« Les entreprises visant l’égalité ont moins de mal à recruter »

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Améliorer l’égalité et les conditions de travail non seulement pour les femmes, mais aussi pour tous, sert la performance économique des entreprises. Explications par Valérie Castay, directrice département études et projets à l’AFT.
L’Officiel des transporteurs : L’AFT agit-elle pour l’égalité professionnelle ?

Valérie Castay : Oui, parce que l’une de nos missions est la promotion des métiers du transport auprès des jeunes et des demandeurs d’emploi. Le but est d’amener des talents vers les entreprises qui peinent à recruter. Or les talents sont aussi chez les femmes. Nous avons conduit en 2018, avec le Fonds social européen, un projet baptisé Itinéraires égalité, qui nous permet à présent de proposer sur notre site des fiches de bonnes pratiques. Nous les avons élaborées à partir des retours d’expérience de 50 entreprises de la branche : il est important de contextualiser les outils, sinon les entrepreneurs ont facilement l’impression que ceux-ci ne sont pas utilisables pour leur activité.

De quel genre de bonnes pratiques s’agit-il ?

V. C. : Des pratiques qui visent l’égalité entre salariés quel que soit leur genre. Gérer les plannings des conducteurs et conductrices en anticipant, pour qu’ils aient un peu de visibilité, facilite par exemple l’articulation entre leurs vies professionnelle et personnelle. Diminuer la pénibilité de l’arrimage ou du débâchage, encore, allège la charge pour les hommes comme pour les femmes. Un des moyens d’atteindre une certaine mixité est de favoriser les conditions de travail, la sécurité, l’articulation des vies professionnelle et personnelle, car les femmes vont là où elles sentent qu’on peut s’adapter à leurs attentes… qui sont en fait celles de tout le monde. Les aînées les exprimaient moins parce qu’elles étaient socialement moins acceptées, mais aujourd’hui, ce sont vraiment des aspirations générationnelles. De fait, les entreprises qui ont attiré le plus de femmes sont aussi celles qui ont le moins de mal à recruter. Ce n’est pas un hasard : puisqu’elles ont réfléchi à leurs pratiques RH.

L’égalité et la mixité sont donc clairement des enjeux économiques ?

V. C. : Bien sûr ! Il ne s’agit pas d’être des « Bisounours », l’objectif est la performance de l’entreprise. Si on avance en mettant en avant ces objectifs d’égalité femmes-hommes, cela soulèvera forcément des réticences et cela exigera d’être porté fortement au plus haut niveau, par le dirigeant. On observe que cela n’est pas de cette manière offensive qu’on réussit, mais avec des démarches égalitaires consistant à travailler sur la santé au travail, à objectiver les situations de travail, à recruter sur les compétences…

La crise sanitaire et économique ne risque-t-elle pas de reléguer ces questions au second plan ?

V. C. : On l’a effectivement constaté en 2009 : la crise avait alors assez durablement mis un frein à l’évolution de la mixité. Pour ne pas prendre de risque, les jeunes filles se sont orientées vers les branches où on les attendait davantage. C’est pourquoi il est aussi important de lutter contre les stéréotypes dans la société, auprès des jeunes et auprès des prescripteurs de l’emploi et de la formation.

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