L’équipementier allemand Bosch est en train de tourner la page du diesel pour se focaliser sur un transport de marchandises électrique, autonome et intégrant l’intelligence artificielle.
Dans un environnement qualifié de "difficile", Bosch a réalisé un chiffre d’affaires 77,9 milliards d’euros (Md€) l’an passé, soit quasiment l’équivalent ce qu’il avait fait en 2017, année record. Ceci avec un résultat opérationnel de 5,3 Md€ (pour un EBIT opérationnel de 6,9 % du CA). "Notre orientation stratégique dans l’interconnexion porte ses fruits", explique Volkmar Denner, président du directoire de Robert Bosch, pour justifier ces résultats.
A la tête du groupe depuis six ans, Volkmar Denner s’est donné l’objectif de passer la part de l’automobile à la moitié du chiffre d’affaires (contre deux-tiers actuellement) et de réaliser l’autre moitié dans les secteur de "l’interconnexion", comme l’électromobilité, les véhicules autonomes, les objets connectés ou l’Intelligence artificielle.
La solution de l'électrification
D’ici 2030, Bosch s’attend à ce que le transport de marchandises ait presque doublé à travers le monde, selon une estimation établie par l’International Transport Forum. "Nous voulons que les camions ne soient un fardeau ni pour le climat, ni pour la qualité de l’air. La solution passe par l’électrification", explique Volkmar Denner. "Dès 2030, un véhicule utilitaire neuf sur quatre devrait être au moins partiellement électrifié. En Chine, cette proportion devrait même atteindre près d’un sur trois", souligne-t-on chez Bosch.
Cette évolution devrait bénéficier à Bosch qui entend devenir le leader du marché de masse de l’électromobilité et multiplier son chiffre d’affaires par dix dans ce domaine, à 5 Md€.
Une gamme pour le TRM
Pour le transport routier de marchandises, sa gamme de produits comprend des entraînements 36 volts pour vélos cargos, des entraînements électriques pour véhicules utilitaires légers tels que le Streetscooter qui équipe les flottes de la Deutsche Post, des e-axles pour utilitaires polyvalents légers et lourds comme les futurs camions à pile à combustible produits par Nikola Motors, des essieux électrifiés pour remorques de camions, et inclura aussi à l’avenir des systèmes d’entraînement à pile à combustible pour camions de 40 tonnes.
Des technologies et des services
D’ici 2022, Bosch aura investi 4 Md € sur la conduite autonome. Près de 4 000 développeurs travaillent sur ce sujet en développant tout d’abord les systèmes d’assistance au conducteur, qui permettront une conduite partiellement automatisée pour les véhicules particuliers (niveaux d’autonomie 2 et 3). Bosch est le leader du marché avec un CA attendu de 2 Md€ cette année.
En parallèle, le groupe vise la conduite autonome sans conducteur à compter du début de la prochaine décennie (niveaux d’autonomie 4 et 5). Bosch proposera à la fois des technologies et des services. L’écosystème Bosch pour les systèmes de mobilité comporte d’ores et déjà des services de réservation, de paiement, de stationnement, de recharge, de gestion et d’info-loisirs.
Cap sur l'intelligence artificielle
"D’ici le milieu de la prochaine décennie, tous les produits Bosch disposeront de l’IA ou celle-ci jouera un rôle dans leur développement ou leur fabrication", observe Volkmar Denner. Pour cela, Bosch entend quadrupler son nombre d’experts en IA pour le porter à 4 000.
Ils travaillent actuellement sur près de 150 projets, dont le système de capteurs SoundSee, qui permet de prédire les pannes machine avec précision (bientôt utilisés dans la station spatiale ISS).
Bosch entrevoit des applications commerciales dans le développement automobile, en plus du développement d’une caméra multifonction destinée à la conduite autonome. Associant des algorithmes de traitement de l’image et les méthodes de l’IA, cette caméra automobile intelligente peut voir les piétons et identifier et prévoir immédiatement leur comportement.