« Le métier d’exploitant s’apparente à un sport. Une bonne condition physique, comme passer des bonnes nuits, permet d’avoir les idées claires et l’esprit actif dès le début de la journée. Un mental positif est aussi important, comme parfois être ambitieux dans nos tournées. Afin de pouvoir être satisfait du travail accompli, même si ce n’est souvent qu’éphémère. Il faut vite penser à l’après, le transport étant en constante évolution. » Chez Gaël Duquenne, cogérant de l’entreprise, la métaphore sportive n’est jamais loin. Logique pour le quadragénaire également entraîneur d’une équipe de football dans le club de Locon à quelques kilomètres du siège des Transports Duquenne.
La route est le terrain de jeu de l’entreprise Duquenne depuis désormais vingt-six ans. L’activité transport trouve ses prémices un peu avant, en 1985 quand Bruno et Martine Duquenne, les parents de Gaël, aujourd’hui cogérants, développent une entreprise de travaux publics dans la ferme familiale. « Il fallait un porteur pour acheminer des matériaux, puis un semi-remorque… Est venue ensuite la première benne céréalière avec la coopérative du secteur », explique le dirigeant. Progressivement, la partie transport se développe et, en 1995, les Transports Duquenne prennent officiellement vie. En 2001, Gaël Duquenne rejoint l’aventure sans réelle préméditation. « Les camions n’étaient pas une passion, mais l’attachement à ce métier est arrivé au fil des années. » Car Gaël Duquenne est devenu le pilier de la partie transport (Bruno, le père, a également conservé une activité agricole sur une centaine d’hectares de céréales). Il a d’abord roulé une quinzaine d’années tout en gérant l’exploitation. Désormais, il coache son équipe depuis Lestrem. Impossible de tout faire en même temps car, ces vingt dernières années, la société, spécialisée dans le transport agricole en bennes céréalières (céréales, engrais, alimentation animale, etc.), a bien grandi.
Alors qu’elle œuvrait essentiellement localement et dépassait exceptionnellement Arras, non seulement elle charge aujourd’hui dans tout l’Hexagone mais aussi à l’étranger, principalement en Belgique et aux Pays-Bas, où les Transports Duquenne sont agréés FCA (Feed Chain Alliance, l’équivalent Qualimat), parfois en Italie, Allemagne ou Pologne. « Nous cherchons toujours une solution pour répondre aux attentes de nos clients même les demandes et destinations les plus complexes », assure le responsable d’exploitation, convaincu que le mot « impossible » ne doit pas faire partie du vocabulaire d’un professionnel de la route. Une part de l’activité (15 à 20 %) concerne aussi le transport de matériaux. Les Transports Duquenne peuvent s’appuyer sur une quinzaine de chauffeurs, un effectif variable selon les saisons. Le pic d’activité se situe entre juin et janvier. Cette saisonnalité et cette réactivité aux différents marchés nécessitent une équipe polyvalente, avec des conducteurs capables de se déplacer localement ou de partir en Pologne, découcher une semaine et pas la suivante ou être disponible à différentes heures de la journée ou de la nuit, comme lors de la campagne de petits pois où des camions tournent vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
« Nous avons la chance de compter sur une très bonne équipe de conducteurs dynamiques, volontaires et engagés », reconnaît Gaël Duquenne. Avoir roulé est aussi un avantage pour les relations avec ses salariés, estime-t-il, lui qui dit avoir son bureau toujours ouvert : « Je comprends les difficultés qu’ils peuvent rencontrer. » Cet esprit d’équipe et d’écoute, c’est ce que le quadragénaire, qui fonctionne beaucoup à l’affectif, essaie d’appliquer dans ses relations avec les clients : être à l’écoute, proposer une solution, prendre l’initiative d’en parler avec le client quand il estime que ces chauffeurs sont mal reçus… Les relations entre confrères ne sont pas mises de côté : « La réputation et la confiance auprès de nos confrères transporteurs sont primordiales. Il est important qu’entre petites structures, nous nous entraidions », observe-t-il. La méthode, forgée sur le tas chez celui qui accueille depuis peu des stagiaires afin de transmettre son vécu, fonctionne. Avec 2 millions de chiffre d’affaires, un volume multiplié par quatre depuis le début des années 2000, l’entreprise se porte bien. En 2020, la pandémie de Covid-19 l’a certes affectée sur la partie matériaux, occasionnant une baisse de 6 % de chiffre d’affaires, mais le secteur agricole, largement majoritaire, a maintenu les volumes. Même si en général, les Duquenne observent un marché de plus en plus volatil. « La variation du travail et des flux se font de plus en plus ressentir. Un jour, nous débordons de demandes, le lendemain, nous nous grattons la tête pour faire rouler tous nos conducteurs. La planification peut varier toutes les cinq minutes en fonction de nombreux facteurs, une attente prolongée d’un chauffeur provoquer un changement de programme chez un autre, etc. », remarquent-ils.
Comment envisagent-ils l’avenir ? D’ici cinq ans, Bruno et Martine passeront officiellement la main à Gaël, lui qui n’imagine pas démultiplier les embauches dans les prochaines années. Quinze à vingt chauffeurs semblent un horizon raisonnable, « mais cela ne signifie pas que nous manquons d’ambition ». Au contraire, celui qui veut accompagner les clients dans leur évolution selon leurs besoins s’intéresse au stockage et à la logistique à long terme. Côté matériel, il vient tout juste d’investir dans un second transport vrac en fond mouvant, l’un de ses axes de développement. L’avenir passe aussi par la numérisation de tous les documents de transport, entreprise il y a deux ans et qui va s’accélérer. « Cela permet de faire remonter informations et documents le plus vite possible, ce qui profite aux clients et aux chargeurs. Avec la crise sanitaire, tout s’accélère. » Les Transports Duquenne viennent ainsi de créer des adresses mail professionnelles pour chaque chauffeur, afin de diffuser un maximum d’informations. Une succession de petites touches pour une société de taille certes modeste, mais qui va de l’avant. Et se montre. À la différence de ses parents, Gaël Duquenne est plus porté sur la communication. Une question de génération. Site Internet, page Facebook, vidéo de présentation d’entreprise, quelques années après son arrivée, il a fait dessiner un logo, remodernisé récemment et apposé sur l’un des derniers moteurs rentré dans le parc pour les 25 ans de la société. Des véhicules dont il a fait changer le sens de parking dans la cour de Lestrem. Ainsi, les Transports Duquenne sont tournés vers la route, prêts à occuper le terrain.
• Siège : Lestrem (62)
• Chiffre d’affaires 2020 : 2 millions d’euros
• Effectifs : 18 à 20 salariés selon la saison.
• Parc : 15 véhicules moteurs.
• Activités : transport agricole et matériaux, travaux publics et assainissement