Une fois le choix du Comité international olympique arrêté, la ville lauréate est engagée dans une course contre la montre pour aménager ses installations sportives et les hébergements destinés aux athlètes et à leurs délégations. Le report d’un an des Jeux de Tokyo pour cause de Covid-19 n’a pas modifié le calendrier des JO Paris 2024, pour l’heure. La crise sanitaire a suspendu toutefois ses premiers chantiers dont ceux liés à la construction du village olympique et paralympique pilotés par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo). Lancés le 4 novembre en bordure de Seine sur les communes de Saint-Denis, l’Île-Saint-Denis et Saint-Ouen-sur-Seine, ils sont arrêtés ou tournent au ralenti depuis le 17 mars.
Cette suspension tend un peu plus les calendriers. L’année 2020 est consacrée en effet à la démolition et à la préparation des terrains sur un périmètre de 51 hectares avant le début des travaux des bâtiments prévus entre 2021 et 2023. La livraison du village est toujours fixée au 1er mars 2024 pour des compétitions qui commenceront le 26 juillet 2024.
C’est dans ce calendrier que s’inscrivent les professionnels du transport et de la logistique fédérés aujourd’hui autour de la démarche Une logistique en or, transporteurs d’exploits. En lien avec les différentes instances publiques, telles que la délégation interministérielle des Jeux olympiques, la Ville de Paris, la Région Île-de-France, la Métropole du Grand Paris et la DGITM, cette initiative rassemble une quarantaine d’organisations professionnelles et une centaine de personnes. « Sur la base d’un travail collaboratif entre tous les intervenants, elle vise à préparer et à anticiper les enjeux logistiques et de mobilités en amont et pendant l’événement avec la prise en compte des besoins spécifiques aux Jeux et ceux de la logistique du quotidien, puis dans la phase dite d’héritage des Jeux », explique Jérome Douy, qui coordonne le projet pour l’Union TLF. Pour ce faire, l’ambition de la filière est de « rassembler tous les acteurs privés et publics concernés pour porter d’une seule voix les enjeux de la logistique urbaine, sensibiliser les pouvoirs publics et le grand public au rôle fondamental de la logistique urbaine dans l’organisation des JO et, plus globalement, au service des collectivités, et inviter les parties prenantes à un travail avec la profession sur plusieurs enjeux d’ores et déjà identifiés », précise le directeur délégué du pôle Multimodal et Développement durable de TLF.
Ouverts à tous les maillons de la chaîne logistique qui n’auraient pas encore rejoint le mouvement, cinq grands enjeux ont été identifiés pour mettre en œuvre une organisation logistique performante et durable. À l’origine de groupes de travail, ils couvrent « les infrastructures, l’organisation des flux, la réglementation, l’environnement et les ressources humaines », selon Jérôme Douy. Les thèmes consacrés aux infrastructures et à l’environnement sont étroitement liés. Autour du maintien de leur qualité, de leur développement et dans la recherche d’une mobilité durable, ils englobent l’interopérabilité et les synergies intermodales ainsi que les aménagements nécessaires pour soutenir et stimuler la transition énergétique pérenne des chaînes logistiques. « Les JO Paris 2024 se présentent comme les premiers Jeux à neutralité carbone, indique le directeur délégué. Ce fil conducteur qui a porté la candidature de Paris impose l’usage de moyens et de capacités logistiques vertueux sur le plan écologique. Ce cap suppose le recours à des modes alternatifs, au report modal dès que cela est possible, et le développement de points d’avitaillement en gaz et électriques en nombre suffisant et localisés de façon pertinente. Cette approche inclut le maintien de ces installations et schémas multimodaux une fois les JO terminés. » Des mesures sur les émissions de gaz à effet de serre et atmosphériques avant et après les JO pourraient servir d’exemple sur le potentiel de la transition énergétique et environnementale des chaînes logistiques urbaines au moyen d’une démarche concertée.
L’organisation des flux et la réglementation sont également corrélées. Dans un premier temps, une cartographie des flux avant, pendant et après est à mener. En parallèle, pour renforcer cette visibilité, une clarification sur la gouvernance des mobilités durant ces différentes phases est souhaitable. « Des optimisations multimodales ainsi que des mutualisations de flux pourront être définies en couplant les approvisionnements de marchandises et l’évacuation des déchets au moyen de hubs de transit multimodaux par exemple », commente Jérôme Douy.
Dérogation, voies réservées, restrictions de circulation… la préparation d’un cadre réglementaire en amont permettrait de tenir compte des zones à faibles émissions et de clarifier les éventuelles interdictions annoncées pour certaines motorisations jusqu’en 2024 et au-delà. « Quelle que soit la taille des entreprises, tous les professionnels du transport et de la logistique ont besoin de visibilité pour guider leurs investissements et se projeter », insiste le directeur délégué. Une autre dimension réglementaire concerne les mesures sûreté– sécurité avant et pendant les JO. Si la question d’une certification ou d’un label n’est pas d’actualité à ce stade, un modus operandi strict sera mis en œuvre et devra intégrer les flux logistiques avec leurs opérateurs.
Ces futures mesures sûreté-sécurité s’étendent aux ressources humaines. Dans une filière confrontée à une pénurie de candidats, l’organisation des JO et leur héritage sont présentés comme un « moyen de réaffirmer le rôle essentiel du transport et renforcer l’attractivité de nos métiers ». Ces sujets, enjeux et défis à relever seront abordés lors d’un prochain colloque organisé par les partenaires de la démarche Une logistique en or, transporteurs d’exploits. Cette manifestation est prévue à l’automne 2020 en fonction de l’évolution de la crise sanitaire actuelle.