Le contrôle technique s’adapte aux nouvelles motorisations

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Au service de la sécurité routière, le contrôle technique évolue en permanence. Il est devenu essentiel dans le respect des règles d’émissions des gaz à effet de serre et atmosphériques des poids lourds. Ses procédures s’adaptent aux nouvelles motorisations GNV et électriquesDossier réalisé par Erick Demangeon

En France, le contrôle technique des tracteurs, porteurs, remorques et matériels ADR est réalisé par 387 centres agréés poids lourds (PL). Parmi eux, 168 sont indépendants et 223 sont rattachés à deux réseaux nationaux : Auto Bilan France sous la marque Dekra (149 centres) et Vivauto PL sous l’enseigne Autovision PL (70). Pour assurer leurs missions, ces centres indépendants ou membres d’un réseau s’appuient sur les directives de l’Organisme technique central (UTAC-OTC), qui intervient au nom du ministère des Transports. Méconnu des transporteurs routiers, l’UTAC-OTC est pourtant au cœur du contrôle technique en France. Il est relié aux 387 centres PL par un système d’information dédié qui remonte en temps réel les procès-verbaux des contrôles. Serge Ficheux, son directeur, et Éric Castrec, responsable de sa branche poids lourd, présentent ses missions principales : « L’UTAC-OTC élabore les documents techniques relatifs aux méthodes et matériels de contrôle, les centralise et les met à jour. Cette base de données est ouverte à tous sur notre site (utac-otc.com). Elle sert en particulier à l’information et à la formation de près de 800 contrôleurs, qui interviennent dans les centres PL. » L’organisme a aussi un rôle d’assistance technique auprès de l’administration. À ce titre, il apporte son expertise pour l’agrément des centres et de ses contrôleurs dont il gère le registre national (RNC2), et pour l’approbation des formations initiale et continue des contrôleurs. Chaque année, ces derniers suivent une formation obligatoire de trente-huit heures. Sur le plan informatique, l’organisme supervise la conformité des logiciels utilisés pour les contrôles et en précise les procédures.

À partir des procès-verbaux reçus, l’UTAC-OTC analyse aussi les résultats des contrôles et s’assure auprès de l’administration de « l’homogénéité des contrôles effectués », insistent Serge Ficheux et Éric Castrec. Enfin, l’ensemble des informations collectées permet d’établir des bilans annuels sur l’état du parc PL en France dont la consultation est publique sur son site.

GNC : un CID tous les quatre ans

Chaque jour, les 387 centres PL répartis sur le territoire français effectuent entre 4 000 et 5 000 contrôles techniques de tracteurs, porteurs, remorques et matériels ADR. En plus d’intervenir sur tous les véhicules diesel, ils réceptionnent depuis quelques années des véhicules au GNV et électriques. Ces derniers sont soumis aux mêmes contrôles prévus pour tous les véhicules lourds complétés par des vérifications liées à leur motorisation.

Les instructions techniques spécifiques aux véhicules au GNV sont reprises dans les fiches IT PL F0 et IT PL F6 consultables sur le site de l’UTAC-OTC. La première concerne l’identification du véhicule et les documents à présenter lors du contrôle. Dans le cas d’un véhicule au GNC, le transporteur doit obligatoirement présenter la carte verte du véhicule ou l’attestation d’installation du ou des réservoirs établie par son installateur, et le procès-verbal de contrôle par inspection détaillée (CID) ou d’épreuve du ou des réservoirs.

À savoir par les transporteurs qui possèdent des véhicules au GNC, le CID est une obligation inscrite dans le règlement européen R110. Il doit être réalisé tous les quatre ans par une entreprise agréée pour contrôler l’intégrité du circuit d’alimentation du gaz comprimé du réservoir au moteur. En France, l’agrément est délivré par le Centre technique des industries mécaniques (CETIM) via la Cofrend. La non-présentation des documents précisés dans la fiche IT PL F0 est sanctionnée par une défaillance « majeure » imposant une contre-visite sous un délai d’un mois.

Le procès-verbal CID ou d’épreuve du ou des réservoirs est essentiel aussi aux contrôles prévus par la fiche IT PL F6 consacrée aux châssis et accessoires du châssis. Elle cible les détections de fuite selon des méthodes adaptées au gaz comprimé (GNC) ou liquéfié (GNL), la fixation du ou des réservoirs, des carters de protection, conduites de carburant ainsi que les dispositifs de remplissage et de fermeture. À l’issue de ces contrôles, les défaillances constatées sont qualifiées de mineures sans contre-visite ou majeures imposant une contre-visite sous un mois. Les poids lourds électriques disposent aussi d’instructions techniques complémentaires à celles appliquées à tous les autres véhicules. Elles sont reprises dans la fiche IT PL F4 consacrée aux feux, dispositifs réfléchissants et équipements électriques (points 4.15 et 4.16 en particulier). Y sont précisés les contrôles sur les circuits électriques et électroniques haute tension autre que servitude : câblages, connecteurs, tresses de masse et fixations, continuité de masse, prise de charge et ses protections, étanchéité… Les défaillances constatées peuvent être qualifiées de mineures ou majeures. Les contrôleurs qui mènent les visites techniques sur les véhicules électriques doivent être titulaires de l’habilitation électrique B2XL conforme à la norme UTE C-18 550. Pour les motorisations diesel, les principales évolutions du contrôle technique concernent « la mise en œuvre de protocoles plus stricts sur leurs émissions », constate Stéphane de Brun, directeur général de Vivauto PL à la tête du réseau Autovision PL. La mise en œuvre de ces protocoles s’appuie « sur l’expertise des contrôleurs avec l’aide d’appareils de contrôle étalonnés et renouvelés régulièrement, précise Stéphane de Brun. Les mesures prises sont de plus en plus restrictives à partir de valeurs dites “d’absorption” ou “d’opacité”, qui se réfèrent à la norme Euro du véhicule et non plus à de simples valeurs génériques ».

Dekra, leader national

En plus des coûts dus aux règles et protocoles sanitaires pour lutter contre la propagation du Covid-19, les centres techniques sont engagés dans une démarche d’amélioration et de perfectionnement continue pour respecter l’évolution des directives sur le contrôle technique PL. Les investissements liés sont de deux ordres indique Karine Bonnet : « Ils concernent la formation des contrôleurs pour maintenir leurs compétences et le renouvellement des équipements d’inspection au fur et à mesure des évolutions techniques. »

Les 149 centres du réseau Dekra sont animés par 300 personnes composées très majoritairement de contrôleurs. « Leur formation est assurée par une école interne sur la base de programmes validés par l’administration », précise sa présidente et directrice générale de Dekra Automotive SAS. Avec une part de marché de 36 % dans le contrôle technique PL en France, le réseau réalise 500 000 contrôles environ par an avec ou sans contre-visites. « Le maillage, la proximité géographique et les services sont au cœur de notre stratégie afin de réduire l’immobilisation des véhicules. » Présentés par Karine Bonnet, ces services « sont sur-mesure. Ils comprennent le rappel des échéances et la prise de rendez-vous en ligne ainsi que la mise à disposition de semi-remorques chargées, des offres de convoyage et “Duo”, qui combine contrôle technique périodique et du hayon. Chaque transporteur peut bénéficier d’un statut de client en compte avec l’attribution d’un numéro d’identification national, des plages réservées et une facturation centralisée ». Pour la préparation des véhicules au contrôle technique, Dekra propose enfin des formations dans ses centres et par son site Web (dekra-pl.com), des outils sur les éléments à vérifier ainsi que l’application CT Analyst. Celle-ci permet de consulter, télécharger et d’analyser les anciens procès-verbaux de son parc.

Autovision PL, le challenger

De son côté, Autovision PL déploie 70 centres animés par 150 personnes dont 130 contrôleurs dont la formation continue obligatoire annuelle est assurée par Autodidact, son organisme de formation interne. Le réseau déclare une part de marché de 18 % dans le contrôle technique PL en France avec 220 000 contrôles par an environ. « La proximité est un critère important dans le choix des transporteurs pour réaliser leur contrôle technique afin de réduire leurs déplacements et l’immobilisation des véhicules. Autovision PL a donc pour objectif de densifier son réseau ces prochaines années », confie Stéphane de Brun.

Pour faciliter la gestion des contrôles, Autovision PL a enrichi son offre de plusieurs services : « ouverture de compte à partir de trois véhicules, relance automatique des prochains contrôles avec accès en ligne des anciens procès-verbaux, plages réservées et prise de rendez-vous en ligne, détaille le directeur général. S’ajoutent des offres de convoyage et la mise à disposition de semi-remorques chargées ». Le réseau se distingue aussi par son application Phil.net. « Accessible sur notre site (auto-vision.fr), elle permet d’analyser l’état du parc à partir des résultats des contrôles techniques passés. Phil.net est un outil de gestion qui fournit des statistiques pour mieux appréhender et mieux préparer les véhicules afin que le contrôle se déroule avec succès. » Parmi ses nouveautés, Autovision PL teste actuellement la présentation sans rendez-vous à Bassens (Bordeaux), Périgny (La Rochelle) et au Pontet (Avignon). « Les premières remontées sont prometteuses », déclare le directeur général.

La force des indépendants

Face aux réseaux Dekra et Autovision PL, 168 centres dits « indépendants » se partagent 54 % du marché du contrôle technique PL en France. Certains appartiennent à des entreprises de transport et de logistique, à l’image d’Unitech, détenu par la famille Bils. « Lors de la privatisation du contrôle technique PL en 2005, la famille Bils a considéré cette activité comme complémentaire à ses métiers, indique Jacky Bils, à la tête d’Unitech. Aujourd’hui, Unitech rassemble quatre centres PL localisés dans les Hauts-de-France, dont le plus récent ouvert à Liévin, près de Lens, en février 2020. » En plus d’assurer la totalité des contrôles techniques de la flotte Bils-Deroo (1 200 cartes grises dont 200 moteurs), les quatre centres comptent plus de 350 clients. « Unitech effectue les contrôles techniques des tracteurs, porteurs, remorques et matériels ADR, toutes motorisations confondues. L’an passé, nous avons effectué 24 000 visites techniques. » Les transporteurs peuvent se présenter avec ou sans rendez-vous, et ceux-ci peuvent être pris en ligne. « Par mail et par courrier, Unitech assure la relance automatique des échéances et fournit des services complémentaires comme le convoyage ou la mise à disposition de remorques chargées. » Sur des sites distincts de ceux d’Unitech mais à proximité de ces derniers, la famille Bils a lancé en juin 2016 l’offre Chronotech Services. « À l’attention des transporteurs mais aussi des gestionnaires de flotte de bus et cars, Chronotech vérifie et étalonne toutes les marques de chronotachygraphes à bord des véhicules. La proximité avec les centres techniques Unitech procure un gain de temps aux transporteurs. » En plus des tachygraphes, les quatre centres Chronotech Services interviennent sur les hayons, le réglage des feux et de la climatisation ou sur les systèmes anti-alcoolémie EAD.

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