Crise sanitaire oblige, toutes les entreprises ont dû s’adapter au changement, anticiper ou revoir leur stratégie. Exemple avec les Transports Leblanc, dans le Morbihan. Ils sont spécialisés dans l’acheminement de palettes et produits de menuiserie. Pas plus tard qu’à la mi-septembre, l’un des salariés a été testé positif au Covid-19. « Heureusement, nous avions mis en place les mesures qui s’imposaient pour éviter toute prolifération virale », témoigne Céline Rio, la dirigeante. Cela fait quatre ans que la quadragénaire a repris les commandes de l’entreprise avec deux autres associés : Sophie Paul, 44 ans, et Mickaël Roux, 48 ans. Tous les trois étaient alors salariés de l’entreprise lorsque l’ancien dirigeant, Jacques Leblanc, a passé la main en février 2016, après quarante-quatre ans d’activité dont vingt à la tête de cette PME bretonne. Une suite logique pour Cécile Rio, approchée à deux reprises par l’ancien patron, désireux de laisser son affaire entre de bonnes mains. La reprise s’est ainsi déroulée « dans la continuité et la douceur », se souvient-elle. Et d’ajouter : « Je me sentais capable de reprendre seule mais j’avais besoin de m’appuyer sur des personnes qui avaient une très bonne connaissance de l’entreprise, avec des compétences spécifiques. Sophie et Mickaël, très impliqués, étaient les deux personnes les plus à même de m’aider sur tous les sujets. Au début, ils ont été étonnés mais très emballés à l’idée de se lancer dans cette aventure entrepreneuriale. » Aujourd’hui, le trio fonctionne toujours et chacun a son domaine d’expertise : Sophie Paul pilote Carentoir Entrepôt (logistique, stockage, préparation de commandes), Mickaël Roux est responsable technique et Céline Rio, actionnaire majoritaire, supervise la gestion, l’exploitation et les ressources humaines. « Chacun est libre d’exprimer son point de vue. Après, c’est toujours moi qui ai le dernier mot… mais empreint des idées des autres », plaisante Céline Rio. Si, d’après la gérante, Jacques Leblanc gérait son entreprise de façon « paternaliste », désormais le management est fondé sur « l’autonomie » des collaborateurs tout en restant « très à l’écoute ». Une autre manière de diriger, certes, mais sans renier l’esprit familial instauré par le fondateur.
Un léger changement de cap qui n’a pas entaché la bonne santé financière des Transports Leblanc (44 personnes). La PME – qui rayonne à l’échelle du Grand Ouest, de Valenciennes à La Rochelle en passant par la région parisienne et assure des liaisons jusqu’à la frontière belge – a toujours connu une croissance régulière et ininterrompue : 2,8 M€ en 2016 et 4 M€ en 2019. Mais la crise sanitaire a entraîné une chute d’activité (– 10 % au cours de la première quinzaine d’avril) et le chiffre d’affaires a reculé de 500 000 euros sur l’exercice 2019-2020.
Covid oblige, la structure de logistique, Carentoir Entrepôt, regroupée avec les Transports Leblanc sous la holding 3R (56 salariés) et spécialisée dans le stockage, la préparation de commandes pour les clients BtoB et l’e-logistique (matériel de moto), n’a pas non plus été épargnée. En hausse pendant les deux derniers exercices (335 835 € sur 2015-2016 et 632 518 € sur 2018-2019), le chiffre d’affaires a reculé d’environ 11 % (560 993 €) en un an. La baisse du trafic conteneurisé chinois a particulièrement impacté cette entité qui emploie six collaborateurs. Selon Céline Rio, l’activité a été ralentie en juillet et août – alors que ces deux mois sont habituellement plutôt denses – avant de reprendre à la rentrée.
« Notre bilan s’arrêtant en juin, nous redémarrons septembre avec une page blanche », déclare la gérante. À présent, « nous avons envie d’avancer et de nous développer », poursuit-elle tout en restant prudente quand elle évoque les perspectives, échaudée par les récents événements. Sur l’exercice 2020-2021, l’objectif est d’atteindre un revenu de 4,2 M€ pour les Transports Leblanc, qui affichent un nouveau logo, signe d’un nouveau départ, et 560 000 € pour Carentoir Entrepôt. La surface de stockage, qui s’étale sur 5 000 m2 (4 000 m2 à Carentoir et 1 000 m2 à Bains-sur-Oust) pourrait être complétée « en fonction de l’activité ».
En recrutement permanent pour anticiper les besoins, la PME bretonne pourrait aussi gonfler ses effectifs, sans objectif précis. Et, après avoir longuement travaillé à la fidélisation de la clientèle, pour désormais compter une dizaine de clients industriels réguliers, la PME souhaite diversifier son portefeuille alors qu’elle s’est développée dans la récupération de rolls vides chez des pépiniéristes bretons depuis deux ans. Céline Rio, elle, ne cache pas ses ambitions : mener une politique de croissance externe. L’occasion pour les Transports Leblanc de continuer sur ce qu’ils maîtrisent (palettes) mais aussi de s’ouvrir à d’autres marchés (plateau). « Voilà deux ans que nous menons cette réflexion, commente la dirigeante bretonne. Nous le ferons par opportunité, certainement dans le nord de la France ou vers Le Mans où nous avons une équipe de neuf conducteurs. Reste à trouver l’entreprise ayant des valeurs en adéquation avec les nôtres. »
• Siège : Carentoir (56)
• CA 2019 : 4 M€
• Effectif : 44 salariés, dont 39 conducteurs
• Parc : 34 véhicules en propre (5 porteurs, 2 camions remorques et 27 tracteurs)
• Activités : palettes en lots complets et partiels, transport de menuiseries