C’est à Split, en Croatie, que France Benne a réalisé l’édition 2024 de son séminaire, dans une convivialité et un dynamisme de parole qui définissent le groupement. Le rendez-vous annuel de France Benne, qui s’est tenu du 8 au 12 mai, a proposé aux dirigeants des 69 entreprises adhérentes (103 en comptant les filiales) un nouveau format, plus long, pour inclure des tables rondes consacrées aux diverses problématiques propres au secteur. « Alors que nous sommes dans une période où on ne parle que de morosité, nous souhaitions à travers ce séminaire positiver et rassurer nos transporteurs, afin qu’ils repartent avec les batteries bien chargées », indique Patrice Fontan, président du groupement et président des Transports Fontan (85). Le dirigeant, qui succède à Didier Ramette (Ramette Transports, 59) à la tête du groupement depuis un an, a fait le point avec les cinq autres membres du bureau du conseil d’administration sur les divers sujets qui constituent sa feuille de route jusqu’à 2025. « Nous restons dans la continuité des bases qui définissent France Benne, tout en assurant une transition en douceur », souligne-t-il. Le groupement, qui fêtera ses 30 ans l’année prochaine, entend assurer sa pérennité et renforcer son maillage. « Nous restons attentifs à la problématique de la pyramide des âges au sein du groupement et à la tendance à la multiplication de reprises et transmissions qui touchent les petites et moyennes entreprises dans le secteur. Pour y faire face, nous avons notamment acté la création d’une filiale, France Benne Développement, pour accompagner les projets profitables au groupement et aux adhérents. » Cette filiale, détenue à 100 % par la coopérative France Benne, a en effet pour vocation de guider les transporteurs dans divers domaines, à commencer par la reprise d’entreprise. Le groupement souhaite ainsi accompagner les repreneurs, qu’ils soient dirigeants ou cadres, afin de consolider la marque. « Cette structure pourra aussi être utile à d’autres services, comme la formation », souligne Christian Colinet, dirigeant de Transports Colinet (25). Le groupement a accueilli deux nouveaux adhérents depuis l’année dernière, la société Pijassou (24), dirigée par Christelle Brun et spécialisée dans le transport vrac en bennes TP, bennes céréalières et bennes renforcées, ainsi que Transodie (02), dirigée par Julien, Christian et Florian Mouton. Le groupement indique que des candidatures sont en cours dans le Sud-Est. « De nouveaux adhérents dans cette région permettraient de compléter notre maillage territorial, souligne Patrice Fontan. Le déséquilibre est-ouest qui apparaissait il y a encore quelques années s’est en revanche effacé. » Les 108 entreprises adhérentes représentent aujourd’hui un total de 5 600 salariés, 4 220 tracteurs et 6 334 remorques (bennes, citernes, semi-remorques à fond mouvant).
Dans un contexte économique qui donne peu de visibilité, la cellule commerciale du groupement a pourtant maintenu son résultat en 2023 avec 21 M€ de chiffre d’affaires. « En revanche, comme tout le monde, nous sentons que le premier trimestre 2024 est plus compliqué », précise Mathurin Castan, dirigeant des sociétés TIT, TAF (81) et TZP (13). La coopérative a renforcé cette cellule avec l’arrivée d’un troisième commercial pour développer les marchés. La baisse d’activité a aussi touché la quasi-totalité des adhérents, particulièrement ceux opérant dans le BTP, mais également dans l’industriel, « en lien avec la baisse de chiffre d’affaires de leurs clients, mais aussi avec des affaires sur le marché spot non reconduites », indique Lionel Mahé, dirigeant de SGT (44). « L’activité devient plus chronophage pour les commerciaux, avec des dossiers plus compliqués et beaucoup d’appels d’offres », renchérit Jean-Yves Piron, dirigeant des Transports Piron (35).
France Benne planche par ailleurs sur la RSE pour préparer les adhérents face aux nouvelles contraintes qui se poseront à partir de 2025-2026. « Le but est de pouvoir répondre aux appels d’offres, précise Patrice Fontan. Nous devons organiser notre statut au niveau de la coopérative, car si nous sommes une entreprise de transport, nous n’avons pas de camion. Nous cherchons donc une charte. » Le groupement propose par ailleurs à ses adhérents des interventions pour les informer sur les sujets de la RSE. Autre sujet abordé par les transporteurs au cours du séminaire : le calendrier de la mise en place du chronotachygraphe intelligent. En effet, d’ici fin 2024, tous les tachygraphes analogiques ou numériques non intelligents devront être remplacés et, d’ici août 2025, tous les tachygraphes intelligents de première génération devront être mis à niveau. Or entre les coûts, mais aussi les délais de livraison des constructeurs ou encore la difficulté d’obtenir des rendez-vous, les dirigeants ont fait part de leur grande inquiétude sur cette mesure.
Face à la tendance à la baisse d’activité générale, des tables rondes ont été proposées aux adhérents pour les accompagner dans diverses problématiques spécifiques. Tout d’abord, la santé du dirigeant, premier capital immatériel de l’entreprise, a été abordée par Olivier Torres président fondateur d’Amarok, une association à vocation scientifique qui s’intéresse à la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés et des dirigeants de TPE/PME. L’universitaire a rappelé que les PME représentent 99,84 % des sociétés en France, pour 10 millions d’emplois. Alors qu’ils sont soumis au stress, à la surcharge de travail, à l’incertitude du carnet de commandes ou encore à la solitude, leur santé reste encore un sujet très peu étudié. Olivier Torres a donné quelques clés aux dirigeants pour se ménager. Il a notamment soutenu l’importance pour le chef d’entreprise de ne pas rester seul, par exemple en se syndiquant, ou encore de créer un plan de continuité pour parer à l’éventualité d’une absence prolongée.
Dans un contexte d’inflation toujours présente, un atelier était organisé sur le thème des assurances, un poste qui s’est trouvé particulièrement touché par la flambée des prix. Cette situation est engendrée par une augmentation du coût moyen des sinistres en raison de facteurs multiples (véhicules de plus en plus équipés, inflation des matières premières, indemnisation des victimes plus étendue, les événements climatiques ou encore les émeutes). Face à un segment déficitaire, les assureurs ont, pour beaucoup, préféré arrêter leurs contrats auto avec les entreprises de la branche transport. Sébastien Borysko, agent général chez AXA (agence Aminot-Borysko-Le Faucheur), a étayé quelques pistes à considérer par les transporteurs pour alléger un peu la facture des cotisations, en analysant par exemple les différents sinistres sur les années précédentes. La prévention, qui vise à diminuer la fréquence des sinistres, permet aussi de réduire les frais. Certains assureurs comme AXA proposent ainsi des offres qui permettent à terme de limiter l’augmentation des cotisations et les coûts qui restent à la charge des entreprises (franchises, arrêt de l’activité, immobilisation des matériels et des conducteurs, etc.). Il existe une autre solution, le regroupement de sociétés de transport. Mais Sébastien Borysko émet quelques réserves : « Il y a le risque que les bons en aient marre de payer pour les mauvais et s’en aillent. » Le cabinet Cap performance transport et logistique est, de son côté, intervenu sur le pilotage du résultat, afin de trouver des sources d’amélioration : kilomètres à vide, pilotage de la performance, analyse de la chaîne de valeur.… Enfin, le troisième atelier portait sur le sujet « Manager, mettre en mouvement et réussir l’engagement de l’entreprise », animé par le cabinet Cap Performance.
