Midi Pile mise sur la parité

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En moins de deux ans, la start-up Midi Pile s’est fortement développée en valorisant la parité parmi ses livreurs. Elle s’apprête à passer un nouveau cap dans les mois à venir.

La SAS Midi Pile, spécialisée dans la livraison BtoBtoC du dernier kilomètre, a été fondée en pleine crise sanitaire, à la fin de l’année 2020, à partir d’un triple constat détaillé par sa présidente, Yasmine Iamarene : « J’ai porté un regard de consommatrice sur la livraison de dernier kilomètre premièrement en m’étonnant que les livreurs n’avaient pas conscience ou pas envie de faire de la livraison un moment plaisant qui garantisse l’expérience client. Je me suis aussi demandé pourquoi les livraisons n’étaient assurées que par des hommes alors que de nombreuses femmes souffrent de précarité. J’étais également poussée par la démarche écologique. J’ai senti qu’il y avait quelque chose à faire. » Accompagnée durant les premiers mois par des incubateurs, la société a connu son premier déclic à la fin du mois d’octobre 2021 lorsque Amazon lui a accordé sa confiance. « Ce premier contrat avec une grande entreprise a permis de garantir des volumes et de prendre conscience que nous étions prêts à nous développer, assure la dirigeante, qui avait occupé des postes à responsabilités dans la supply chain pendant une dizaine d’années. Dans l’entrepreneuriat, le plus difficile est d’obtenir la confiance d’un premier client. »

Midi Pile est présente en région parisienne, à Bordeaux (33) et Marseille (13) et devrait afficher un chiffre d’affaires compris entre 2,5 et 3 millions d’euros à la fin de l’année 2022. À terme, la société entend se déployer sur l’ensemble du territoire français. Yasmine Iamarene insiste sur la nécessité de ne pas se cantonner aux grandes métropoles. « Il est indispensable de garantir partout une livraison de dernier kilomètre de qualité sans quoi il y a discrimination, explique la cheffe d’entreprise. Notre objectif consiste à toujours trouver le moyen de réduire l’impact CO2 en nous adaptant. Il est par exemple possible de recourir à des véhicules qui roulent au GNV ou au GNC, mais aussi à des VUL thermiques dont la consommation peut être réduite de 30 % grâce à l’utilisation de logiciels performants d’optimisation de tournées. »

La formation au service de la compétence

Midi Pile fait appel à une centaine d’employés, dont 80 % sont salariés. Chaque nouvel arrivant bénéficie d’une semaine d’intégration, explique Yasmine Iamarene : « Une formation théorique est dispensée le premier jour. Des livreurs formateurs accompagnent les nouveaux venus les jours suivants. De nombreuses thématiques sont passées en revue, notamment la sécurité, le service client, la gestion des fausses adresses, la maîtrise du véhicule. » La parité étant placée au centre du développement de la SAS, le recrutement des femmes constitue un enjeu majeur. Pour y répondre, Midi Pile les sensibilise avec le soutien de Pôle emploi, des missions locales et d’associations de quartier. Durant la semaine d’intégration, les femmes à la recherche d’un emploi restent rattachées à Pôle emploi de manière à voir si le métier de la livraison les intéresse. La politique de formation est ensuite maintenue car il s’agit « de faire monter les livreurs en compétence ». Au même titre que la parité, cette politique participe d’ailleurs de la réduction du turnover. Si les femmes font preuve d’une « incroyable approche client », confirme la dirigeante. L’expérience de Midi Pile montre que le principal élément de différenciation entre livreurs tient au fait d’être ou non parents. « En interne, nous sommes particulièrement attentifs à l’organisation des tournées des salariés qui sont parents parce qu’ils n’ont pas les mêmes disponibilités. » L’équipe support, qui est principalement constituée des RH et de managers, est un autre pilier de l’entreprise. « La moindre faiblesse dans un process se répercute immédiatement sur la qualité. Les managers doivent certes être exigeants mais également faire preuve de pédagogie et échanger avec les livreurs afin d’assurer une qualité de service optimale », insiste la dirigeante.

La flotte de Midi Pile compte une cinquantaine de vélos-cargos et de véhicules utilitaires légers. « Les vélos-cargos représentent 10 % du parc mais nous entendons en accroître rapidement le nombre, observe Yasmine Iamarene. Le reste se répartit entre véhicules électriques, véhicules roulant au GNV ou au GNC et thermiques, respectivement à hauteur de 30 %, 20 % et 40 %. » D’ici à la fin du mois de septembre, ce parc aura augmenté d’une trentaine d’unités, notamment des vélos-cargos, très utiles en ville. « Nous essayons toujours de rendre la vie de nos livreurs plus facile, complète la dirigeante. Très souvent, l’utilisation d’un utilitaire est compliquée car il faut se garer loin du point de livraison. » Les poids lourds ont jusqu’à présent été délibérément écartés : « Nous disposons de partenaires si nécessaire, ajoute la dirigeante. Nous y viendrons dans un second temps. »

Cibler les secteurs du textile et du luxe

Midi Pile entend poursuivre sur sa lancée en passant par une levée de fonds qui sera finalisée au plus tôt d’ici à la fin de l’année, au plus tard début 2023. Celle-ci doit permettre à la start-up d’étendre son maillage du territoire mais aussi de se développer dans deux secteurs d’activité, le textile et le luxe, dont les destinataires finaux sont très souvent des femmes. « Le fait que des femmes livrent d’autres femmes est très apprécié », relève Yasmine Iamarene.

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