L’année 2019 aurait pu être une excellente année pour le transport combiné s’il n’y avait eu des interruptions de voies et d’énièmes mouvements sociaux. La croissance à deux chiffres enregistrée par certains opérateurs s’est donc muée en progression des trafics à un seul chiffre au cours de l’exercice.
Le retour à la dynamique initiale était attendu à l’issue de la fin du blocage des ports au cours du premier trimestre 2020. Il n’en a rien été, la crise sanitaire étant passée par là. Pourtant, durant le confinement lié au Covid-19, le transport combiné a fait montre d’une résilience tout à fait remarquable. Au-delà de sa capacité à maintenir son plan de charge à 70 % de celui nominal, il a pu se placer en relais de la route pour transporter de nouveaux types de marchandises comme celles issues de l’e-commerce. Mieux encore, comme la priorité était donnée pour la toute première fois aux trains de fret, la qualité de service a été excellente durant toute cette période, au-delà de 96 %. Le transport combiné entend donc capitaliser à présent sur cette résilience tout à fait remarquable. Et il le fait savoir au travers des mesures qu’il a proposées au gouvernement dans le cadre de l’Alliance 4F (Fret ferroviaire français du futur). Ces mesures devant permettre de transférer de la route vers le rail 1,2 million d’UTI (unités de transport multimodal) par an sont multiples, à commencer par la baisse du prix des sillons, de l’ordre de 50 %. Au-delà du triplement de l’aide à la pince (75 millions d’euros par an), le développement du réseau de plateformes constitue assurément une des priorités clés du futur plan de relance du fret ferroviaire. Les derniers développements annoncés (pose de la première pierre du futur CargoBeamer à Calais, extension du terminal Clésud et création du terminal ouest) montrent sur ce plan que le transport combiné est en bonne voie.
Une voie qui, selon Aurélien Barbé, délégué général du GNTC (Groupement national des transports combinés) passe également par « la création d’une aide directe pour l’achat et l’investissement-développement de “camions verts”, ceux-là même qui effectueront les pré- et post-acheminements routiers dans un format porté à 46 tonnes au lieu de 44 tonnes ».
Même si les planètes semblent de plus en plus alignées, les vieux réflexes de recours à la route pourraient entraver le report modal annoncé. Il a suffi que les prix du carburant chutent dans des proportions importantes pour que les chargeurs recommencent à privilégier des solutions camionnées pour les longues distances.
Pourtant, la compétitivité du rail ne saurait être remise en question d’autant qu’il vient de bénéficier d’un sérieux coup de pouce du gouvernement. Ce dernier a, en effet, annoncé la gratuité des péages pour 2020 et leur division par deux en 2021, ce qui représente une somme globale de 126 millions d’euros. Cela ne constitue, toutefois, qu’une première étape, de nouvelles annonces étant attendues dans le cadre du plan de relance du fret ferroviaire qui sera dévoilé début septembre 2020.