Les roues du changement. Le slogan de l’AG tenue le 13 juin, qui a été suivie le lendemain d’un forum des entreprises du transport, résumait bien l’état d’esprit des organisateurs. Ces deux jours ont été l’occasion de passer en revue les défis auxquels le secteur est confronté, mais aussi d’analyser les solutions possibles. En matière de décarbonation, le président d’Astic, Marcos Basante, a critiqué « l’avalanche des normes européennes » et estimé que la réduction de 90 % des émissions d’ici 2040 voulue par l’Union européenne représentait une « ambition disproportionnée ». D’autant que l’entrée du TRM dans le système d’échange des droits d’émission (ETS) à partir de 2027, sans possibilité de compensation, représentera « une augmentation des coûts brutale ».
Astic, comme les autres organisations du TRM espagnol, plaide pour la neutralité technologique et la combinaison des énergies disponibles alors que le ministère pour la Transition écologique ne jure que par l’électrification. Juan Carlos León, electromobility sales manager chez Volvo, a reconnu que le camion électrique « n’a pas de sens pour le transport international ». La compagnie pétrolière Cepsa souhaite créer un réseau de bornes de recharge ultrarapide dans ses stations-service en Espagne, mais parie également sur les biocarburants. Elle a démarré, en février 2024, la construction d’une deuxième usine à Huelva, qui va doubler la capacité de production (un million de tonnes par an au total). L’Espagne compte actuellement plus de 200 stations-service qui fournissent du HVO. Mais encore faut-il qu’il y en ait suffisamment dans le reste de l’Europe…
Le deuxième défi est celui de la pénurie de conducteurs, avec 30 000 postes vacants, un chiffre qui pourrait exploser au cours des prochaines années (116 000 en 2028 selon l’IRU). Il y a désormais un début de consensus dans la profession sur le fait qu’une hausse des rémunérations ne suffira pas pour attirer les candidats. D’où la nécessité d’agir sur la formation, les conditions de travail et l’image de la profession. Astic, en tant que membre de l’IRU, et Transprime, association espagnole de chargeurs membre de l’European Shippers Council, ont lancé, au printemps 2023, l’initiative « Le conducteur devant » qui vise à améliorer les conditions de travail, notamment dans les lieux de chargement et de déchargement des marchandises, par le biais de la certification de chargeur responsable. À ce jour, deux sociétés ont obtenu cette certification : Carburos Metálicos, filiale du groupe Air Liquide, et Freixenet.
La digitalisation a également été évoquée, car les transporteurs internationaux « ont le chromosome digital dans leur ADN » selon Marcos Basante. Astic a été un pionnier en Espagne en matière d’implantation de l’e-CMR. Son déploiement à partir de janvier 2026, en discussion actuellement au parlement espagnol, est particulièrement bien accueilli. L’association a annoncé la création prochaine d’un forum de l’innovation dans le cadre d’une collaboration avec le Forum de la logistique. « L’objectif est de promouvoir des projets innovants pour la transformation digitale du secteur à partir du master de transport international que nous avons mis en place en 2018. Chaque année, des projets innovants de grand intérêt voient le jour », affirme Ramón Valdivia, vice-président exécutif d’Astic.