Pas toujours facile d’organiser sa succession. La question s’est posée à Daniel et Marie-Annick Groussard, qui ont fondé leur entreprise en 1980. Le jeune chauffeur et la comptable s’étaient rencontrés quelques années plus tôt. Trente ans plus tard, et après la reprise d’une dizaine de fonds de commerce, le couple se retrouve à la tête d’une entreprise de 180 salariés qui affiche 16 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011. Mais leurs enfants ont pris des voies différentes et aucun ne songe à poursuivre l’aventure. À l’heure de la retraite, Daniel prend alors contact avec Ouest Ingénierie Financière dans l’espoir de trouver un repreneur. Ça tombe bien : à 48 ans, Laurent Guédon avait envie de prendre le volant ! Ancien cadre financier, il veut piloter sa propre entreprise. L’étude des bilans des Transports Groussard le conforte dans son choix. L’activité est solide, car l’entreprise s’est toujours donné les moyens de progresser, en ouvrant de nouvelles agences et en se diversifiant. Elle est saine, avec une croissance moyenne de 6 % par an depuis 2002 et une rentabilité opérationnelle d’environ 4 %. Le 31 août 2012, Laurent Guédon, via son holding, rachète les Transports Groussard pour un montant non communiqué. Laurent Guédon est accompagné par la société financière Bretagne Jeunes Entreprises, qui lui apporte 400 000 € en fonds propres et obligations en échange de 10 % du capital. D’autres contacts avaient été pris, notamment avec des transporteurs importants. Mais aux yeux de Daniel Groussard, transmettre l’entreprise à une personne physique était primordial pour conserver le dynamisme et le caractère de l’entreprise familiale.
Les Transports Groussard campent aux portes de la Bretagne. Leur siège est installé à Saint-Sauveur-des-Landes (près de Fougères), en bordure de l’autoroute A84 reliant Caen à Rennes. L’entreprise bretonne est spécialisée dans la distribution de palettes en lots partiels. « Livrer 33 palettes en un seul point est une prestation banalisée. Être capable de distribuer une à six palettes du jour A pour le jour B, dans tout le Grand Ouest, réclame des ressources et une organisation particulières. C’est notre force », souligne Laurent Guédon. Le service exploitation, qui gère le planning des 150 chauffeurs (employés et sous-traitants), est ainsi surdimensionné avec 19 personnes (11 % de l’effectif). L’outil majeur de l’activité est un hub de 56 portes à quai construit en 2006, ouvert 24h/24. 2 500 palettes y transitent quotidiennement avant d’être re-livrées dans la foulée. Ainsi, chaque jour plus de 50 camions sillonnent les routes de Bretagne. Les Transports Groussard disposent de deux agences en Île-de-France (Garonor et Brétigny-sur-Orge) et deux autres au Havre et à Nantes.
Cette activité de groupage/dégroupage et distribution de 1 à 6 palettes représente l’essentiel de l’activité de Groussard. Environ 120 camions lui sont réservés. Ils tournent essentiellement dans le Grand Ouest, reliant les différentes agences de l’entreprise et le hub de Saint-Sauveur. L’autre grande activité du transporteur concerne le service à des clients locaux dédiés, du bâtiment, de la nutrition animale ou encore des monuments funéraires. Une activité qui mobilise une trentaine de camions sur toute la France. Groussard profite aussi pleinement de son appartenance au groupement Evolutrans, et notamment de l’offre Volupal, spécialisée dans la distribution de palettes sur tout l’Hexagone et en Europe. Son bureau d’affrètement pilote également une petite dizaine de camions afin de pouvoir répondre en permanence à la demande de ses clients directs. « Groussard a une politique de moyens : chaque secteur d’activité possède sa propre flotte. C’est lourd économiquement mais indispensable si l’on veut proposer une réactivité synonyme de qualité de service », souligne le nouveau dirigeant. Cette qualité de service dans un secteur géographique très spécialisé protège aussi Groussard des velléités des transporteurs étrangers sur le sol français. Ouverte en 2002, l’activité de logistique (10 000 m2 au siège) génère moins de 10 % du chiffre d’affaires du groupe, mais bien plus en marge brute selon Laurent Guédon. Au global, 80 % de l’activité de l’entreprise est réalisé dans le transport de petits lots dans un rayon de 350 km autour de Fougères.
Question camions, Groussard fait le choix de faire durer son parc, essentiellement composé de Volvo et de Daf. L’entreprise conserve ses tracteurs entre 8 et 10 ans, pour un total de plus d’un million de km, et jusqu’à 15 ans pour ses remorques. Une longévité permise par la présence d’un garage interne (7 mécaniciens) chargé d’assurer l’entretien et la maintenance du parc. La proximité d’un contrôle technique PL facilite aussi la gestion administrative de la flotte. Le parc n’est donc renouvelé qu’à hauteur de 10 % chaque année.
En 2012, le chiffre d’affaires a progressé de 16 %, avec le transfert de l’agence de Rungis à Brétigny (91) pour éviter les embouteillages et surtout grâce à l’ouverture de l’agence de Nantes, qui a mécaniquement gonflé l’activité en ouvrant l’entreprise aux marchés de la Loire-Atlantique et de la Vendée. Pour l’année en cours, Laurent Guédon table sur une croissance organique légère. « 2013 sera délicate avec l’application de l’écotaxe. Une erreur de 1 % ou 2 % de refacturation aux clients peut mettre en péril les transporteurs », avertit le dirigeant. Malgré ce contexte difficile, Patrick Guédon souhaite maintenir le dynamisme de Groussard et ouvrir encore de nouvelles agences. Peut-être à Rouen pour s’offrir un relais entre Fougères et Paris alors que le nombre de navettes se multiplie ? Ou encore à Angers ou Orléans pour élargir son territoire d’intervention ? Rien n’est arrêté. Outre le changement de son outil informatique, Groussard entend aussi élargir sa prospection commerciale aux réseaux du nouveau dirigeant. Avec son expérience dans le négoce international, Laurent Guédon n’exclut pas de développer l’activité intercontinentale de Groussard. Car l’entreprise transporte des marchandises en début ou fin de chaîne, vers les ports et aéroports, à destination de l’international. À cette fin, le dirigeant vise l’agrément d’Opérateur Économique Agréé (OEA), délivré par les douanes pour la qualité du suivi de marchandises. « Un plus pour nous et pour les clients. »
• CA2012 : 16 M€ (+ 16 %)
• Résultat d’exploitation (2009) : 770 k€
• Effectif : 180 salariés dont 135 conducteurs et 15 sous-traitants
• Parc : 120 tracteurs et 13 porteurs ; 135 remorques
• Activités : 10 000 m2 à Saint-Sauveur-des-Landes