La conférence sur le tourisme fluvial organisée le 12 mars 2021, lors de l’événement Virtual Nautic, a donné la parole à plusieurs interlocuteurs dans sa première partie dont nous avons déjà rendu compte puis la société française de location de bateaux habitables sans permis Nicols est intervenue dans un deuxième temps.
« Nous faisons partie d’un groupe industriel Nadia. La société Nicols a été créée en 1986 par l’ancien président du groupe qui était un passionné du fluvial. Nicols fête ses 35 ans cette année. Elle compte 56 salariés. Le chiffre d’affaire a été de 13 millions d’euros en 2019 et de 12 millions d’euros en 2020, une baisse en lien avec le Covid-19 auquel nous n’avons pas échappé », a indiqué Vincent Foyer, directeur général.
Nicols est un constructeur et un loueur de vedettes fluviales, possède ses propres bases et un réseau d’affilié. Le chantier de construction navale est basé à Cholet et produit entre 15 et 20 bateaux par an de différentes tailles. « La tendance est à des bateaux de plus en grands et avec de plus en plus de confort ». Depuis 1986, environ 650 bateaux sont sortis du chantier.
Le réseau comprend 25 bases dont 18 en France, 2 en Allemagne, 1 au Portugal, 2 aux Pays-Bas, 2 en Hongrie. Une centrale de réservation pour la location emploie 6 personnes multilingues pour répondre aux demandes de la clientèle à 70 % étrangère en temps normal (des Allemands et des Suisses mais aussi des Anglais, Belges, Espagnols, Australiens, Africains du Sud, Néo-Zélandais, Américains du Nord).
Le tourisme fluvial reste méconnu en France
L’implantation à l’étranger est une stratégie de longue date pour Nicols et constitue un levier de développement : en Allemagne (à proximité de Berlin) depuis 30 ans, au Portugal depuis plusieurs années, aux Pays-Bas depuis 2 ans. Dans ce dernier pays, la clientèle n’est pas locale mais composée de touristes étrangers.
« En Allemagne, nous pourrions avoir davantage de bateaux, nous savons que nous pourrions les remplir. La clientèle en Allemagne est composée d’Allemands, d’Autrichiens, et de touristes d’Europe du Nord, a détaillé le directeur général et ajoutant : Les Français n’ont pas le réflexe ni la connaissance de la possibilité de naviguer. Le tourisme fluvial reste méconnu en France. Nous communiquons régulièrement sur le fait que l’activité de location de bateau fluvial se fait sans permis. En 2020, « grâce » au Covid-19, entre guillemets bien sûr, c’est malheureux cette situation, nous avons assisté en juillet-août et un peu hors saison à la venue d’une clientèle française que nous n’avions pas l’habitude de voir. Cela fait qu’en 2020, la part de la clientèle a été à 70 % française et à 30 % étrangère, ce qui est une inversion de ce que nous connaissons habituellement. Avec le Covid-19, les touristes étrangers n’ont pas pu venir en France ».
Récente implantation en Hongrie
En 2018, Nicols a répondu à un appel d’offres du gouvernement hongrois qui souhaitait lancer une activité de tourisme fluvial qui n’existait pas du tout dans ce pays où passent le Danube et ses affluents.
« Le dossier a été complexe, le cahier des charges était très précis, les délais étaient très serrés, a précisé Vincent Foyer. Cela a joué en notre faveur car nous sommes constructeur et loueur et nous réalisons tout en France à Cholet. C’est dans l’ADN de Nicols et du groupe auquel il appartient de tout fabriquer en France, nous souhaitons préserver les emplois et cela nous permet une forte réactivité ».
Nicols a remporté l’appel d’offres pour la Hongrie en janvier 2019 et a lancé la construction de 20 bateaux qui ont été livrés pour une moitié en 2019 et l’autre moitié en 2020. Parallèlement, la réalisation de deux bases nautiques a été menée à Kisköre (situé à 1 h30 de la capitale Budapest et à 4 h de Vienne, la capitale autrichienne) et à Tokaj (davantage connu en France sous le nom du vignoble Tokay). Nicols a aussi apporté son expertise au gouvernement hongrois qui, par exemple, ne possédait pas de législation pour permettre le lancement de cette activité de tourisme fluvial dans le pays.
« L’activité en Hongrie a commencé en 2020 comme prévu, a indiqué Vincent Foyer, en partant d’une feuille blanche. Nous les avons conseillés, nous les avons reçus en France mais aussi en Allemagne. Il y a une forte volonté pour développer l’activité dans ce pays ».
Pour cause de Covid-19, la clientèle a été essentiellement hongroise en 2020 mais le directeur général est persuadé que les touristes des pays proches (Ukraine, Serbie, Autriche…) « vont venir goûter au tourisme fluvial en Hongrie puis ils viendront en France. Cela fera un effet boule de neige pour le tourisme fluvial ». Pour Nicols, c’est un effet positif de l’exportation du savoir-faire français en matière de tourisme fluvial.
A noter que Nicols est le lauréat de la catégorie « produits » du concours innovation de Virtual Nautic pour son projet de bateau fluvial Quattro Fly C, à propulsion 100 % électrique, dont la sortie du chantier est prévue pour 2022. Il sera le deuxième bateau à propulsion 100 % électrique après le Six-to-Green. Le Quattro Fly C électrique bénéficie d’un financement de VNF dans le cadre du PAMI qui est ouvert depuis juillet 2020 aux projets de bateaux innovants pour les passagers.