Facture électronique, e-CMR, paquet Mobilité... le paysage réglementaire ne cesse d’évoluer pour les entreprises de transport routier de marchandises (TRM). « En parallèle, de plus en plus de chargeurs demandent de la visibilité temps réel sur leurs transports afin de mieux s’organiser ou informer leurs propres clients », soulève Hugues Dollé, directeur commercial et marketing du groupe Sinari qui rassemble plusieurs éditeurs spécialisés dans le TRM. Outre ces exigences commerciales, des contraintes réglementaires vont amener les entreprises du TRM à digitaliser leurs échanges avec l’administration, leurs clients et fournisseurs. L'enjeu étant de gagner à la fois en efficacité opérationnelle et en rentabilité. Un besoin bien compris par les éditeurs de TMS (Transport Management System, en français logiciel de gestion du transport). Parmi lesquels on trouve Akanea, Dashdoc, Eureka Technlogy. Sans oublier bien sûr Cofisoft, GPI, Item Informatique ou OMP, des filiales de Sinari (260 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros prévus en 2023).
Plateforme d’échange de données
En fin d'année, à l’occasion du salon Solutrans, ce groupe prévoit de lancer Sinari Network, une plateforme d'échanges commune à ses différents TMS. Grâce à quoi, ses 2 200 clients transporteurs pourront, depuis leur logiciel de transport, recevoir des ordres de transport de leurs chargeurs et émettre des ordres de mission à leurs sous-traitants. Ils pourront même suivre l’avancée du transport, récupérer les preuves de livraisons et les transférer aux chargeurs. Et ce, sans avoir besoin d’investir dans de coûteuses interfaces d’applications programmables (API). « Pour utiliser notre plateforme, nos clients transporteurs seront essentiellement facturés à l’usage », indique Hugues Dollé, directeur commercial du groupe Sinari. Les échanges avec leurs clients seront aussi facilités grâce à la mutualisation de l’interconnexion de Sinari Network avec les chargeurs notamment au travers des plateformes de visibilité comme Shippeo. Avec à la clé, la perspective de trouver de nouvelles opportunités commerciales sachant en outre que Sinari Network est aussi interfacée avec Upply, la plateforme d’intermédiation.
Traçabilité étendue au client final
Pour gagner des parts de marché, les transporteurs devront non seulement rester connectés à leur écosystème mais aussi garantir au donneur d’ordres et au destinataire final une visibilité de leur commande à 360 degrés. Des besoins auxquels répond Akanea avec la refonte de son portail Clients BtoBtoC (Business to Business to Customer). « Il est en cours d’amélioration afin de proposer de nouveaux services à valeur ajoutée pour apporter un maximum de données aux clients des transporteurs routiers », indique Hélène Kerjean, directrice marketing produits Supply Chain chez Akanea. Depuis ce portail, le chargeur pourra y saisir ses ordres de transports, suivre les différents statuts de ses livraisons, consulter ses factures et accéder à différents indicateurs de services. Il pourra aussi apporter à ses destinataires de la traçabilité sur leurs livraisons. En plus de visualiser le statut de leurs commandes, ces derniers pourront même géolocaliser leur colis sur une carte.
Portail exploitant enrichi par l’e-CMR
Dans certains secteurs comme la messagerie et le transport express, les échanges de données informatisés avec les donneurs d'ordres constituent la règle. En témoigne l’éditeur Eureka Technology, spécialisé dans le transport express et urgent. « Pour éviter aux exploitants de ressaisir les ordres de transport, notre TMS s’interface via EDI ou API aux plateformes des chargeurs et du dernier kilomètre comme Woop ou Shippeo ainsi qu’aux réseaux des grands expressistes comme DHL, Worldtracer, Fedex ou DPD », explique son directeur des opérations Gianluca Croci. L’éditeur de la solution Dispatch RTS se démarque avec son portail exploitant qui regroupe les modules Web plus importants comme, le PRM pour la planification des chauffeurs et des véhicules, la visualisation des tournées sur une carte donnant l’état de l’avancement des missions, etc. D’ici à début 2024, l’éditeur prévoit d’enrichir ce portail exploitant avec la facturation électronique et l’e-CMR. Appelée à se généraliser dès l’an prochain, la dématérialisation de la lettre de voiture va se traduire par des gains de productivité pour les entreprises de transport.
Contrôle intelligent de la facture
De son côté, la plateforme collaborative TMS de Dashdoc s’enrichit cette année d’un module de facturation. Une tâche particulièrement chronophage pour les entreprises de TRM. Avec ce module intégré à la plateforme de TMS, la création d’une facture pro forma se fait en quelques clics. « Surtout, le contrôle intelligent facilite le travail de vérification des quantités chargées, heures de chargement, durée de transport, etc. », indique Benoît Joncquez, président co-fondateur de Dashdoc. Autres avantages du module, il facilite l’accès aux photos, scans et autres documents et permet l’envoi par mail ou par lien direct de la preuve de la livraison et de la facture. Laquelle peut être payée en un clic par le client. L’éditeur pousse plus loin la collaboration en favorisant le partage des documents créés dans le TMS avec un partenaire ou avec un client. Ce dernier pourra par exemple voir la facture et y apporter ses observations avant son envoi. Prochaine étape prévue pour Dashdoc, l'interfaçage de sa plateforme avec le portail de facturation électronique d’un de ses partenaires en cours de certification par l’administration publique. Les utilisateurs pourront ainsi émettre des factures au bon format électronique, comme le réclamera la réglementation.
Transports Toussaint, gagner en productivité avec le digital
Digitaliser l’entreprise afin d’accompagner la forte croissance de son chiffre d’affaires, c’est le pari relevé par Thierry Toussaint, dirigeant et fondateur des Transports Toussaint. L’entreprise opère pour le BTP, l’industrie, la messagerie ou encore le transport exceptionnel. Basée à au Perray-en-Yvelines (78), elle compte 200 salariés dont 130 conducteurs et 380 cartes grises. Depuis 2019, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires passer de 15 millions d’euros à 28 millions d’euros. Soucieuse de gagner en productivité dans un contexte de pénurie de personnel, l’entreprise a remplacé l’an dernier son TMS par la plateforme collaborative de Dashdoc. « Grâce à cette nouvelle solution, nos exploitants ont gagné 30 % à 40 % sur leur temps de travail », s’exclame Steve Toussaint, fils du dirigeant et responsable d’exploitation. Le gain en productivité se situe notamment au niveau des ordres de transport. Les donneurs d’ordres peuvent soit les transmettre par mail soit saisir leurs commandes sur le portail Dashdoc. Une fois saisies, l’exploitant les envoie d’un clic sur la tablette de ses conducteurs. À charge pour ces derniers de récupérer la lettre de voiture électronique qu’ils pourront si nécessaire corriger avant de la faire signer par le destinataire. Dès lors, l’e-CMR remontera directement sur la plateforme Dashdoc pour être transmise aux donneurs d’ordres. De quoi gagner du temps en facturation et améliorer ainsi la trésorerie de l’entreprise. Côté clients, ces derniers peuvent géolocaliser les véhicules sur une carte et consulter à tout moment le statut de leurs commandes. Un vrai outil de fidélisation.