Les groupes Getlink et STEF renoncent au versement de dividendes

Les annonces de non-versement de dividende se multiplient en cette période de crise sanitaire.

Crédit photo pxhere
Certaines grandes entreprises, comme Getlink et STEF, ont entendu l’appel de Bercy qui a publié un "engagement de responsabilité" visant à conditionner l’octroi d’aides du gouvernement au non-versement de dividendes.  

Fier de ses bons résultats 2019 (+ 5,7 % de CA)le groupe de transport et logistique STEF annonçait le 12 mars le versement d’un dividende de 2,65 € par action lors son assemblée générale du 3 avril. Puis la crise sanitaire a pris de l’ampleur. Le conseil d’administration a alors décidé, le 6 avril dernier, de proposer aux actionnaires du groupe d’annuler le versement du dividende prévu au titre de l’année 2019 et d’affecter la totalité du résultat de l’exercice en report à nouveau. Il a indiqué qu’il souhaitait "apporter sa participation aux efforts demandés à toutes les parties prenantes en cette période de crise".

De la même manière, "dans un souci de responsabilité vis-à-vis de l'ensemble des parties prenantes", le groupe Getlink a opté pour "ne pas proposer, lors de son assemblée générale annuelle, le paiement en 2020 du dividende au titre de l'exercice 2019". La société projetait de verser un dividende de 41 centimes d’euros par action qui traduisait ses "performances solid, en 2019. Elle a déclaré que le versement du dividende aurait représenté un décaissement de 225,5 millions d’euros (M€) en mai 2020. Elle a également souligné le fait que sa trésorerie disponible, qui s’élève à 573 M€ au 31 mars 2020, lui aurait permis d'honorer son dividende tout en conservant la liquidité suffisante pour assurer le service de sa dette et faire face à la situation présente. Mais elle souhaite "préserver les ressources du groupe pour assurer la protection de ses collaborateurs, maintenir la continuité des opérations et assurer la liquidité, dans ce contexte de crise dont le terme reste incertain". Cependant, Getlink se réserve la possibilité d’octroyer un acompte sur dividende à ses actionnaires au cours de l’exercice 2020.

Engagement de responsabilité 

Le 27 mars sur BFMTV, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des finances, déclarait : "Je refuserai de donner la garantie de l'Etat pour obtenir un prêt à celles qui verseront des dividendes. C'est une question de responsabilité et de justice".

Puis le 2 avril, Bercy a publié un "engagement de responsabilité pour les grandes entreprises" bénéficiant de mesures de soutien en trésorerie, dans le contexte de l'épidémie de Covid-19, sur economie.gouv.fr. Cet engagement conditionne le bénéfice des mesures de soutien en trésorerie, comme le report d’échéances fiscales et sociales ou le prêt garanti par l’État au fait de ne pas verser de dividendes en 2020 à ses actionnaires en France ou à l’étranger (hors entités ayant l’obligation légale de distribuer une fraction au cours de l’année 2020) ; ainsi que de ne pas procéder à des rachats d’actions au cours de l’année 2020.

L’engagement de responsabilité concerne les entreprises indépendantes, ou les groupes de plusieurs entités liées qui, lors du dernier exercice clos :

  • emploient au moins 5 000 salariés ;
  • ou réalisent un chiffre d'affaires consolidé supérieur à 1,5 milliard d’euros en France.  

À noter que ces deux conditions sont alternatives et non cumulatives. Les entreprises qui ont décidé de distributions ou de rachats d’actions avant le 27 mars 2020 (date d’annonce de la mesure), ne sont pas concernées par cet engagement.

Un arbitrage pas si simple

En tout état de cause, les grandes entreprises doivent arbitrer entre les mesures de soutien de l’Etat et les opérations de distribution au profit de leurs actionnaires. En fonction de l’impact de la crise sanitaire sur leur situation financière, elles auront plus ou moins besoin de l’aide de l’Etat. Ce qui conditionnera leur choix de verser ou non des dividendes, sachant qu’y renoncer améliore leur image de marque en ces temps de crise. Ainsi, STEF laisse entendre un recours aux mesures de soutien de sa trésorerie car "le groupe est actuellement sous tension en raison de la forte désorganisation des flux dans ses activités de transport et de logistique".

Quant à Getlink, la société ne cache pas que le groupe "pourrait, si nécessaire, également lever des financements complémentaires à hauteur de 700 millions d’euros". Il reste que baisser des dividendes est souvent mal interprété par les marchés et peut faire fuir les investisseurs. Une chose est sûre, bon nombre de dividendes ne pourront être octroyés en 2021 car les bénéfices distribuables risquent d’être amoindris au regard des pertes subies en 2020.

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