La société Carrières de l’Ouest (110 collaborateurs et 55 M€ de chiffre d’affaires) est une filiale du groupe Basaltes, premier carrier indépendant français, qui produit 3,5 millions de tonnes de matériaux par an. Elle exploite une quinzaine de sites entre la Bretagne et l’Île-de-France dont la carrière de Voutré, en Mayenne, qui peut produire jusqu’à 2,5 millions de tonnes par an. Les matériaux sont acheminés vers des chantiers de construction (travaux publics et ferroviaires, sociétés de fabrication de béton…) soit pour le marché local (Sarthe, Mayenne, Orne) dans un rayon de 50 kilomètres soit pour le marché distant (de l’Île-de-France à Chartres).
Aller vers des transports plus verts
La société ne dispose pas de flotte interne. Elle fait donc appel à des prestataires de transport, une à trois sociétés pour ses petits sites périphériques (un camion affrété par jour). « Pour les flux d’opportunité, nous travaillons avec une centaine de transporteurs, en sus d’une trentaine d’entreprises (ayant entre un et dix camions) pour le site de Voutré où une personne est dédiée à l’activité transport », explique Thomas Dupuy d’Angeac, son président. Parmi eux figurent les Transports Despré, Prunières, TJM, Gélin, Rouxel ou encore T2L. Interrogé sur les points d’amélioration à explorer, il répond : « Chez nos clients, la notion de sécurité est centrale (port des équipements de protection individuelle). Mais certains conducteurs travaillent en tongs et short. Or, ils sont notre vitrine. C’est pourquoi nous avons organisé plusieurs réunions de sensibilisation avec nos prestataires. Les transporteurs doivent aussi avoir conscience qu’ils ont un rôle à jouer pour limiter les nuisances liées au transport de matériaux. »
Si « le coût du transport est le nerf de la guerre », la RSE tend à devenir un critère de sélection pour répondre à la demande de ses clients, d’autant plus que la société engagée depuis cette année dans le dispositif FRET21 affiche une volonté de réduction des émissions de CO2, entre 60 et 70 % de ses émissions étant liées au transport. « Par exemple, nous avons répondu à un appel d’offres pour livrer un chantier d’aéroport de Paris. Le bilan carbone faisait partie des éléments différenciants. Les matériaux seront donc acheminés par train jusqu’au Pessis-Belleville (Oise) puis, pour les derniers kilomètres, les tractions se feront avec des biocarburants. Les transporteurs avec lesquels nous travaillons sont équipés mais nous sommes conscients des difficultés à trouver des solutions disponibles. » Et d’ajouter : « À ce jour, notre politique achat n’est pas encore complètement formalisée. Mais notre objectif est d’économiser 1 400 tonnes de CO2 dès la première année, soit une baisse de 17,7 % des émissions liées à notre logistique. »
Une culture du ferroviaire
Acteur du fret ferroviaire depuis 1858, les Carrières de l’Ouest ont toujours acheminé en train des matériaux vers l’Île-de-France. La première étape d’une montée en puissance a été de mettre au point une solution de double fret entre la carrière de Voutré et l’Île-de-France opérationnelle depuis mai 2022. « À l’aller, les produits de la carrière sont acheminés en train vers les chantiers de construction. Au retour, les trains remportent les terres excavées issues des chantiers vers la carrière pour être valorisées. »
Aujourd’hui, la fréquence est de deux allers-retours par jour via les plateformes logistiques embranchées du Mans et de Trappes. L’ouverture d’une nouvelle plateforme cet été à Bonneuil-sur-Marne va permettre de monter à trois allers-retours. « À Trappes, c’est un trafic de 400 000 tonnes à l’aller et 100 000 tonnes au retour qui sera transporté au cours de l’année 2023. Au Mans, ce sont 250 000 tonnes transportées par le rail à l’aller et 30 000 tonnes au retour. À terme, la volonté est de maximiser le taux de remplissage des trains. » Ce report modal s’est accompagné d’une diminution de la flotte de camions. « Un train (50 caisses) ce sont 50 camions en moins sur les routes. » Avec à la clé des résultats concrets. « Le report modal entre la carrière de Voutré et la plateforme du Mans a permis une réduction de 380 tonnes de CO2/an. »