Waymo, la filiale d’Alphabet (Google) dédiée à la conduite autonome, a indiqué fin octobre qu’elle allait prochainement lancer un service expérimental de robots taxis entièrement autonome pour les habitants de Phoenix, en Arizona, en collaboration avec l’entreprise de VTC Lyft. Comprendre : il n’y aura plus de pilote de sécurité à bord. « Si vous avez besoin d’un permis de conduire, ce n’est pas une conduite autonome », a déclaré son P-dg, John Krafcik. Toutefois, celui-ci considère que les premières applications commerciales en matière de véhicules autonomes vont d’abord se réaliser dans le fret, avant de toucher les voyageurs. « Nous pourrons aller beaucoup plus vite dans le transport de marchandises, où les utilisations restent strictement commerciales. Nous avons une très grande confiance dans l’obtention de résultats pour nos partenaires commerciaux », a-t-il précisé lors d’une rencontre avec la presse. John Krafcik a rappelé que Waymo travaillait sur des applications de camions autonomes avec des camions Peterbilt du groupe Paccar à Atlanta (Georgie), ainsi que sur les routes ouvertes du sud-ouest des États-Unis, avec des essais privés dans la Michigan. Début novembre, Waymo a indiqué qu’il comptait utiliser ses véhicules pour convoyer des pièces automobiles pour le compte d’AutoNation, une société spécialisée dans la vente de pièces au détail. Des véhicules autonomes (probablement des vans) seront donc utilisés pour transporter des pièces détachées entre plusieurs sites d’AutoNation et des ateliers de réparation dans la région de Phoenix, en Arizona.
Bien qu’il soit très limité géographiquement, ce partenariat constitue un pas de plus pour Waymo sur le marché de la livraison interentreprises autonome. Ce type de livraison pourrait répondre à une pénurie croissante de conducteurs aux États-Unis. Selon American Trucking Associations (ATA), 60 000 postes seraient à pourvoir. Un phénomène d’autant plus inquiétant que 65 % des biens consommables aux États-Unis sont acheminés par camion et que les livraisons du e-commerce sont loin d’avoir atteint leur potentiel. Le commerce électronique ne représente pour l’instant que 11 % de toutes les ventes au détail aux États-Unis. Il devrait atteindre près de 14 % d’ici à 2021. Il n’y a donc rien d’étonnant qu’un géant de la grande distribution comme Walmart déclare à son tour vouloir expérimenter des véhicules autonomes. Les tests, opérés par la start-up Gatik AI, se dérouleront en Arkansas sur des distances d’environ de 2 à 5 miles (3 à 8 kilomètres) avec trois fourgonnettes Ford destinées à livrer des magasins depuis l’entrepôt principal de Bentonville. Gautam Narang, le P-dg de Gatik, indique que ses véhicules devraient permettre à Walmart d’économiser jusqu’à 50 % sur ses coûts de livraisons, sachant que les trajets sur de courtes distances représentent le segment le plus onéreux de la supply chain.
Pour profiter de l’engouement des constructeurs pour les véhicules automatisés, Waymo envisage de commercialiser sa technologie de conduite autonome dans le cadre d’un projet appelé « Husky ». La filiale d’Alphabet pourrait la proposer à des constructeurs qui pourraient ainsi proposer la conduite automatisée en option à leurs clients, soit sous la marque Waymo, soit sous la marque du constructeur. « Les deux seraient intéressants », a souligné John Krafcik. Pour l’instant, Waymo a annoncé la signature d’accords de développement de véhicules et de services de conduite autonome avec l’alliance Renault-Nissan. La société dispose également de contrats d’utilisation de mini-fourgonnettes fabriquées par Fiat Chrysler Automobiles (désormais en projet de fusion avec PSA) ainsi que des berlines Jaguar iPace pour ses flottes de taxis robotisés. Waymo vient d’ailleurs d’ouvrir en septembre 2019 à Detroit, l’ancienne capitale automobile, la première usine au monde destinée aux véhicules autonomes. Sur près de 20 000 m2, la société commence à installer des packages de navigation autonome (Lidars, caméras, capteurs) sur les véhicules qu’elle a commandés aux constructeurs. Les ouvriers ne chômeront pas puisqu’ils devront équiper, si Waymo honore ses engagements, 20 000 SUV électriques Jaguar I-Pace et 62 000 vans Chrysler Pacifica. L’entreprise n’a pas précisé si les semi-remorques seront équipées dans cette usine.