« Même les petits dons comptent »

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L’Officiel des transporteurs : Que doit-on entendre par mécénat d’entreprise ?

François Debiesse : C’est un acte positif pour l’intérêt général. Le mécénat est un don d’une entreprise à une activité d’intérêt général. Il s’agit d’un engagement volontaire de l’entreprise qui peut être réalisé en argent, en nature (don de produits) ou en compétences, et concerner des domaines très variés : social, culture, éducation, santé, sport, environnement, recherche. L’entreprise peut bénéficier de certaines contreparties en échange de son don mais cette pratique est encadrée puisque ces contreparties ne peuvent excéder 25 % du montant du don. La notion d’intérêt général est la pierre angulaire du système car elle permet de déterminer qui pourra bénéficier ou non de mécénat.

Pourquoi le mécénat ne doit-il pas être réduit à une opération fiscale ?

F. D. : Le mécénat n’est pas une niche fiscale car il augmente les ressources des bénéficiaires et non celles des mécènes, qui doivent sortir plus d’argent que la réduction fiscale obtenue. Le mécénat contribue à combler la baisse des financements publics à laquelle les acteurs qui agissent dans l’intérêt général sont confrontés. Son impact crée de l’activité économique qui profite à l’État et aux collectivités. Les pouvoirs publics ne peuvent plus être le seul mode de financement de l’intérêt général car l’État providence n’en a plus les moyens. L’État a d’autant plus intérêt à favoriser des partenariats entre le privé et le public que la défiscalisation incite les mécènes à donner davantage.

Quels bénéfices une entreprise peut-elle tirer du mécénat ?

F. D. : Pour une PME, pratiquer du mécénat, c’est maintenir un lien avec son territoire, les projets locaux et le monde associatif qui l’entourent. Le mécénat permet le rapprochement entre deux mondes : l’entreprise apporte des compétences ou des ressources à une association qui de son côté, apporte une façon d’incarner ses valeurs à l’entreprise. Le mécénat de compétence peut notamment se traduire par le renforcement des liens avec ses collaborateurs engagés dans un projet d’intérêt général. Par exemple, les salariés mis à la disposition d’une association se sentent alors valorisés dans leur travail, particulièrement les jeunes collaborateurs qui cherchent davantage à donner un sens à leur vie professionnelle. Ainsi, le mécénat de compétence reste un moyen de fidéliser son personnel, heureux de participer à la vie de la société qui les entoure.

Votre baromètre indique que 9 % des entreprises pratiquent du mécénat, comment expliquez-vous ce chiffre qui témoigne de la méconnaissance du dispositif ?

F. D. : En effet, le dispositif n’est pas connu des petites entreprises. C’est pour cette raison que nous sommes allés à la rencontre d’entrepreneurs locaux à travers notre Tour de France du mécénat entre décembre 2016 et novembre 2019 afin de leur exposer les dessous du mécénat et les inciter à se lancer dans l’aventure. Nous constatons que le dirigeant d’une petite structure reste davantage préoccupé par la situation économique de son entreprise. Ce qui le rend moins disponible à pratiquer des dons. De manière générale, pour passer au don, l’entreprise doit avoir acquis une certaine maturité et une sérénité. Mais nous devons continuer à faire de la pédagogie pour convaincre les petites entreprises qu’elles ont aussi intérêt à participer à la vie autour d’elles. Même les petits dons comptent ! Et il faut savoir que désormais le dispositif fiscal s’est assoupli pour favoriser le don des petites entreprises jusqu’à 20 000 euros par an.

Selon les chiffres d’Admical, entre 2010 et 2016, le nombre d’entreprises mécènes a été multiplié par 2,5 mais avec la crise sanitaire ne craignez-vous pas que la tendance haussière s’inverse ?

F. D. : L’abaissement du seuil du bénéfice de la déduction fiscale prévu dans la loi de finances pour 2020 tombe vraiment mal en cette période de crise. Nous craignons que cette réforme se traduise par une baisse considérable du budget que les entreprises seront prêtes à consacrer au mécénat en 2021, même si pour 2020 les financements sont acquis puisqu’ils ont été décidés avant la crise. Nous observons que la crise sanitaire a favorisé des mouvements de solidarité, notamment en matière de mécénat de compétence. Mais il est vrai que les entreprises les plus fortement impactées par le Covid-19 devront certainement serrer la vis sur leurs dépenses de solidarité.

Comment une entreprise souhaitant se lancer dans le mécénat peut-elle être accompagnée par Admical ?

F. D. : Nous conseillons les mécènes pour les aider à définir ou à professionnaliser leurs démarches de mécénat. Notre association s’appuie sur un réseau de délégués bénévoles en région dont le rôle est d’aller sur le terrain à la rencontre des entreprises, des entrepreneurs et des porteurs de projet afin de les sensibiliser au mécénat et les accompagner dans la professionnalisation de leurs actions. Nous proposons également un ensemble de formations et d’événements à destination des mécènes, des entreprises et des porteurs de projet pour leur permettre d’acquérir des connaissances et des savoir-faire élémentaires relatifs au mécénat. De plus, Admical se mobilise auprès des pouvoirs publics pour défendre les intérêts des mécènes. Ainsi, nous avons pu obtenir le rehaussement du plafond de la réduction d’impôt au titre du mécénat qui permet aux TPE-PME de bénéficier d’un abattement jusqu’à 20 000 euros de dons, quel que soit le montant de leur chiffre d’affaires, alors qu’auparavant, le plafond était fixé à 0,5 % du chiffre d’affaires hors taxes.

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