se montrer. En mai 2022, il a débarqué du vin, du fromage, et du matériel BTP sur plusieurs quais de la ville de Lyon. L’objectif de cette expérimentation était de montrer qu’il est possible de mettre en place, rapidement, une logistique fluviale dans cette ville.En 2021, il avait été mis sur le devant de la scène lors d’une livraison de Beaujolais, en partenariat avec le port de Villefranche-sur-Saône. Une sorte de réponse à l’installation d’ULS sur le Rhône, cette entreprise, déjà implantée à Strasbourg, ayant lancé un premier service de logistique fluviale régulier sur le fleuve en juin 2022 (voir article de NPI).A la mi-novembre 2022, le Tourville pourrait de nouveau livrer du vin la semaine du Beaujolais nouveau. Une manière de montrer que les acteurs locaux souhaitent participer activement au développement de la logistique fluviale de la métropole de Lyon.