Joyau ou la croissance maîtrisée

Article réservé aux abonnés

Le groupe Joyau a quasiment atteint les objectifs de développement qu'il s'était fixés fin 1999. En un an et demi, le messager a presque doublé de taille grâce à une croissance externe par petites touches qui n'a compromis ni ses résultats, ni son organisation. Les dessous d'une stratégie.

Doubler la taille de son réseau et son chiffre d'affaires en trois ou quatre ans sans sacrifier à la rentabilité, c'est l'objectif que s'était fixé Transports Joyau fin 1999. Un an et demi plus tard, Jacques Godet, P-dg du groupe vendéen, estime être en avance sur son calendrier et avoir « parcouru les deux tiers du chemin ». L'entreprise table en effet sur un chiffre d'affaires 2002 de 244 millions d'euros (contre 160 M€ en 1999) pour un résultat d'exploitation de 7,3 M€ et compte une cinquantaine d'agences, soit 20 de plus qu'à fin 1999. Et 12 de ses nouveaux sites ont rejoint le groupe à l'issue d'opérations de rachats. Joyau rompant ainsi avec la politique de prudente croissance externe à laquelle il s'était auparavant attaché. « Quand s'est amorcé le grand mouvement de concentration sur le marché de la messagerie, avec l'arrivée en France de grands groupes tels que Deutsche Post ou ABX, notre réseau national était incomplet. Là où nous n'étions pas implantés, nous travaillions donc avec des correspondants locaux indépendants. Or, ceux-ci se sont raréfiés », explique Jacques Godet. Dans un tel contexte, « la seule manière de sécuriser notre distribution était de nous doter rapidement de notre propre réseau ». L'idée de racheter des structures existantes s'est alors imposée d'autant plus naturellement que pléthores de PME de messagerie étaient en vente. « Après que notre plan ait été validé par notre actionnaire majoritaire, la Société Générale, nous avons répertorié un certain nombre d'entreprises ».

La cible : de petites sociétés familiales oeuvrant sur un ou deux départements et employant une quarantaine de salariés, soit des structures de la taille d'une moyenne agence Joyau. « Nous avons fait deux exceptions à ce principe avec Trans Normandie et Malissard qui totalisent 190 personnes mais qui nous permettent de couvrir deux grands départements », admet Jacques Godet. Si ce dernier a failli déroger complètement à ses propres règles début 2001 en présentant une offre de reprise du groupe Grimaud, c'est parce que « cette entreprise était à la fois voisine et que nos concurrents s'y intéressaient ». « Mais je ne regrette absolument pas de n'être pas allé au bout de cette opération », assure aujourd'hui le P-dg. « Acquérir une grande société implique d'intégrer des structures lourdes (siège social, système informatique...) alors que le rachat de petites entreprises permet de ne reprendre que des opérationnels », explique-t-il.

Un autre facteur a pesé dans les négociations que le dirigeant a engagées avec une trentaine d'entreprises : « parce que ce sont les hommes qui font la différence du service, il est important que les équipes aient intérêt et envie de rejoindre un groupe comme Joyau. Je me suis donc appliqué à ne faire aucune reprise hostile ». L'adhésion de ces salariés semblait d'autant plus primordiale que les 12 sociétés rachetées ont été immédiatement rattachées au réseau et au plan de transport. « Ce qui ne constitue pas une mince affaire : 450 lignes fonctionnent toutes les nuits », signale Jacques Godet. « Le processus avait été préparé très en amont car il n'est pas question que le développement du groupe débouche sur une dilution de la culture Joyau ou sur une remise en cause de l'organisation qui fait son succès ».

3,8 M€ de « mise à niveau ».

Or, celle-ci est fortement centralisée : tous les organes décisionnels, y compris en ce qui concerne la gestion quotidienne, relèvent du siège. Bien que chaque agence soit un centre de profit, seule la production du service y est décentralisée. Pour intégrer 20 entités et un millier de salariés supplémentaires dans un tel dispositif, le messager a fortement renforcé toutes ses structures au niveau du commercial, de l'exploitation, de la qualité et des ressources humaines. Des équipes de formateurs spécialisés ont été mises en place afin d'initier les nouveaux venus aux procédures Joyau. Aux quelque 4,5 M€ investis dans l'achat de sociétés, la croissance externe a ainsi généré, en an et demi, 3,8 M€de « coûts de mise à niveau ». « Les nouvelles agences ne sont pas rentables au début car elles génèrent surtout des charges d'exploitation supplémentaires mais elles le seront dès l'année prochaine », assure Jacques Godet. Les résultats du groupe, profitable depuis plus de 10 ans, ont d'ailleurs à peine souffert de son expansion. En 2001, ses 5,1 millions d'euros de bénéfices d'exploitation représentaient une marge sur chiffre d'affaires de 2,5 %. Celle-ci devrait atteindre 3 % en 2002.

Les acquisitions réalisées par Joyau nourrissent en revanche sa croissance interne. Avant de rejoindre le réseau, les entreprises étaient essentiellement distributrices. « Elles disposent aujourd'hui d'outils commerciaux, administratifs et informatiques qui leur permettent de « vendre » au même titre que les autres agences. Elles permettent aussi à ces dernières de développer leur offre sur de nouveaux départements », explique Jacques Godet. Résultat : « Alors que le marché de la messagerie recule de 8,5 %, nous avons progressé de 5 % (à périmètre comparable) », souligne le P-dg. C'est pour absorber cette hausse des volumes qu'un hub de transit de nuit a été créé à Avignon et qu'une agence a été ouverte à La Courneuve (93). Cette dernière est une des trois nouvelles implantations franciliennes du groupe qui, avec l'inauguration de Coignières (78) en juillet prochain, disposera de six plates-formes dans cette région. Une manière pour Joyau de faire face à la congestion des trafics. « Si on est au nord et au sud, on couvre mal l'est et l'ouest. Multiplier le nombre de sites coûte certes plus cher en plan de transport mais c'est beaucoup plus efficace en terme de qualité de livraisons et de collecte s », souligne Jacques Godet. En 2002, le groupe a en outre inauguré des agences à Amiens et Toulon ainsi qu'une antenne à Saintes. Il n'a réalisé qu'un seul rachat cette année : celui de l'activité messagerie nationale de Gondrand à Epinal (88).

Prêt pour l'international.

« Même si nous sommes prêts à saisir les opportunités qui se présenteront, nous privilégions aujourd'hui la croissance interne. Fin 2003, nous devrions en tous cas avoir atteint notre objectif et disposer de 60 agences en France. Nous serons alors en position de nous ouvrir à l'international. Je ne perds pas de vue cette dimension. Je suis d'ailleurs en contact avec des partenaires potentiels aux yeux desquels nous présentons l'avantage d'être vierges de tout accord », annonce Jacques Godet.

20 nouvelles agences en 19 mois

En janvier 2001 :

- Bonhoure (82)

- Poeydomenge (40)

- Wille (62)

En mars 2001 :

- Vibert Logistique (60)

- Masson (73)

En avril 2001 :

- Trans Est Express (25)

En mai 2001 :

- Fret Occitan (66)

En juin 2001 :

- Merland (26)

En juillet 2001 :

- Barbe activités messagerie (21)

En août 2001 :

- Agence Avignon (84)

En septembre 2001 :

- Trans Normandie (76)

- SNMS (Société Normande

Malissard Services) (76)

- Agence Paris Centre (La Courneuve 93)

En février 2002 :

- Agence Lieusaint (77)

En mars 2002 :

- Agence La Rochelle (17)

- Agence Amiens (80)

En avril 2002 :

- Agence Toulon (83)

En juin 2002 :

- Gondrand Epinal (88)

En juillet 2002 :

- Agence Coignières (78)

- croissance externe, - croissance interne

Stratégie

Stratégie

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15