La fermeture des frontières n’a pas affecté la profession puisqu’il n’y a pas eu de blocage du passage des marchandises en Europe occidentale, à l’exception de certaines situations ponctuelles. « Le dispositif des corridors verts a fonctionné », affirme Ramón Valdivia, directeur général d’ASTIC (Association du transport routier international), qui rassemble les entreprises du TRM espagnol travaillant à l’international. Ceci vaut en particulier pour la frontière franco-espagnole avec ses deux principaux points de passage : Hendaye/Behobia et Le Perthus/La Jonquera. « La baisse du trafic de voitures particulières a facilité le passage à la frontière et la circulation sur les autoroutes européennes », indique, de son côté, Juan José Gil, secrétaire général de la Fédération nationale des associations de transport d’Espagne (FENADISMER), qui rassemble des PME et des travailleurs indépendants.
Le principal problème tient à la baisse globale du trafic, conséquence de la crise en Europe. Une enquête réalisée par ASTIC auprès de ses membres fait état d’une diminution des déplacements, comprise entre 25 % et 50 % pour 40 % des entreprises et de plus de 50 % pour 24 % d’entre elles. À l’export, le TRM espagnol a souffert de l’arrêt complet de secteurs comme l’automobile : plus de 80 % de la production espagnole est exportée. Les matériaux de construction, les matières premières pour l’industrie, les machines-outils, etc. font également défaut. En revanche, les exportations se maintiennent dans des secteurs tels que l’agroalimentaire ou la chimie.
À cela vient s’ajouter la question épineuse des retours. Les entreprises du TRM espagnol se sont toujours organisées pour remplir leurs camions en revenant vers la péninsule, avec un taux de retour à vide estimé à moins de 7 % en matière de kilomètres parcourus avant la crise.
Pour 56 % des entreprises interrogées par ASTIC, dans l’enquête citée précédemment, le nombre de kilomètres parcourus à vide a augmenté de plus de 30 % (et de près de 100 % pour 8 %). « Nous avons demandé au gouvernement une modification temporaire de la législation sur les contrats de transport afin de repartir le préjudice entre le transporteur et le chargeur », précise le directeur général. Une requête restée sans suite.
Un autre souci des transporteurs espagnols concerne les changements constants en matière de réglementation en Europe. « Les règles évoluent de façon différente selon les pays », explique Ramón Valdivia. Ce qui gêne surtout les Espagnols, c’est le « patchwork » de mesures qui complique le travail de entreprises circulant dans plusieurs pays du Vieux Continent. « Nous aimerions que la crise actuelle débouche sur un accord entre les différents pays européens », souligne-t-il. ASTIC et la CETM (Confédération espagnole du transport de marchandises), la principale association professionnelle du TRM espagnol, ont signé un texte, conjointement avec 14 autres organisations sœurs européennes, en vue de demander l’adoption définitif du paquet Mobilité européen afin de mettre en place « un cadre européen harmonisé ».
“Les camions frigo constituent le fer de lance de l’offre espagnole à l’international”.