Fabricant et distributeur de vins et de spiritueux, Pernod Ricard est organisé en un groupe décentralisé qui dispose de filiales autonomes. Celles-ci sont responsables de leurs opérations lesquelles s’inscrivent dans une stratégie du groupe qui passe notamment par la réduction de l’empreinte carbone. Les flux de la filiale de cognac et de champagne Martell Mumm Perrier-Jouët reposent sur le mode multimodal avec des départs de trains de Bordeaux (33) vers le port du Havre (76) pour l’export, du transport routier, notamment par des citernes à l’échelle locale et sur des tractions en camions complets pour des exportations sur le continent. La filiale de distribution française, Pernod Ricard France, outre la grande distribution, écoule 15 % de ses produits vers le circuit hors-domicile, qui représente 70 000 livraisons par an. Elle aussi recourt, sur la longue distance, au rail-route mais aussi au transport routier.
En matière de transport routier, le groupe Pernod Ricard a mis en place une stratégie qui favorise les partenariats. « Notre politique consiste à nouer des partenariats de longue durée avec des transporteurs, ce qui permet de sécuriser les flux, détaille Loïc Morvan, directeur de la supply chain de la filiale cognac et champagne Martell Mumm Perrier-Jouët. Lorsque nous engageons une relation, nous débutons généralement par une période de test qui dure une année. Parmi les exigences inscrites au cahier des charges figurent la ponctualité, le respect des routes déterminées, l’utilisation de parkings sécurisés. » Virginie Benissan, responsable des transports pour la filiale de distribution française, Pernod Ricard France, complète : « Nous surveillons aussi le taux de service, de même que le niveau de sous-traitance, qui est encadré et repose sur un système de préqualification. Il est primordial que les transporteurs aient une bonne connaissance du marché des spiritueux, notamment dans un souci de sécurité alimentaire. » Mettre en œuvre des partenariats est une source de satisfaction. « Nous sommes contents de participer à la transition énergétique car, y compris à notre niveau, nous avons un rôle d’incitateurs à jouer. En nous engageant dans des volumes à long terme, il devient par exemple possible pour un transporteur d’investir dans l’installation de cuves sur site », relève le directeur. Outre l’entretien de relations quotidiennes, le fabricant et distributeur de vins et de spiritueux organise soit mensuellement soit trimestriellement des comités de pilotage avec ses transporteurs, durant lesquels deux propositions sont discutées de part et d’autre. « Nous sommes ouverts à toute proposition innovante », souligne la responsable.
Afin de soutenir sa transition énergétique, le groupe Pernod Ricard s’est impliqué en faveur des biocarburants. « Depuis presque trois ans, nous avons pris le virage de la réduction de notre empreinte carbone par une accélération du report modal et l’utilisation des biocarburants. Trois types sont utilisés par les transporteurs avec lesquels nous travaillons : le B100, le XTL et l’ED95, indique Loïc Morvan. Notre démarche repose sur une logique de test afin d’évaluer avec nos partenaires transporteurs les contraintes générées par l’utilisation de chacun. Nous comptons faire un bilan dans les deux années à venir. Pour le moment, les premiers retours sont positifs et la démarche s’avère économiquement valable. » Si le gaz n’est pas encore pertinent sur les longues distances, il est d’ores et déjà utilisé pour la livraison en centre-ville, notamment dans les métropoles. « À Paris, Lyon ou Marseille, des livraisons sont effectuées par des poids lourds roulant au GNV ou au bioGNV », précise le directeur de la supply chain. Quant aux livraisons de dernier kilomètre, il faut compter sur l’électricité, qui commence à faire partie du mix.
Les relations de confiance instaurées avec les transporteurs constituent un atout dans le contexte de la flambée des coûts énergétiques. « Nous pâtissons également de cette augmentation mais nous procédons de manière très factuelle en suivant l’évolution des pieds de facture sur la base de l’indice du CNR », observe Virginie Benissan. Dans ce contexte, la stratégie débutée il y a quelques années se révèle avantageuse. « Le virage des biocarburants que nous avons pris nous est favorable car il nous permet de limiter l’impact de la hausse des coûts tout en améliorant sensiblement notre empreinte carbone », conclut Loïc Morvan.