Pourquoi et comment faire évoluer son parc ? Quel est le bon timing ? Quelles énergies pour quels besoins ? Experts et transporteurs ont apporté des réponses lors d’une conférence organisée le 24 septembre par le SyDev (Syndicat d’énergie de Vendée) chez le vendéen e-Néo, spécialisé dans la conversion de véhicules thermiques en électrique ou hydrogène.
Pour Jean-François Villeret, à la tête de TVE (Tour Véhicules Électriques), la priorité « absolue » est de décarboner notre économie. « Cela concerne l’industrie, le bâtiment… mais surtout le transport, au sens large, qui re présente à lui seul 36 % des émissions de CO2 en France. Il faut donc faire évoluer nos modes de déplacement » alors que des réglementations s’imposent. À l’image du Green Deal (Pacte vert) pour l’Europe, qui vise une neutralité carbone d’ici à 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction de CO2 de 40 % à 2030. L’exécutif actuel souhaiterait que ce curseur soit placé « à 50 %, voire 55 % », précise Jean-François Villeret, qui évoque aussi « l’interdiction pure et simple » de vente de véhicules thermiques notamment dans les pays d’Europe du Nord avec une échéance à 2030. « La France, elle, table sur 2040. Je fais le pari que ça sera plus tôt. » Et d’ajouter : « La décennie à venir sera celle d’un grand bouleversement. Trois énergies se dessinent à moyen terme : l’électrique, le GNV-bioGNV et l’hydrogène. »
Quelle stratégie adopter ? « Dès maintenant, il faut réfléchir à la date à laquelle les entreprises souhaitent basculer définitivement leur flotte. Certes, il faut prendre en compte les usages, les enjeux climatiques qui nous disent d’aller vite mais aussi les attentes des clients alors qu’une pression de plus en plus forte se met en place », répond l’entrepreneur. De son côté, Laurent Sorin, responsable des projets bioGNV chez Vendée Énergie (société d’économie mixte de production d’énergies renouvelables), indique que 20 000 véhicules (VL, VU et PL) alimentés au gaz circulent aujourd’hui en France. Si « les perspectives sont plus importantes » chez nos voisins européens, citant l’Italie et son parc d’un million de véhicules, la France est « en train de prendre un chemin de complémentarité de la mobilité », déclare-t-il tout en rappelant les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie : 40 000 véhicules en 2023. D’ici là, on va assister à « une accélération de la mobilité alternative ».
S’agissant du réseau, « 150 stations sont opérationnelles en France » et « l’expectative de 250 unités d’ici à 2021 est tout à fait réaliste », alors que les estimations tablent sur 300 à 400 stations en 2023 et plus de 800 en 2028. En Vendée, le constat est « plutôt bon » avec quatre stations publiques opérationnelles – la dernière a été fraîchement inaugurée à Fontenay-le-Comte – et quatre projets d’ici deux à trois ans (Challans, Les Sables-d’Olonne, La Roche-sur-Yon et Montaigu). « La volonté du territoire est de positionner les stations à des endroits stratégiques et de rassurer les transporteurs sur ce qui est mis en place. »
Autre énergie à l’ordre du jour : l’hydrogène décarboné ou vert obtenu à partir d’électricité « propre ». « Cette solution est intéressante sur tous les usages intensifs et lourds car la charge utile est peu ou pas dégradée », prolonge François Challet, chargé de mission hydrogène au SyDev. Mais, aujourd’hui, « si l’on veut retrouver des véhicules à hydrogène sur la route, il faut traiter tout l’écosystème », citant l’exemple du projet H2Ouest, qui s’articule autour d’une production d’hydrogène renouvelable localisée sur le parc éolien de Bouin (Vendée), auquel un électrolyseur sera directement connecté. « Une première en Europe ! »