La Commission européenne refuse la prolongation de l’exemption de péage autoroutier accordée en mai dernier par Berlin aux camions roulant au GNL ou à propulsion électrique.
Dans plusieurs courriers adressés au ministère allemand des Transports, la Commission rappelle que les véhicules roulant au gaz ne sont pas neutres d’un point de vue climatique, car si leurs émissions sont réduites, elles ne sont pas nulles. La réglementation européenne sur le péage autoroutier ne prévoit en aucun cas d’exemption pour le trafic de marchandises. Même les véhicules électriques, neutres du point de vue climatique à la différence des camions au GNL, ne pourront donc continuer à bénéficier de l’exemption de la Maut (péage) sur les routes nationales et les autoroutes allemandes. Celle-ci concerne, pour l’heure, les camions au GNL, les véhicules hybrides et électriques ainsi que les poids lourds roulant à l’hydrogène. Le Parlement allemand avait voté, en mai, la prolongation jusqu’en 2023 de la suppression de la taxe autoroutière pour les véhicules à moteur non conventionnel. Sans prendre en considération la position de la Commission européenne qui, à défaut d’approuver la première mouture du texte en vigueur depuis 2019, avait accepté vis-à-vis de Berlin de tolérer l’avantage fiscal accordé aux camions propres jusqu’à la fin de 2020. L’Allemagne est désormais priée de rentrer dans les clous dès 2021.
Les transporteurs allemands, qui estiment la hausse des coûts les menaçant jusqu’à 30 euros par camion et par jour, sont très inquiets. Nombre d’entre eux, se fiant au vote du Bundestag, ont acheté au cours des derniers mois des camions roulant au GNL. « Nos plans de calcul sont totalement chamboulés », explique Axel Plaß, gérant du transporteur Konrad Zippel Spediteur de Hambourg, qui vient de commander 20 camions au GNL. Selon les statistiques de Toll Collect, la société chargée de collecter le péage sur les camions, 4 573 véhicules fonctionnant au GNL étaient enregistrés dans le système de péage au 4 juin dernier. « Le coût d’achat des camions alternatifs, peu ou non polluants, est nettement plus élevé que celui des véhicules conventionnels, rappelle le président de la fédération des transporteurs allemands BGL, Dirk Engelhardt. Dans le contexte de concurrence actuel, aucun transporteur ne peut se permettre de se lancer dans de tels investissements sans un coup de pouce de l’État. Il faut trouver au plus vite un accord sur le péage autoroutier pour les camions propres. » À défaut d’une poursuite de l’exemption actuelle, Berlin réfléchirait à réduire le montant de la Maut de 50 à 70 % pour les propriétaires de camions à moteur alternatif. Une telle réduction serait conforme à la législation européenne.