« Une entreprise fait partie de la société »

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Récompensés en septembre dernier par un trophée d’engagement volontaire pour l’environnement (Eve, OT n° 2989), les transports Montbrisonnais (42) mènent une politique sociale et environnementale ambitieuse. Elle s’est structurée, depuis la création de la PME en 1990, en démarche de RSE. Question de principe pour Manuel Gomes, le dirigeant.
L’Officiel des transporteurs : Qu’est-ce que pour vous la responsabilité sociétale des entreprises, la RSE ?

Manuel Gomes : Je pars du principe qu’une entreprise fait partie de la société. Avant d’être chef d’entreprise, on est citoyen, préoccupé par ses salariés et l’environnement. C’est une question de respect et de responsabilité. En 2015, le Crepi [Club régional d’entreprises partenaires de l’insertion, Ndlr] nous a audités sur nos démarches. Mais nous n’avons pas attendu ce diagnostic pour nous lancer dans la RSE. Et cela commence par un état d’esprit qui met l’humain au cœur de la gestion…

Quand cette démarche a-t-elle démarré ?

M. G. : Elle résulte de nombreuses mesures qui vont dans le même sens, et qui associent le bien-être des salariés, la sécurité et la qualité, ou l’environnement… Depuis notre création, en 1990, nous avons demandé aux conducteurs de mettre leur ceinture, puis assez tôt aussi, de rouler avec les phares allumés ou d’adopter une conduite rationnelle. Nous avons aussi exclu les horaires de nuit. Nos chauffeurs doivent rester en phase avec leur rythme biologique pour ne pas se mettre en danger ou mettre en danger les autres. J’ai été conducteur et je sais que nous ne sommes pas des machines. Il faut adapter le travail à notre morphologie, et non l’inverse. Nous participons aux forums de la FNTR-42 pour sensibiliser nos 35 conducteurs à l’hygiène de vie et, dans leur manuel, nous avons inséré des conseils sur la façon de s’alimenter. Même quand on prend le volant, on peut bien manger, faire une pause pour marcher, voire du sport…

Au-delà des conseils, comment les accompagnez-vous ?

M. G. : Cela passe notamment par des aides concrètes comme des boîtiers automatiques qui facilitent la conduite, ou des frigos dans les cabines qui permettent d’emporter son repas. En partenariat avec un professionnel et Harmonie Mutuelle, nous offrons à nos 44 salariés une visite d’ostéopathie par an. Et nous leur proposons deux massages par an ou des réductions dans un club de sport. La reconnaissance passe aussi par le salaire et par un bonus qui valorise leurs efforts pour conduire mieux, par exemple. Et nous partageons les décisions depuis une dizaine d’années dans notre comité de pilotage, auquel je participe avec les deux exploitants, le responsable QSV, le formateur des conducteurs et deux chauffeurs.

Et qu’avez-vous fait côté environnement ?

M. G. : Tout est lié. D’ailleurs, comme tout projet, la décision d’engager une démarche de réduction du CO2 a été soumise au comité de pilotage, puis portée par tous. Sans l’assentiment de tout le monde, nous n’aurions peut-être pas pu analyser nos émissions de CO2 sur notre consommation réelle pendant toute une année. Notre entreprise était d’ailleurs la première de la Loire à obtenir le label, en 2016, avant d’être primée en septembre 2019 lors des trophées EVE dans la catégorie des moins de 50 salariés (cf. OT n° 2989). Aujourd’hui, nous poursuivons nos efforts. Nous avons deux camions au gaz et menons une démarche globale pour supprimer le papier, pour recycler : tout le monde est associé…

Quel est l’impact de la RSE pour votre entreprise ?

M. G. : Elle a un impact sur l’organisation, la sécurité, l’environnement et la qualité, mais n’affecte pas le respect des horaires ou le service au client, par exemple. Au contraire, aujourd’hui, notre engagement environnemental attire certains chargeurs qui veulent limiter leur impact sur le climat. Et même si au départ nous faisions les choses en notre âme et conscience, si cela nous a coûté de l’argent ou de l’investissement, aujourd’hui, cet effort nous est bénéfique. Du côté des salariés, nous n’avons quasiment pas de turnover, mais une vraie fidélisation, un réseau de conducteurs qui communique bien… Une bonne ambiance.

Quels efforts finalement demande la RSE ?

M. G. : En premier lieu, communiquer, savoir dire ce qui va bien et ce qui va moins bien. Je fonctionne beaucoup par process. On teste un process et, dès qu’on le valide, on le transmet à une personne qui le pilote. Nous avons eu très tôt une responsable QSE et engagé des certifications qualité pour mesurer. Globalement, on donne sa chance à chacun. Chaque nouveau salarié se forme au savoir-faire, mais aussi au savoir-être et aux bonnes pratiques de l’entreprise, à notre état d’esprit. Il intègre une entreprise familiale, une équipe, un collectif où l’on s’entraide, mais où on lui demande aussi de réfléchir et d’avoir un esprit d’initiative.

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