Le fret ferroviaire (combiné route et fluvial compris) avait cette idée derrière la tête depuis le début de l’année. Et les élections municipales qui viennent de sacrer la montée en puissance d’un vote vert dans les grandes et les moyennes villes de France semblent lui apporter un renfort providentiel. Sans compter le Green Deal porté en Europe par la députée Karima Delli et la loi d’orientation des mobilités (LOM) votée en décembre dernier qui impose à l’État de bâtir un plan fret d’ici la fin de 2020. Les acteurs de 4F (fret ferroviaire français du futur), cette coalition qui regroupe l’ensemble des opérateurs du fret ferroviaire en France (voir l’OT n° 2027), ont présenté tout récemment à Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d’État aux Transports, leur feuille de route pour multiplier par deux (de 9 % à 18 %) la part du fret ferroviaire dans les flux de marchandises transportées en France d’ici à 2030 (Bruxelles a fixé l’objectif à 30 % à l’échelle de l’Europe). « Nous avons établi un plan, les chargeurs sont avec nous. Nous sommes clairement dans les plans de la politique de l’État », indique Pascal Sainson, président d’Europorte France en soulignant : « On parle de ferroviaire, de fluvial et de camions ». Delphine André l’assure : « Chaque mode de transport a sa place. Ce n’est pas en taxant les transporteurs français, mais les pavillons étrangers, que l’on financera le report modal. Le ferroviaire est, lui, voué à traiter le fret massifié longue distance. Nous nous engageons à multiplier par trois les volumes du fret combiné d’ici à 2030 », déclare la présidente du groupe Charles André qui pilote Novatrans. Le fret ferroviaire accaparait près de 18 % de part de marché il y a vingt ans (il a perdu près de 200 M€ pendant l’arrêt Covid-19). L’heure est à la reconquête, avec un soutien fort de l’État et de SNCF Réseau. Les enjeux sont forts en matière d’emplois et de développement durable, argumentent les membres de 4F. Place à la modernisation des terminaux dans les territoires, à l’amélioration des délais sur la longue distance, à l’efficacité du réseau, à la polyvalence des trains, à la mise en place de sillons performants et fiables (moins onéreux). « L’aide à la pince doit être doublée, voire triplée. Et il est nécessaire de revoir les infrastructures afin de pouvoir mettre des camions sur les trains », estime Delphine André. Au total, un volant de 172 propositions a été adressé au ministère. Le montant des aides demandé est évalué a 200 M€ sur cinq ans alors que le coût des investissements sur le réseau a été chiffré à près de 1 milliard d’euros sur la même période. Les chargeurs – au travers de l’AUTF – sont engagés dans le plan 4F. Ils ne devront pas céder aux seules sirènes du prix, notamment ceux affichés par les pavillons étrangers…
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Le fret ferroviaire veut creuser son sillon
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