La Cour des Comptes européenne, basée à Bruxelles, dresse à intervalles réguliers un état des lieux sur les niveaux de pollution atmosphérique et sonore au sein de l’UE. Le dernier rapport, paru début janvier, est alarmant. « La mauvaise qualité de l’air compte parmi les plus grands risques pour la santé », souligne le document, qui estime que chaque année la pollution atmosphérique provoque la mort prématurée de 250.000 personnes. La pollution sonore serait, elle, responsable du décès de 50.000 personnes dont 48.000 pour des troubles cardiaques liés au bruit.
Si la situation s'est globalement améliorée sur le terrain de la pollution atmosphérique au sein des pays membres, le niveau de concentration de dioxyde d'azote due aux voitures et aux camions reste un problème majeur, selon ce rapport. La valeur limite actuelle autorisée au sein de l’UE pour ce polluant a été dépassée dans dix pays en 2022. Toujours selon le texte, les pays membres devront redoubler d’efforts, avec l’entrée en vigueur prochaine de nouveaux plafonds pour le dioxyde d'azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2) ainsi que pour les particules fines.
Moins de pollution sonore : un objectif lointain
« Sur la base des informations disponibles, on peut toutefois avancer que l’objectif de réduire de 30% le nombre de personnes gênées par le bruit de la circulation d’ici 2030 ne sera probablement pas atteint », précise le document, selon lequel seule 3 à 19% de la population européenne pourrait voir reculer son exposition au bruit lié à la circulation d’ici la fin de la décennie.
Dans l'ensemble, « les villes ont du mal à lutter efficacement contre la pollution de l'air et les nuisances sonores, écrivent les auditeurs. Cela est dû à une mauvaise coordination entre les autorités, à des doutes sur l'efficacité des mesures ou encore à la résistance des riverains aux interventions. » Les mesures prises ne seraient par ailleurs pas toutes efficaces, comme les « axes verts », donnant la priorité aux piétons et aux cyclistes. « Ces axes sont avantageux pour les riverains immédiats. Mais ils entraînent une dégradation de l’air et une augmentation du bruit dans les rues environnantes. »
« L'UE reconnaît l'importance de s'attaquer à ces problèmes, a fait savoir la Commission européenne en réaction au rapport. Plusieurs politiques et directives visant à améliorer la qualité de l'air et à réduire le bruit ont déjà été mises en œuvre. »
En Allemagne, une récente décision du gouvernement fédéral à Berlin illustre la difficulté à faire avancer le dossier au sein des Etats membres. En juillet dernier, suite à la plainte d’une association de défense de l’environnement, une décision de justice a été rendue pour obliger l’Etat à agir davantage pour améliorer la qualité de l’air. Le tribunal avait estimé que les mesures adoptées par la coalition n’étaient pas suffisantes pour atteindre les objectifs européens en matière de réduction des émissions de polluants atmosphériques. Berlin a annoncé vouloir faire appel.