La réglementation sur le CO2 se resserre pour les poids lourds. Conjuguée aux restrictions d’accès en ville, elle ouvre la voie à une électrification assez rapide du parc. Or l’hydrogène possède de nombreux atouts pour le transport longue distance et potentiellement sur les distances intermédiaires. Pour l’instant, la mobilité hydrogène coûte encore assez cher, car il n’y a pas encore de volumétrie, mais la courbe de croissance attendue ainsi que la mise en place de mécanismes fiscaux devraient arriver à un TCO très positif. Selon une étude menée conjointement par France Hydrogène et France Supply chain, le TCO d’un camion hydrogène roulant 100 000 km par an aurait un surcoût de 50 centimes de plus au kilomètre que son équivalent diesel. Ceci en tenant compte d’une subvention de 150 000 € pour l’acquisition d’un camion hydrogène et d’un prix de 9 € le kilo d’hydrogène qui devrait descendre à 7 € lorsque sa production sera mature.
Pour l’instant, les différents programmes d’aides français et européens peuvent subventionner le prix des véhicules, le prix des stations et celui de l’énergie. Mais pour tenir compte de l’insuffisance des aides à la mobilité hydrogène et arriver à amorcer le marché, il est important d’opérer un choix, en optant pour l’aide qui offre le plus d’effet de levier. Pour le camion longue distance, le mécanisme permettant d’amener le prix de l’hydrogène à un niveau compétitif est celui avec le plus fort effet levier, le poste énergie pesant lourd dans le coût total d’usage (TCO).
Le Gouvernement veut faire évoluer la taxe incitative relative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans le transport. Ce mécanisme de certification, d’abord destiné à encourager l’incorporation de biocarburants, devrait également intégrer les recharges électriques et hydrogène. Des entreprises comme Shell, Total, Engie ou Air Liquide se verront obligées d’apporter un certain pourcentage d’énergie renouvelable, dont l’hydrogène, dans leur offre, selon un principe qui s’approche des certificats d’économie d’énergie. Ce sera un « game changer » pour le transport, car cela permettra d’abaisser le coût à la pompe pour le transporteur, avec une aide qui pourrait être de 4,50 € par kg d’hydrogène. Le principe devrait être finalisé fin 2023 pour une application attendue début 2024. Nous demandons que l’État puisse proposer un mécanisme stable sur plusieurs années afin de permettre aux acteurs de s’engager sur une longue durée. Ce mécanisme permettrait de compenser le surcoût de l’hydrogène.
France Supply Chain a créé une communauté autour de l’hydrogène en 2021, en associant transporteurs et chargeurs avec des engagements communs, afin que les chargeurs comme Michelin puissent contribuer à la prise en charge du surcoût TCO du camion hydrogène. Les concessionnaires de péages autoroutiers pourraient également moduler leurs tarifs pour les camions à pile à combustible. C’est le cas du projet Annhybal, projet de corridor sur l’axe Lyon-Turin, regroupant la société d’autoroute Area, la SFTRF (tunnel de Frejus) et Hympulsion.