Profession sous-traitant

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Prestataire pour le compte de donneurs d’ordres du TRM, MTS Transports, en Gironde, effectue des navettes entre le sud-ouest et le nord de la France. Le gérant de l’entreprise, Nourrédine Ziane, s’est engagé dans la modernisation de l’entreprise familiale. Il milite pour que le grand public ait une meilleure vision du TRM.

Après la région parisienne puis les Hauts-de-France, MTS Transports déploie ses navettes vers la Belgique. La société, spécialisée dans la distribution palettisée de petits lots, dans le transport de lots et les navettes, propose depuis juin une offre de distribution vers le « plat pays », en partenariat avec un correspondant sous-traitant. La sous-traitance, justement, cela connaît MTS, dont les clients sont à 85 % des enseignes du transport. À l’origine, Anissa et Ahmed Ziane fondent leur entreprise individuelle de sous-traitance de transport en 1981, à Lormont, dans l’agglomération bordelaise. L’entreprise connaît son premier développement en 1995 en devenant la SARL MTS (Montussan Transports Services), basée à Montussan en Gironde. Puis elle étend son activité au Pays basque avec TMTA (Traction Messagerie Transports de l’Adour), une agence créée à Bayonne, pour accéder à de nouveaux clients. Fils des fondateurs, Nourrédine Ziane rejoint la société en 2000, lorsqu’elle déménage à Bordeaux, avant de s’installer à quelques kilomètres, à Bassens, en 2013. Sa formation d’expert-comptable ne le destinait pas au secteur du transport, mais il intègre finalement l’entreprise familiale en se chargeant de la comptabilité et des ressources humaines. Il devient officiellement dirigeant en 2006 et seul actionnaire. Le développement de MTS se poursuit. En 2007, le dirigeant délocalise TMTA en Île-de-France, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), pour ouvrir une agence de distribution et un point relais pour les conducteurs. Depuis cinq ans, le flux de transport continue vers les Hauts-de-France. L’entreprise compte des clients fidèles issus de grandes enseignes nationales pour lesquelles elle livre des marchandises générales, et parfois dites dangereuses. « Afin de ne pas être écrasés par certains appels d’offres allant au moins-disant, nous essayons de nous démarquer par notre fiabilité, et la neutralité commerciale, indique le transporteur. On ne touche pas aux clients de ses clients. Beaucoup sont sensibles à ces valeurs, et notamment nos clients historiques. On sent un peu le vent tourner dans cette société “ubérisée”, avec de nouveaux opérateurs ayant pris le pas du “moins cher” ». Selon le dirigeant, la taille de MTS permet être réactif et de s’adapter à des demandes spécifiques pour apporter aux clients une personnalisation que les grosses structures ne peuvent pas fournir.

Véhicules : le casse-tête du choix

Le dirigeant a à cœur de faire évoluer la vision du grand public sur le secteur du TRM. Il a signé la charte Objectif CO2 de l’Ademe, et mise depuis 2017 sur des véhicules fonctionnant au biogaz. Avec l’aide du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, MTS a investi dans cinq porteurs bioGNV – soit un total de 585 000 euros. Le conseil régional finance 50 % de la différence entre le coût d’un moteur diesel et celui d’un moteur bioGNV. « GRDF nous a en outre versé une prime. Mais aujourd’hui se pose la question des investissements à réaliser en matière de technologies : vaut-il mieux choisir des camions roulant au gaz, à l’hydrogène, à l’électricité ? Nous ne savons pas vraiment vers quoi nous diriger, nous sommes dans l’attente », confie Nourrédine Ziane. Pour la flotte, il travaille avec MAN, DAF, et Scania pour les camions au bioGNV. Il aimerait que l’intégralité des camions de l’agence en Île-de-France fonctionne au biogaz. Souhaitant rester discret sur ses actifs, Nourrédine Ziane souligne que 70 % de la flotte totale se compose de tracteurs semi-remorques, 20 % de porteurs, et 10 % de camions-remorques. Tous les conducteurs sont formés à l’éco-conduite grâce à la présence d’un formateur en interne. Les véhicules sont géolocalisés avec une solution Trimble – et Novacom pour les remorques équipées de sondes de températures. La société a engagé une mutation numérique en 2018, et utilise le nouveau TMS AndSoft » pour la dématérialisation des procédures.

La distribution de lots palettisés représente 30 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, et l’activité de navette 70 %. MTS Transports propose également un service de logistique (5 % du CA) avec du stockage et de la préparation de commandes. « Je pense développer cette activité pour accompagner des clients sur des préparations spécifiques et/ou de petits formats. Nous pourrions organiser du cross docking », précise le dirigeant. En Île-de-France, où le site actuel totalise 1 000 m2 avec 14 portes, ce dernier est à la recherche d’un bâtiment plus grand. Le site de Bassens compte, lui, 9 portes sur 1 600 m2. L’entité MTS Bassens a réalisé un chiffre d’affaires de 9 M€ en 2019, et compte 47 salariés dont 44 conducteurs. Après le confinement, l’entreprise a pu retrouver son niveau de chiffre habituel en juin. Dès début mars, elle a réagi en équipant ses chauffeurs de masques, lingettes et gel hydroalcoolique, et en attribuant un camion à chaque chauffeur. « Lors du confinement, nos clients ont stoppé leurs activités avec une partie de leurs prestataires, explique le gérant. Nous avons quand même pu maintenir un peu d’activité. À mi-avril, nous atteignions 45 % du chiffre d’affaires. En cumulé, nous avons perdu un mois de chiffre. Seulement 5 % de nos salariés se sont retrouvés au chômage partiel. Nous les avons encouragés à prendre des congés pour perdre le moins possible sur leurs salaires. »

Redorer l’image du TRM

À partir de mi-juin, le besoin de recruter s’est fait sentir… tout comme la tension du recrutement. Nourrédine Ziane admet avoir 10 à 15 % de ses effectifs chauffeurs à pourvoir. « L’été a été compliqué. Notre organisation est bien rodée, avec des heures d’embauche et de débauche assez fixes. Mais il reste difficile d’intéresser le grand public à notre métier », constate le chef d’entreprise. Il motive ses chauffeurs à devenir des tuteurs pour accompagner les nouveaux. Depuis sept ans, Nourrédine Ziane est président du CRFPTL (comité régional de formation professionnelle du transport-logistique) de Nouvelle–Aquitaine. L’une des missions de l’organisme consiste à développer des partenariats avec les entreprises, les organismes de formation, les écoles. « Nous sensibilisons les chefs d’entreprise à la gestion des ressources humaines mais nous manquons de communication directe avec le grand public. Les parents orientent leurs enfants vers d’autres secteurs que le nôtre par méconnaissance du métier et à cause de sa mauvaise image », analyse le chef d’entreprise bordelais, soulignant que les pouvoirs publics ont parfois pris part à des campagnes de dénigrement du TRM. Il aimerait que cette image évolue. « Nous travaillons avec l’AFT pour inclure une formation SST (sauveteur secouriste du travail) dans le cadre de la formation continue obligatoire (FCO), précise le transporteur. Si les conducteurs pouvaient intervenir en cas d’incident, cela redorerait le blason du secteur. »

Un contexte incertain

Comme d’autres confrères, Nourrédine Ziane se voit contraint de gérer son entreprise au jour le jour. Difficile de savoir quelle sera la valeur refuge de demain : l’alimentaire, l’e-commerce ? « Vu le contexte économique, on ne peut pas se positionner, prédit le dirigeant, citant en exemple le secteur de l’aéronautique. Nous sommes organisés pour être les plus réactifs possible par rapport à l’évolution des niveaux d’activité : certaines vont exploser, d’autres s’effondrer. » Les transporteurs continuent en effet des flux en lien avec ce secteur, mais toute la filière de l’aviation est en crise… On peut donc se demander quelles seront les conséquences sur les acteurs du TRM dans quelque temps.

Repères

• Siège : Bassens (33)

• CA 2019 MTS Bassens : 9 M€

• Effectif MTS Bassens : 47 salariés

• Activités : distribution de lots, navettes en sous-traitance

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