En une dizaine d’années, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) s’est imposée comme un sujet majeur auprès des chefs d’entreprises, qui entrevoient dans la démarche une dimension stratégique. Notoriété renforcée, engagement et fidélité des collaborateurs, crédibilité lors d’appels d’offres… Si la RSE représente un coût, l’entreprise en tire de nombreux bénéfices. En 2016, une étude de France Stratégie estimait qu’il y avait « un écart de performance économique d’environ 13 % en moyenne entre les entreprises [tous secteurs confondus] qui mettent en place des pratiques RSE et celles qui ne le font pas ». Des critères RSE sont d’ailleurs intégrés au processus de cotation des entreprises de la Banque de France, une analyse qui établit la capacité des entreprises à honorer leurs engagements financiers à un horizon de trois ans, et qui s’appuie aussi sur une analyse qualitative des performances. Environnement, politique salariale, implication des fournisseurs et clients… Dans le secteur du transport, les piliers de la RSE font partie intégrante de l’attractivité des entreprises et de leur compétitivité, incitant les transporteurs à multiplier les initiatives allant dans le sens de la démarche, parfois même sans s’en rendre compte. Et si la RSE semble plus adaptée aux entreprises de 500 salariés et plus, les PME peuvent se lancer. L’entreprise candidate doit commencer par une auto-évaluation sur les pratiques déjà en cours puis, après un certain accompagnement, se faire évaluer sur l’ISO 26000 par des auditeurs indépendants (bureau Veritas et RSE Val). Enfin, un comité de labellisation indépendant de l’agence Lucie peut délivrer le label Lucie 26000 pour trois ans, impliquant une pratique d’amélioration continue.
Renouvellement du parc aux dernières normes Euro, choix d’une énergie alternative, écoconduite, réorganisation des flux… Le premier volet, l’environnement, s’impose comme une évidence pour les transporteurs, non seulement pour réduire leur consommation de carburant mais aussi pour répondre à la demande de clients, voire élargir leur marché. En février, près de 1 300 entreprises de TRM ont signé la charte Objectif CO2 depuis sa création en 2009 et 431 sociétés (124 groupes) ont obtenu le Label Objectif CO2depuis 2016.
Sur le thème de la politique sociale, les transporteurs ont multiplié les initiatives pour fidéliser leurs collaborateurs et attirer de nouveaux candidats, particulièrement depuis 2016, alors que la pénurie de personnel commençait à poindre. Formation, prévention sécurité, initiatives en matière de bien-être… Selon un baromètre national de perception de la RSE réalisé par TNS Sofres pour le Medef en juillet 2019, auprès de salariés d’entreprises de 20 salariés et plus, 66 % de ces dernier indiquent ressentir du plaisir à travailler dans leur entreprise. Ce chiffre monte à 82 % dans les entreprises où il existe un service ou une fonction RSE.
Le dernier pilier, l’implication des parties prenantes internes (collaborateurs) et externes (clients, fournisseurs) permet de fédérer et de valoriser l’activité de l’entreprise et de se démarquer de ses concurrents.
L’attrait de la RSE s’explique aussi par la multiplication des mesures réglementaires (obligation de rédaction d’un rapport RSE pour les grandes entreprises, d’un audit énergétique et d’un bilan annuel d’émissions de CO2, renforcement de la lutte contre le dumping social et la concurrence déloyale) qui invitent les entreprises à adopter des pratiques plus écoresponsables. Dernière en date, la loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation de l’entreprise) du 22 mai 2019 apporte des dispositions destinées à renforcer la RSE en trois paliers. Un premier stade, applicable à toutes les entreprises, modifie le Code civil pour qu’elles prennent en considération les enjeux environnementaux et sociaux dans la gestion de leurs activités. Un deuxième permet aux entreprises qui le souhaitent de définir une raison d’être. Enfin, un troisième permet aux entreprises volontaires de se transformer en société à mission.