Les routiers sont toujours aussi sympas ! » : tel était le titre d’une table ronde organisée par la Fédération générale des transports CFTC le 27 janvier, à l’occasion du congrès que ce syndicat tenait à Tours. Derrière cet intitulé accrocheur, faisant référence à l’émission de radio récemment reprise par Vinci Autoroutes, c’est l’attractivité du métier de conducteur de poids lourds qui était au programme. Dans un contexte marqué par le manque de chauffeurs routiers, les participants à la table ronde avaient la lourde tâche de répondre à la question suivante : « Comment redorer l’image de notre métier pour transmettre la passion du transport et sauver notre secteur ? »
La question fait l’objet d’une étude, lancée en décembre dernier par l’Opco Mobilités, pour savoir ce qui attire ou non les travailleurs dans le secteur du transport. « Malgré les tensions existantes, et le manque de 50 000 à 100 000 conducteurs selon les estimations, on voit une amélioration avec 2 % de conducteurs supplémentaires formés en 2020 », indique la directrice générale adjointe de l’organisme, Isabelle Maimbourg, qui met surtout en avant le dynamisme de la formation avec 14 000 apprentis formés en 2020 et 2021, soit 50 % de plus qu’en 2019. Cependant, souligne-t-elle, « on forme moitié moins d’aspirants que ce dont on a besoin dans le transport ».
Aux difficultés habituelles de recrutement du secteur des transports vient s’ajouter une nouvelle donnée. Alors que tous les secteurs recrutent, beaucoup sont en pénurie, rappelle Loïc Charbonnier, PDG de l’organisme de formation Aftral. « Les jeunes ont de larges possibilités, indique-t-il. Il faut donc mettre en avant l’attractivité du transport à travers un travail de terrain dans les salons, par exemple, et les rassurer sur les opportunités de carrière, de formation et d’évolution dans le métier. Ce besoin de communication est urgent car la pyramide des âges n’est pas favorable. »
« Il incombe aux professionnels eux-mêmes de promouvoir leur métier car ils en parlent avec passion, alors que le transport n’est pas mis en avant dans les propositions d’orientation au collège », selon le vice-président de la branche transport de la CFTC, Maxime Dumont, qui rappelle que les métiers du transport sont souvent au niveau 3 de l’éducation nationale (CAP/BEP), en concurrence avec d’autres gros secteurs comme le BTP, par exemple. Le syndicaliste pointe aussi les aspects négatifs du métier qui peuvent être un frein aux vocations : stress des imprévus et des intempéries, salaire proche du smic, absence de treizième mois ou de prise en compte de la pénibilité, majorité de petites entreprises ne proposant pas d’intéressement ni de participation.
Les freins aux vocations ont été étudiés par Philippe Dole, auteur d’un rapport sur l’attractivité des métiers pour l’Inspection générale des affaires sociales. Tout d’abord, il s’agit d’une profession réglementée puisqu’il faut des titres ou certificats pour l’exercer. Certains emplois ne peuvent pas être exercés avant l’âge de 21 ans, alors que c’est dès le collège que se préparent les parcours professionnels. Enfin, il y a « une concurrence considérable sur le marché du travail : avec l’armée, grande recruteuse de jeunes, ou avec des secteurs comme la métallurgie, qui a compris qu’on ne trouve pas de chaudronnier qualifié dans les fichiers de Pôle emploi et qui va chercher les jeunes au RSA ou en parcours d’insertion. »
Deux autres tables rondes étaient organisées par la Fédération des transports de la CFTC, portant sur le rôle des syndicats dans l’action collective et sur le courant syndical constructif ou réformiste dans lequel s’inscrit cette confédération. Ces débats ont notamment réuni Myriam El Khomri, ancienne ministre du Travail, Marc Papinutti, directeur général des infrastructures, des transports et de la mer au ministère de l’écologie, ou encore Roberto Parrillo, président de la Fédération européenne des travailleurs des transports.