Faire (re)découvrir le nautisme fluvial aux touristes français

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Lors d’une conférence à Virtual Nautic, VNF a rappelé l’importance des retombées économiques sur les territoires du nautisme fluvial, une activité encore largement méconnue des Français. La maire de Saint-Jean-de-Losne a présenté le travail mené sur une « Charte fluviale de territoire » qui va être officiellement signée le 24 avril 2021 et intéresse d’autres collectivités territoriales qui cherchent à développer le tourisme fluvial.

« C’est la première fois que le tourisme fluvial prend une place aussi importante dans un salon du nautisme qui n’est pas seulement une activité en mer mais aussi sur les canaux, les fleuves dans les territoires français. Le nautisme fluvial représente 1,4 milliard d’euros de retombées économiques par an pour les territoires et plus de 6 000 emplois directs. C’est une activité extrêmement importante mais souvent encore méconnue », a indiqué Thierry Guimbaud, directeur général de Voies navigables de France (VNF), lors de la conférence sur le tourisme fluvial organisée le 12 mars 2021, lors de l’événement Virtual Nautic.

Cette activité est surtout méconnue en France alors qu’elle est largement connue des touristes étrangers qui pour une bonne partie d’entre eux viennent pour découvrir le pays par ses rivières, fleuves et canaux. Attirer les touristes français constitue un des leviers pour faire progresser encore ce secteur qui est un nouveau mode de tourisme, vert, tranquille, dépaysant, familiale ou amicale, loin de la foule, des atouts dans le contexte de la crise sanitaire.

Nicolas Delaporte, responsable développement tourisme de VNF, a rappelé la publication en 2020 des études socio-économiques sur chacun des segments du tourisme fluvial (paquebots fluviaux, bateaux-promenade, péniches-hôtel, bateaux de location habitable sans permis, plaisance privée).

Parmi les enseignements de celle sur les bateaux habitables : deux millions d’euros est l’estimation des retombées économiques d’une base de location de taille moyenne dans le territoire (avec 28 bateaux) où elle est installée. « Nous sommes sur du tourisme de découverte et les clients ne passent pas toute la journée sur le bateau de location. Ils naviguent environ 4 heures par jour et sont en demande d’activités le long de la voie d’eau ».

Offrir des distractions le long de la voie d’eau

Sur une croisière dans le cadre d’une location d’un bateau habitable (environ 5 personnes sur un peu moins d’une semaine), une moyenne de 1 700 euros est dépensée avec des achats essentiellement consacrés à l’alimentation et à la restauration. « C’est une bonne chose pour ces activités situées sur les itinéraires mais il y a moyen de faire mieux notamment vu le relativement faible budget consacré à la culture et aux loisirs. Si les territoires se mettent en capacité d’offrir des occasions de distraction également situées sur l’itinéraire, et comme on s’adresse à des touristes qui ont des budgets relativement élevés, on peut améliorer le niveau des retombées économiques », a ajouté Nicolas Delaporte.

Un autre constat est issu d’une étude du Crédoc menée en septembre et octobre 2020 auprès de 3 000 personnes : 41 % des résidents français n’ont jamais fait de croisière fluviale (y compris sous la forme de location de bateau habitable) mais disent être potentiellement intéressés par l’activité. « C’est une belle révélation pour le secteur qui attire jusqu’à présent surtout des touristes étrangers européens et de pays lointains. Nous avions déjà cette conviction et c’est la raison pour laquelle nous avons lancé une campagne en 2020 pour redécouvrir la France autrement qui a été vue par plus de 5 millions de personnes sur les réseaux sociaux ».

27 nationalités accueillies à Saint-Jean-de-Losne

Marie-Line Duparc, maire de Saint-Jean-de-Losne en Bourgogne-Franche-Comté, a rappelé l’importance du tourisme fluvial pour sa commune de « seulement 6 ha dont 2 ha d’eau ». Cette commune, l’une des plus petites en superficie de France, est davantage connue à l’international qu’en France : 27 nationalités y passent chaque année.

Saint-Jean-de-Losne propose plus de 650 anneaux, accueille une dizaine d’entreprises dédiées à l’activité fluviale (aménagement, carénage, portuaire…) sans oublier une activité de location de bateau habitable notamment avec la présence d’une base Le Boat (70 unités). Saint-Jean-de-Losne est le dernier point d’escale possible pour les bateaux jusqu’à 140 mètres. L’activité péniche-hôtel est présente (38 mètres) ainsi que la plaisance. Les vélos sont là avec la « Voie Bleue, Moselle-Saône » (Eurovélo6) qui traverse la Côte d’Or en passant par la commune et longe les bords de la Saône.

Marie-Line Duparc  a précisé : « Nous avons remis en place le salon fluvial en 2015. Le succès a été au rendez-vous avec 65 000 visiteurs accueillis en 2019 en extérieur, autour du port. Nous ne sommes pas vraiment un salon de tourisme mais plutôt de passionnés de la navigation fluviale. Les exposants sont divers et variés, des loueurs, des fabricants, des motoristes, etc. Nous espérons encore davantage de curieux. Avec la crise sanitaire, les Français se sont retournés vers le réseau fluvial. Il y a une grande importance à faire découvrir ou redécouvrir les activités touristiques fluviales, pour faire se réapproprier le réseau navigable français qui est exceptionnel et très divers ».

Mettre en réseau les collectivités

La communauté de communes Rives de Saône, dont Saint-Jean-de-Losne fait partie, a réalisé une étude pour la mise en place d’une « Charte fluviale de territoire » à partir de 2019.

Cette charte va être signée le 24 avril 2021 et mise en place pour une durée de 6 ans. Elle comporte des aspects économiques, touristiques, environnementaux. Elle compte 14 fiches-actions qui seront éventuellement adaptées au cours des 6 ans. « Pour cette charte, nous avons reçu le soutien de partenaires comme la région, l’Etat, Voies navigables de France, la banque des territoires, la CCI, etc. C’est une belle victoire car des élus d’autres départements ou régions nous contactent et nous demandent de présenter son contenu pour des territoires qui veulent accueillir du tourisme fluvial ou le développer ou l’améliorer par divers services ». Parmi ceux-ci, il y a les bornes, la gestion des déchets, etc.

Pour Marie-Line Duparc, l’un des enjeux pour l’avenir est de mettre en réseau les collectivités qui font déjà du tourisme fluvial et celles qui souhaitent s’investir dans cette activité. Une mise en réseau à l’image de l’activité du tourisme fluvial elle-même : « Quand on fait du bateau sur le réseau fluvial, on ne fait pas des ronds dans l’eau, on va d’un point à un autre, on est dans l’itinérance, l’important est de se mettre en réseau pour travailler tous ensemble pour le développement de cette activité ».

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