L'entreprise savoyarde s'appelait encore Gervex-Sgro, l'année dernière, des noms conjoints du fondateur et de l'actuel P-dg qui lui a succédé en 1985, par ailleurs unis par des liens familiaux. Elle a pris le statut de société de transport de marchandises en 1964 et a commencé à se développer sur des trafics régionaux. A cette époque, l'industrie horlogère locale commençait à connaitre des difficultés et amorçait sa reconversion dans la petite mécanique et la métallurgie. Cela devait amener les industriels locaux à sous-traiter, notamment, pour l'industrie automobile et, dans leur sillage, les Transports Gervex-Sgro sont conduits, rapidement, à déborder le cadre régional pour effectuer des transports nationaux.
En 1980, date à laquelle Carmelo Sgro entre dans l'entreprise, la première agence est ouverte à Paris. Cinq ans plus tard, lorsqu'il prendra la sucession de son beau-père, M. Gervex, la PME possède un parc d'une dizaine de véhicules.
« L'industrie automobile commence à se délocaliser dans un certain nombre de pays, explique Carmelo Sgro, la sous-traitance y prend une part de plus en plus active et, à partir de 1990, nous avons décidé d'accompagner nos clients sur leurs différents marchés d'exportation en nous ouvrant aux trafics internationaux ». Pour préparer son développement, elle trans- fère son siège sur la zone idustrielle de Scionzier sur un terrain de 50 000 m2, dont 15 000 m2 de parking, sur lequel ont été construits les bureaux et, en deux tranches successives, 7 000 m2 d'entrepots équipés de 40 portes.
Dans les années qui vont suivre, la société savoyarde va d'abord s'implanter à Barcelone pour couvrir le marché espagnol où se sont installés la plupart des constructeurs européens de voitures, puis en Italie. Aujourd'hui, la filiale milanaise de GST s'est renforcée par le rachat d'une entreprise locale, Sitib, et s'est doublée d'une agence à Casoli, dans le Sud, où a été ouvert un magasin avancé. Cette opération de croissance externe a été poursuivie en France, l'an dernier, avec le rachat de La Flèche Lavalloise (53) et de Arrow Transport, près de Metz (57). Devenu GST Plate-forme euro- péenne en 1999, le groupe qui compte 300 personnes, dispose de 8 implantations : le siège de Scionzier, GST Metz, GST Paris, GST Laval, GST Barcelone, GST Milan, Sitib et l'agence de Casoli. « A chacune est affectée son parc de véhicules, souligne Carmelo Sgro, mais ils sont tous immatriculés en Haute-Savoie. D'une part, elles assurent la collecte et la distribution locale sur leur zone de compétence, d'autre part, elles sont reliées entre elles quotidiennement afin d'acheminer les envois nationaux et internationaux ». Ensemble, elles desservent une quinzaine de pays d'Europe et chacune d'elles est spécialisée sur une ou plusieurs destinations. L'agence de Paris est axée sur la Grande-Bretagne, celle de Metz sur le Benelux et les pays du Nord (Norvège, Suède), le siège de Scionzier vers la Suisse, l'Allemagne, l'Italie et les pays de l'Est (Slovénie, République tchèque) celle de Barcelone vers l'Espagne et le Portugal. « En Italie, précise Carmelo Sgro, depuis le rachat de Sitib, nous avons ouvert une liaison en transport combiné entre Milan et l'Allemagne via la Suisse ou le Brenner ». Une solution qui lui paraît intéressante pour pallier les problèmes que posent le recrutement des conducteurs et les nouvelles conditions sociales « qui ont sonné le glas du double équipage ».
Les implantations à l'étranger permettant d'effectuer des transports intérieurs dans les pays d'Europe où GST Plate-forme Européenne est présent - une solution jugée préférable au cabotage - elles contribuent fortement à l'évolution du chiffre d'affaires du groupe. Avec 37 %, la filiale espagnole s'adjuge la part la plus importante, suivie de GST France (30 %) et de l'Italie (27 %). La part du chiffre d'affaires générée par les correspondants dans d'autres pays représente 5 %. Le chiffre d'affaires global, l'an dernier, a été de 186 MF mais c'est sans compter le manque à gagner imputable à la fermeture du tunnel du Mont Blanc. « Pour rejoindre Milan, rappelle Carmelo Sgro, nos véhicules mettaient 4 heures 15. En passant par le Fréjus, le parcours dure 7 heures 45. Le coût direct du péage représente 240 F par passage. Or nous effectuons environ 3 500 voyages par an et nous estimons le surcoût à 1 000 F par véhicule et par voyage ce qui se traduit par une perte effective de 4 MF sur nos résultats ». Sans commentaire.