« La pénurie de conducteurs se ressent aussi au niveau assurantiel »

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La hausse des prix des matériels et des réparations, une augmentation des sinistres et la pénurie de conducteurs sont autant de pistes d’explication du contexte de hausse des primes d’assurance, selon Axel Morvant. Il pointe des pistes d’amélioration.
Comment expliquez-vous la hausse des primes d’assurance et le retrait de nombreux opérateurs du marché du transport ?

Axel Morvant : L’inflation, notamment la hausse du coût des matériels et de leurs réparations, joue un rôle important dans cette augmentation… On pronostique un doublement ou un triplement des coûts d’assurance avec le développement des véhicules électriques et à hydrogène, bien plus onéreux. Mais, depuis quelques années, on voit aussi les risques corporels et leur indemnisation gagner en importance. Or, c’est la hantise des compagnies. Ni la partie marchandises ni la partie matériels ne représentent un réel problème, car on calcule aisément le risque en rapport avec le prix des camions et l’évaluation est assez précise. En revanche, pour les dommages corporels, les montants peuvent être considérables et complexes à appréhender.

Y a-t-il des secteurs du transport plus sensibles que d’autres à la hausse des prix ?

A. M. : D’une façon générale, les transports effectués en véhicules de moins de 3,5 tonnes et/ou en ville sont plus exposés aux risques et plus compliqués à assurer. Cela s’explique en partie par la complexité de la conduite urbaine, mais aussi par les problèmes de recrutement du secteur. C’est flagrant pour les moins de 3,5 tonnes, qui ne requièrent pas de permis spécifique. Un jeune de 18 ans avec un permis B peut conduire un tel véhicule, sans expérience et dans un contexte urbain, le plus compliqué à gérer. Or, cette conduite va être amenée à se développer du fait de l’adoption des ZFE, qui risque de multiplier les flottes et donc les risques. L’assureur se base sur deux points : la fréquence et la charge des sinistres. Une forte fréquence de sinistres doit être absolument évitée car elle est perçue comme indicatrice d’un risque plus grave à venir… Résultat, très peu de compagnies acceptent de garantir les flottes de moins de 3,5 tonnes. Les chefs d’entreprise se doivent donc d’être attentifs aux conducteurs… Et ils le sont d’ailleurs de plus en plus.

Et, selon vous, y a-t-il un lien entre la tension sur le recrutement, problèmes de formation et hausse de la sinistralité et des primes ?

A. M. : Que ce soit sur les moins de 3,5 tonnes ou sur les plus gros véhicules, on revient toujours à la pénurie de chauffeurs qualifiés, qu’on ressent aujourd’hui même au niveau assurantiel. C’est une vraie problématique, qui pose la question de la gestion des personnels, de leur qualification et de leur implication dans les entreprises.

Les solutions ?

A. M. : Elles sont multiples. Elles passent bien sûr, en interne, par la prévention des sinistres par l’investissement dans des matériels de sécurité et dans la formation des salariés, ce dans quoi beaucoup de transporteurs sont déjà engagés. La formation à l’éco-conduite induit par exemple une conduite plus sécurisée. Je pense aussi que faire équipe avec son courtier est une bonne chose, tout comme se tourner vers des groupements qui permettront de bénéficier d’informations et de tarifs plus favorables. Notre cabinet est ainsi partenaire avec la coopérative Ecotrans, de l’OTRE Île-de-France et de l’Union des coopératives de transport. Et s’il est compliqué de résoudre les problèmes de recrutement, là encore, il faut se rassembler ! C’est pourquoi nous sommes récemment devenus partenaires du Monde du transport réuni. Valoriser le métier de conducteur peut contribuer à réduire les risques. Quand un conducteur est fier de son métier, a par exemple son camion attitré, il fait forcément plus attention.

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