Caroline Maleplate : Un véhicule roulant au GNV n’est pas très cher car même si le prix d’acquisition reste plus élevé qu’un véhicule diesel, environ + 20 à 30 %, ce différentiel est vite compensé par le coût du carburant de 20 à 30 % moins cher que le gazole. Finalement, le GNV est moins onéreux sur de longues distances. Certains transporteurs se sont rendu compte que c’est la solution la moins chère lorsqu’ils calculent leur TCO (coût total de possession). On peut regretter que peu de camions roulent au GNV actuellement mais le développement de ce type de véhicule est exponentiel. Nous constatons quatre fois plus de parts de marché de camions GNV qu’il y a trois ans.
C. M. : Accéder au bioGNV reste difficile en raison de l’insuffisance du réseau d’avitaillement. Mais il est tout à fait possible de créer une station individuelle. Actuellement, il existe 270 stations privées dont 30 appartiennent à des transporteurs. Il faut savoir que certains opérateurs bancaires proposent du leasing pour la création de stations d’avitaillement. L’installation d’une station individuelle dépend du nombre de véhicules à avitailler et coûte environ 100 000 à 350 000 euros contre 1 à 1,5 million d’euros pour une station publique. Posséder une station privative permet d’éviter les détours et attentes à la station publique et de réaliser d’importantes économies dans l’achat du GNV. Cela peut s’avérer très rentable. D’ailleurs, la grande majorité des transporteurs, soit 85 %, possède une cuve de carburant sur leurs exploitations. Le bioGNV relève de l’économie circulaire car il est produit localement grâce aux déchets alimentaires et agricoles. Actuellement, 16,7 % des véhicules GNV roulent au bioGNV. L’utilisation de cette énergie renouvelable ne cesse de progresser. De plus en plus de transporteurs établissent leur propre station. Les entreprises du secteur prennent peu à peu conscience de l’avantage concurrentiel que représente une flotte en gaz naturel ainsi que l’attractivité accrue de la marque employeur que cela entraîne. La filière bioGNV est très jeune et extrêmement dynamique. En 2011 il y avait trois méthaniseurs raccordés aux réseaux gaziers sur le territoire national et on en compte 145 aujourd’hui. La production de biométhane en 2019 a été supérieure à la consommation totale des 21 485 véhicules qui roulent au gaz en France.
C. M. : Dans le réseau de distribution, le biogaz est effectivement mélangé comme toutes les molécules. Pour avoir du carburant 100 % biogaz à la pompe, il faudrait changer toutes les infrastructures souterraines d’acheminement, ce qui serait une aberration économique. Cependant, nous avons mis en place un système de garantie d’origine qui permet de certifier qu’une partie du gaz a été produite à partir de sources renouvelables. Je rappelle la possibilité d’utiliser du carburant 100 % biogaz en installant une station privée. Il est souhaitable que le carburant devienne 100 % vert à terme, mais actuellement nous sommes dans une situation transitoire.
C. M. : Dans le plan de relance proposé par GRDF, nous préconisons la transformation du suramortissement fiscal en crédit d’impôt pour l’acquisition de camions roulant au bioGNV ou au GNV, un dispositif qui pourrait être inséré dans la prochaine loi de finances pour 2021. De la même manière, nous proposons la mise en place d’un crédit d’impôt de 50 % plafonné à 100 k€ pour la création d’une station d’avitaillement privative en gaz renouvelable. Si ce plan est retenu, cela donnera un coup d’accélérateur au déploiement des carburants alternatifs. En effet, le bénéfice du suramortissement est lissé sur quatre ans et réservé aux entreprises excédentaires fiscalement alors que le crédit d’impôt est automatiquement (quel que soit son résultat) et plus rapidement accessible pour le dirigeant qui souhaite acquérir des camions propres. Je précise que nous demandons en parallèle le maintien du suramortissement jusqu’en 2028.
C. M. : En effet, le décret(1) du 21 avril 2020 sur la programmation pluriannuelle de l’énergie qui formalise les indications de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), fait du bioGNV le carburant alternatif renouvelable par excellence. Ainsi, 20 % des ventes de poids lourds devront être au GNV en 2028 et 60 % des poids lourds circuleront au bioGNV en 2050. Ces dispositions sont également conformes à la directive européenne du 11 décembre 2018 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables(2). J’appelle donc les transporteurs qui hésitent encore à se lancer car à un moment il faut y aller ! Et je constate que le TRM a déjà beaucoup fait en matière d’écoconduite et que de plus en plus de transporteurs adoptent des carburants alternatifs.
(1) Décret n° 2020-456 du 21 avril 2020 relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie
(2) Directive (UE) 2018/2001 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2018 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie renouvelable (refonte)