C’est dans la capitale des Flandres que France Benne a réalisé l’édition 2023 de son séminaire, dans une convivialité et un dynamisme de parole qui définissent le groupement. Le séminaire France Benne, qui s’est tenu du 26 au 29 mai à Lille, a fait le plein en rassemblant les dirigeants de 67 entreprises adhérentes et jusqu’à 190 personnes. L’assemblée générale qui a eu lieu en avril dernier a nommé son nouveau président. Patrice Fontan (Transports Fontan – 85) succède ainsi à Didier Ramette (Ramette Transport – 59) à la présidence de France Benne. Entouré de 17 administrateurs dans la Coopérative France Benne, Patrice Fontan a fixé la feuille de route du groupement. En premier lieu, tout en restant dans la continuité des bases qui définissent France Benne, il entend donner une nouvelle impulsion face à l’évolution du transport, entre transitions énergétique et numérique, et à la tendance à la multiplication de reprises et transmissions qui touchent les petites et moyennes entreprises dans le secteur. Et la pyramide des âges au sein de France Benne implique de prendre les devants, plusieurs entreprises commençant à se demander si elles vendent ou transmettent leur société. « Le groupement se trouve à une période charnière, explique Patrice Fontan. Il faut que l’on change de braquet, à travers du marketing notamment. »
Parmi les leviers évoqués, la mise en place d’outils partagés, voire mutualisés, est étudiée. « Le groupement n’a pas investi pour l’instant dans une structure immobilière afin de faire d’autres prestations que de la commission de transport, indique Lionel Mahé, dirigeant de SGT (44). Par exemple, nous réfléchissons à la complémentarité du transport avec de la logistique et du stockage. Actuellement, France Benne peut apporter commercialement ces prestations supplémentaires, mais uniquement à travers les outils des sociétés. À l’avenir, elle pourrait aussi développer un outil logistique. » La digitalisation fait aussi partie des actions de communication. Côté développement géographique, France Benne entend renforcer son maillage sur certains périmètres, en particulier le Sud-Est et l’Est. Si trois sociétés belges, Transports Mattheeuws, Denecker et Transport Frédéric ’s Heeren, font partie du groupement, une extension plus importante au-delà des frontières n’est pour le moment pas à l’ordre du jour. Concernant les conditions d’entrée pour une entreprise, « c’est une conjugaison de valeurs humaines, de sens du partage, de l’entraide, tout en intégrant les résultats économiques », souligne Christian Colinet, dirigeant de Transports Colinet (25). « L’entreprise doit être reconnue dans son métier et bénéficier d’une renommée régionale dans son activité, poursuit Patrice Fontan. Puis, elle pourra démontrer son sérieux professionnel et sa fiabilité dans le temps. »
Concernant les résultats, la solidité du groupement se confirme. Parti de 12 adhérents à sa création en 1995, le nombre d’entreprises reste stable depuis une dizaine d’années, passant de 71 sociétés à 76 aujourd’hui. Les chiffres d’affaires additionnés des entreprises adhérentes ont augmenté de 48 % en dix ans, passant de 411 M€ en 2011 à 611 M€ en 2021. « La croissance est plus rapide au sein des entreprises qu’au niveau du nombre d’adhérents, elle est principalement organique », souligne Patrice Fontan. La cellule commerciale du groupement atteint, quant à elle, 23 M€ (6 M€ en 2011). « Avec ces résultats, nous sommes leaders dans le vrac », souligne Patrice Fontan. « Chaque entreprise est un morceau d’édifice », renchérit Mathurin Castan, dirigeant des sociétés TIT, TAF (81) et TZP (13). Une performance et une pérennité dont se réjouit Didier Ramette, qui a effectué douze ans à la présidence de France Benne : « Lors de la création du groupement, on nous disait que faire travailler des transporteurs ensemble, c’était impossible ! »
Face aux difficultés de recrutement rencontrées par de nombreux adhérents, le groupement a mis en place des opérations particulières. Il vient notamment de créer un challenge conducteurs auquel se sont inscrits 70 salariés au total. Après des épreuves qui ont mesuré leurs performances pendant six semaines, le grand gagnant sera révélé en septembre au cours d’un week-end organisé au Puy-du-Fou. Le groupement est également à l’initiative de journées de rencontres entre exploitants afin qu’ils puissent échanger entre eux.
Sujet incontournable désormais, la transition énergétique était au cœur des échanges durant le week-end. Elle a d’ailleurs fait l’objet d’une intervention d’Arnaud Adelski, chargé de mission transport et développement durable Eco CO2, auprès des entreprises du groupement qui possèdent en moyenne un parc de 54 véhicules. Si des clients commencent à pousser, force est de constater que « nous ne sommes pas prêts », a-t-il souligné, après avoir passé en revue l’ensemble des énergies alternatives envisagées. En revanche, précise-t-il, « la transition énergétique ne repose pas uniquement sur les énergies, mais aussi sur l’optimisation ».
Face à l’inflation, sujet maintes fois soulevé au cours du week-end, un thème proposé par STS, société spécialiste de la gestion des temps, de la paie transport et de l’optimisation sociale, a captivé l’assemblée : la déduction forfaitaire spécifique (DFS). Ce dispositif, qui est appelé à sortir progressivement, a fait l’objet d’une conférence animée par Sabrina Lasfer et Frédéric Valéro, respectivement directrice grands comptes et stratégie et responsable commercial Ouest de STS. Pour l’année 2023, le taux applicable reste égal à 20 %. En revanche, dès le 1er janvier 2024, le taux de DFS est réduit de un point chaque année pendant quatre ans puis, à partir du 1er janvier 2028, il diminue de deux points chaque année pendant huit ans, jusqu’à sortir totalement en 2034. L’ajustement peut être favorable pour 2023 qui est une année de transmission, a indiqué Sabrina Lasfer : « Il est possible de cumuler DFS et remboursement de frais professionnels, sous certaines conditions. »