Les sociétés IER (filiale du groupe Bolloré) et Kratzer Automation ont annoncé cet été un accord technologique et commercial, dans l’objectif de proposer une « solution globale de traçabilité pour les flottes d’au moins 250 camions », selon les dirigeants Christophe Agaësse, directeur du département Track & Trace de IER, et Jacques Trépant, directeur Europe de l’Ouest de Kratzer Automation. Le premier, qui est arrivé en début d’année chez IER après 20 ans passés chez un autre intégrateur, Neopost, commercialise des flottes d’ordinateurs mobiles de marques Zebra et Honeywell ; et des services de maintenance associés. Le second est un éditeur de TMS (logiciels de gestion du transport) allemand. La suite progicielle Kratzer Cadis est composée d’un TMS opérationnel et d’applications mobiles d’informatique embarquée. Elle équipe notamment Ciblex, DHL, DPD, Gefco, Kühne + Nagel et DB Schenker.
Chez ce dernier, par exemple, dont le siège français se situe à Montaigu (85), une centaine d’agences est équipée depuis l’été 2015. Elles utilisent le logiciel CadisControl, déployé auprès des exploitants, des chefs de quais et du service client. Sur le terrain, le programme CadisMobile est installé sur les PDA des conducteurs (modèle Zebra MC67). Au fur et à mesure de leur tournée, les chauffeurs-livreurs valident les livraisons auprès des destinataires, déclarent une anomalie le cas échéant, prennent une photo en cas de litige, et font signer électroniquement le récépissé. À l’exploitation, les gestionnaires supervisent les opérations réalisées, et les comparent avec le prévisionnel.
Ils reçoivent en temps réel les informations de chargement, d’enlèvements et de livraisons. Ils peuvent en informer les clients afin d’anticiper les éventuels retards.
La stratégie commune d’IER et de Kratzer est d’attaquer le marché des groupes de transport et de logistique, voire des grosses PME, avec une solution fonctionnant sur Android. Les partenaires revendiquent « une vingtaine de lead », ou contacts commerciaux. Ces clients potentiels peuvent être équipés d’informatique mobile, ou pas. « L’évolution technologique rapide des outils de traçabilité, qui fonctionnent aujourd’hui essentiellement sur le système d’exploitation de Google, justifie le renouvellement du matériel. Nous bénéficions d’une certaine avance sur les éditeurs concurrents, puisque notre suite logicielle est disponible sur Android », affirme Jacques Trépant. « Parallèlement, l’offre matérielle des fabricants Zebra et Honeywell a largement évolué vers cet OS, et s’est accompagnée d’une baisse des prix conséquente, ajoute Christophe Agaësse. En l’espace de quelques années, les terminaux sont passés d’environ 2 000 à 800 euros ! ». Dans le haut de gamme, rappelons par exemple la sortie en 2016 de l’ordinateur Zebra TC8000 (voir L’OT 2842 du 22 juillet). La montée en puissance des smartphones, de plus en plus fonctionnels, sécurisés, robustes, et donc professionnels, a en effet induit un repositionnement tarifaire des majors américains du secteur. Mais l’évolution du matériel ne porte pas que sur les prix. Elle est aussi fonctionnelle. Les terminaux logistiques, qui peuvent aujourd’hui intégrer des feuilles de route électronique et des outils de guidage, par exemple, concurrencent les ordinateurs de bord fixés aux véhicules. Les transporteurs logisticiens, mais aussi les distributeurs et les industriels, tendent à contrôler leurs livraisons jusqu’au dernier kilomètre. Que les moyens employés soient « propres » ou sous-traités, la traçabilité des opérations d’e-commerce, en particulier, est en passe de se généraliser. C’est tout un marché d’informatique légère, associée à des applications sur mobiles, qui s’ouvre aux SSII telles que Kratzer et IER. Et dans cette logique, la fiabilité des interfaces, donc des communications entre les logiciels, sera un élément déterminant de compétitivité pour les fournisseurs comme pour leurs clients. Parions que l’année 2017 verra d’autres rapprochements de ce type.
Kratzer Automation France a annoncé, en septembre 2016, avoir triplé le chiffre d’affaires réalisé par sa branche TMS, au cours de l’exercice 2015. « Ce CA atteint aujourd’hui 14 millions d’euros. Il représente un peu plus de 35 % du chiffre généré par les activités de Kratzer Automation AG », a précisé l’entreprise technologique allemande dans un communiqué. Pour accompagner cette croissance, Kratzer France prévoit de renforcer ses équipes avant la fin de l’année, avec l’embauche de chefs de projets et d’ingénieurs à son siège de Courtaboeuf, dans l’Essonne.