En début d’année, l’OVI annonçait la fin d’un cycle en matière de ventes de véhicules industriels. Les prévisions faisaient état d’un repli de 10-15 % pour 2020. La crise du Covid-19 a déjoué ce pronostic puisqu’elle a provoqué un repli brutal des ventes, transformant la baisse attendue en chute libre. Ainsi, sur les quatre premiers mois de l’année, les immatriculations de camions dans l’Union européenne ont enregistré un recul historique – au même niveau que lors de la crise financière et économique de 2008-2009 – de – 35 %, par rapport à la même période en 2019, pour les véhicules de + 16 t. Le mois d’avril a battu des records de baisse avec une chute de 58 % pour les + 16 t et de 55 % pour les + 3,5 t. L’OVI parle de « situation dégradée sur les principaux marchés » mais, relève l’Observatoire, « c’est en France que la situation semble la pire ». Ainsi, à fin avril, en cumul, le + 16 t avait connu un repli de 39,8 % quand celui-ci était de -30,8 % en Allemagne, -25,7 % en Italie ou -23,6 % en Espagne. La France détient également, à l’ouest, la cuillère de bois sur le segment du 3,5 t avec une chute de -39,2 % à comparer aux -27,3 % en Allemagne, -26 % en Italie ou -22,7 % en Espagne. Plus loin, en Europe centrale, l’impact du coronavirus a été encore plus marqué avec une chute du nombre des immatriculations de 70 % selon l’OVI, « dans un contexte de chute brutale des flux de marchandises intra-européens ».
Depuis, la reprise économique est passée par là, avec son lot de contraintes. « Du côté des constructeurs, après plus de six semaines d’arrêt, l’industrie européenne du camion a rouvert ses usines fin avril avec, évidemment, des conditions sanitaires très strictes, des perspectives d’activité incertaines, le scénario d’une reprise progressive et des annonces de réduction d’effectifs qui se multiplient », indique l’OVI. Les constructeurs de VI affirment que les annulations de commandes ont été limitées, tout juste ont-ils dû déplorer des reports. Certains fournisseurs de pièces détachées, dans l’incapacité de livrer à temps, pourraient occasionner des retards dans les livraisons de VI.
Au rayon utilitaire VI et VUL, l’OVI annonce une chute globale de 40 % à fin mai « avec une inflexion plus marquée pour les tracteurs qui reculent de 50 % », l’effet à la fois d’un effet de cycle annoncé fin 2019 et de la crise du Covid-19. Chez les carrossiers, l’Observatoire relève une baisse de 44 % des bennes, de 43 % des frigos, de 30 % au global dans les porteurs et de 30 % à fin mai dans les semi-remorques. Là encore, le scénario est identique a celui de 2008. Le redressement des ventes est fortement conditionné à la reprise dans le BTP et à la capacité du TRM à « digérer » ses surcoûts, estime l’OVI. Une relance des « immats » est attendue pour 2021 « dans l’hypothèse d’une non-reprise de la crise sanitaire » …