Vincent Pirola : Le gaz est actuellement l’énergie verte la plus accessible à la fois sur le plan financier et sur celui de l’approvisionnement. Nous avons opté au second semestre de l’année 2022 pour le bioGNC et le bioGNL. Bien que de nombreux transporteurs choisissent ces derniers mois le B100, il nous a paru plus opportun pour nos clients de nous engager dans une alternative qui s’affranchit totalement des énergies fossiles.
V. P. : Il y a une grande demande de démarche de décarbonation de la part des grands groupes avec lesquels nous travaillons. Leur réaction a été positive et a eu deux effets favorables sur notre activité. Ce choix nous a premièrement permis de remporter de nouveaux appels d’offres. Il nous a aussi aidés à maintenir nos tarifs, voire de les augmenter afin d’intégrer le surcoût lié à l’investissement dans une flotte roulant au gaz. Nous savions que nos clients peuvent accepter des hausses tarifaires de l’ordre de 10 % à 15 % au moment d’opter pour le gaz. Il convient aussi de souligner que le coût du gaz est actuellement à un niveau satisfaisant et que, à l’instar du diesel, il existe un système d’indexation. À l’heure actuelle, en ce qui nous concerne, le passage de la flotte au gaz s’est avéré avantageux.
V. P. : Une dizaine, sur un total de trente moteurs. En fait, la flotte est renouvelée progressivement. Pour l’avitaillement, nous privilégions le réseau V-Gas du groupe Proviridis, qui est notamment bien implanté dans le sud de la France, où nous opérons également. Leurs tarifs sont en effet particulièrement compétitifs.
V. P. : Le GNC procure une autonomie maximale de 450 km environ. Il a donc fallu s’organiser en matière de plan de transport. Cette nouvelle organisation est notamment passée par l’identification des stations d’avitaillement ou encore par l’habitude prise de faire le plein avant de débuter une tournée. L’utilisation quotidienne d’un moteur au gaz est assez similaire à celle d’un moteur essence. Opter pour le gaz présente en outre l’avantage de ne plus avoir à se soucier de l’AdBlue. Ce faisant, on effectue d’ailleurs une économie. En ce qui concerne les conducteurs, ils ont dû s’habituer à se rendre tous les jours à la pompe. Malgré quelques réticences initiales, ils ont compris que cela participait de l’évolution de l’entreprise et du métier, et que cette décision permettait de remporter de nouveaux contrats. Enfin, il a fallu accepter un coût d’entretien un peu plus onéreux. Nous avons aussi dû changer de marque de moteur en optant pour Iveco. Nous utilisons des S-Way. Sur ce point aussi, le bilan est bon. Pour le moment, nous disposons de davantage de moteurs roulant au GNC qu’au GNL, lequel assure une autonomie de quelque 1 200 km. Les moteurs roulant au GNC sont plus adaptés à nos besoins, l’essentiel de nos acheminements étant effectués dans un périmètre régional.
V. P. : Nous gardons bien entendu un œil sur cette évolution. Pour le moment toutefois, qu’il s’agisse du coût ou de l’autonomie, cette énergie n’est pas encore opérationnelle. Le temps de charge serait en outre, en l’état, trop important et ne permettrait pas de rentabiliser l’utilisation des véhicules dans notre schéma opérationnel. Qui plus est, notre clientèle n’a pas non plus encore exprimé une demande de passage à l’électrique.