Dominique Denormandie : Dans l’ensemble, les opérateurs de combiné ont réalisé entre 60 et 70 % de leurs plans de transport. Ce taux s’avère plutôt bon compte tenu de certaines activités tombées très bas. Le combiné a tiré son épingle du jeu et démontré son rôle essentiel dans la chaîne logistique française. Des transporteurs qui s’intéressaient au multimodal se sont même lancés pendant la crise. Les chargeurs se sont davantage appuyés sur les transporteurs qui appliquaient déjà ce mode. Au niveau des sillons, les trains de fret ont eu, pendant la crise, une fluidité qu’on n’avait jamais connue auparavant puisque le transport de voyageurs était fortement réduit et les travaux sur le réseau plus ou moins arrêtés.
D. D. : Dans le monde à venir, avec la reprise économique et l’urgence climatique, le transport multimodal, qui permet d’économiser 85 % d’émissions de CO2 par rapport au tout-routier, sera l’un des leviers essentiels d’une croissance verte. Ces dernières années nous avons assisté à un mouvement qui va clairement dans le bon sens. De plus en plus d’industriels s’engagent dans des démarches RSE. Les nouveaux entrants dans le combiné viennent principalement pour transporter « plus vert ». À prix égal, un transporteur qui fait du combiné n’a aucun souci pour ravir des lignes sur des appels d’offres. Quant à l’industriel, il est capable de payer un peu plus pour des raisons de sécurisation de plans de transport, d’image ou encore de pression concernant la RSE.
D. D. : Avant tout une volonté. Aujourd’hui, la première appréhension pour le transporteur routier qui se lance dans le combiné, c’est de ne plus maîtriser complètement son transport. Il faut des flux qui puissent se prêter à ce mode, sur des longues distances pour amortir des coûts supplémentaires de rupture de charges. Une régulation va se faire entre la route et le report modal, notamment avec la pénurie de conducteurs sur le transport routier, qui a contribué à décider certaines entreprises à basculer sur le combiné. Pour que ce soit plus facile, il faut aussi des plateformes bien réparties sur le pays. Certaines arrivent à saturation. Il nous faut désormais produire un plan pour définir les endroits pertinents pour en construire de nouvelles et en rénover d’autres.