Le décret du 4 décembre 2012 modifiant l’article R.312-4 du Code de la route pour relever, à partir du 1er janvier 2013, la limite de PTRA de 40 tonnes à 44 tonnes pour les véhicules de plus de quatre essieux met fin à l’embrouillamini ouvert par l’arrêté du 17 janvier 2011 qui se voit abrogé.
Si les chargeurs français ont fait connaître leur satisfaction, les représentants des transporteurs routiers ont émis des réserves.
Des insatisfactions côté fédérations
L'OTRE ne décolère pas à l’égard de l'abaissement des charges à l’essieu qui se substitue à l'obligation d’un sixième essieu.
La FNTR regrette que "l’absence de rétrofit ait été refusée". La fédération avait, en effet, plaidé pour que la nouvelle limitation de charge à l’essieu ne concerne que les matériels immatriculés après le 1er janvier 2013. Quant à l'Union TLF, c’est un report pur et simple de la généralisation du 44 t "au plus tôt au 1er janvier 2015" qu’elle demandait en octobre 2012, dans un courrier au ministre délégué chargé des Transports et au ministre du Redressement productif. Car, posait la fédération, "dans un contexte de surcapacité de l'offre de transport, augmenter en un seul jour les capacités de transport public routier de 15% sur le volume total des produits pondéreux au plan national reviendrait à imposer une ultime saignée à des entreprises déjà exsangues".
Du côté du GNTC (Groupement national des transports combinés), on affirme que "le 44 tonnes alourdit le coût du transport routier, sans engendrer le relèvement escompté des tarifs, mesure qui affaiblit à la fois les routiers et plus encore le transport combiné". En conséquence, le GNTC demande "une vraie compensation", sous forme d'une "exonération totale de la taxe poids lourds pour les pré et post acheminements".
Applaudissements des chargeurs
L'Union des industries chimiques (UIC), elle, s'est félicitée de la publication du décret ministériel. "Les avantages que les industriels vont pouvoir tirer de cette mesure sont à la fois économiques et environnementaux", explique le communiqué publié par l'UIC le 6 décembre 2012. L’UIC estime que 15 % des flux camions actuels de produits chimiques pourront basculer en 44 tonnes dès 2013, ce qui permettra de réduire le nombre de véhicules/km ainsi que les consommations de carburant.
Même réaction positive de l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF) qui rappelle que les chargeurs défendaient le passage à 44 t depuis près de vingt ans. "La possibilité de transporter dans le même véhicule jusqu'à 17% de marchandises en plus constitue pour les secteurs industriels bénéficiaires une avancée majeure", indique l'AUTF. Seule ombre au tableau pour les chargeurs français, "l'impossibilité de réaliser en 44 tonnes des transports transfrontaliers avec la Belgique, le Luxembourg ou l'Italie, ce qui pénalise fortement nos industriels nationaux en situatlon de concurrence sur le marché européen".
Triple zéro pour les écologistes
Au contraire l'association écologiste France Nature Environnement (FNE) voit dans l'autorisation du 44 t "une triple erreur".
La mesure induira selon FNE "des coûts d’entretien des infrastructures routières en hausse" évoquant 400 millions à 500 millions d'euros de surcoût annuel. Cela conférerait aussi selon FNE "un avantage compétitif supplémentaire" au transport routier, d'où "une perte de trafic des modes alternatifs pourtant plus vertueux". Enfin FNE craint que la mesure française ne constitue "un appel d’air pour les 44 tonnes en Europe" en encourageant d’autres pays européens (Allemagne, Espagne…) à aller eux aussi vers une généralisation.
