Une fois encore, un test de livraison à horaires décalés avec protocoles et équipements adaptés démontre sa pertinence en centre-ville. Présenté par Éric Bosquet, responsable grands comptes du groupe Transalliance, lors d’un webinaire du Club Demeter le 9 septembre, il se déroule dans le quartier Grande-Île à Strasbourg. Classé zone à faibles émissions (ZFE) depuis septembre 2018, son accès est limité à des horaires précis dans la journée aux véhicules diesel jusqu’à 7,5 tonnes Crit’Air 3, GNV, électriques et aux vélos-cargos. De façon dérogatoire, la ville de Strasbourg a autorisé Transalliance à y livrer, dès 6 heures, deux magasins Naturalia et Monoprix avec un véhicule frigorifique de 26 tonnes. En contrepartie, les trois entreprises se sont engagées à mettre en œuvre des pratiques et des équipements réduisant les externalités négatives lors des livraisons.
Transalliance et ses deux clients ont opté pour un véhicule GNV, un groupe froid cryogénique (azote) et ont formé les conducteurs et les réceptionnaires aux livraisons silencieuses. Après quatre mois, les premiers résultats sont encourageants. Comparée à des livraisons effectuées par porteur frigorifique 19 tonnes Euro VI équipé d’un groupe froid alimenté au GNR, la baisse des émissions de CO2 s’élève à 10 % et celle des NOx à 60 %, pour une surface de voirie occupée inférieure de 16 %. « Durant les mesures, 61 émergences sonores ont été enregistrées, déclare Éric Bosquet. Seules quatre sont imputables aux livraisons et 57 à d’autres facteurs (tramway, autres véhicules, passants…). Les pics sonores imputables à la livraison ont tous été inférieurs à 68 décibels », soit sous le seuil du label Quiet Trucks fixé à 72 décibels. « Cette expérimentation démontre qu’il est possible de livrer moins souvent, de rester moins longtemps en ajustant le gabarit des véhicules à une organisation optimale d’une tournée en centre-ville », indique le responsable.
Ces enseignements serviront aux livraisons à horaires décalés testées cet automne par Ville de Paris sur l’ensemble du 13e arrondissement. Cette expérimentation fait intervenir Club Demeter et ses membres, des points de vente, Certibruit et Bruitparif. « Son objectif est de mieux comprendre les freins et leviers pour un déploiement à grande échelle des livraisons à horaires décalés à partir de mesures de bruit et d’enquêtes d’opinion auprès des riverains », indiquent Laurence Morin et Martine Vazquez, chargées de projet en logistique urbaine au sein de la municipalité parisienne. Pendant et à l’issue de ce pilote devant servir à rédiger des recommandations, Ville de Paris s’engage « à soutenir le déploiement de la labellisation Certibruit, à étudier d’éventuelles évolutions réglementaires, à valoriser les entreprises impliquées et à apporter son soutien financier ». Ville de Paris s’apprête à lancer un autre pilote qui vise à étudier, mieux connaître et optimiser l’utilisation de ses aires de livraison. La capitale en compte 9 000 environ. Or, « 75 % des livraisons s’effectuent par des stationnements en double file », rapportent Laurence Morin et Martine Vazquez. Face à cette situation, la mairie parisienne va tester trois solutions sur les 168 aires de livraison du 4e arrondissement. La première consiste à y déployer des boîtiers Bluetooth avec un bouton actionné par les livreurs lorsqu’ils arrivent et quittent une aire. Ces informations permettront d’informer les livreurs au moyen d’une application mobile sur la disponibilité des aires.
Appelée « Parkunload », cette solution est soutenue par la Région Île-de-France. Elle figure parmi les lauréates de son appel à manifestation d’intérêt logistique « Accompagnement des territoires » et percevra à ce titre une aide de 250 000 euros. En plus de cette approche « déclarative » menée à l’échelle du 4e arrondissement, une solution baptisée « Parkingmap » sera déployée dans les rues Renard, des Archives et de Rivoli, où 27 aires seront équipées de capteurs vidéo et 15 demagnétomètres. Les informations collectées serviront aux agents de contrôle de la ville.
En fonction des conditions sanitaires liées au Covid-19, cette expérimentation autour d’aires de livraison connectées débuterait en octobre par « une évaluation menée sur le terrain pour compter les véhicules en stationnement illégal, le trafic, l’encombrement ainsi que le taux d’occupation des aires de livraison », expliquent les chargées de mission. Suivront l’équipement des aires puis une communication auprès des transporteurs et organisateurs de transport prévue fin 2020, début 2021. Ce pilote durera un an avec une première évaluation au bout de six mois. « L’appropriation par les professionnels de la logistique des outils et des solutions déployés sera essentielle », insistent les chargées de projet. En cas de résultats positifs, une ou plusieurs solutions testées seraient étendues à d’autres arrondissements ou d’autres villes.