Depuis 2020, Jacky Perrenot dispose de son propre campus de formation centré sur les métiers du transport. La manière de former aux nouvelles technologies les actuels ou futurs conducteurs est au cœur des préoccupations. « Il est important de se servir d’outils technologiques mais plus encore de s’interroger sur la manière de les utiliser et sur la façon dont les nouvelles technologies sont amenées aux conducteurs », explique Olivier Leroux, directeur prévention de Jacky Perrenot. Un simulateur de conduite installé sur un véhicule podium circule auprès de l’ensemble des agences du groupe à des fins de sensibilisation et de développement des formations professionnelles. « Nous nous demandons continuellement comment travailler au mieux à la formation de nos conducteurs. Les résultats sont encouragés par leur bonne acceptation d’autant que les conducteurs comprennent l’intérêt qu’ils ont à suivre les formations », relève le directeur prévention. Celui-ci révèle que « le simulateur est utilisé sur des périodes très courtes, de l’ordre de trois à quatre minutes, avant qu’un debrief d’une quinzaine de minutes n’instaure une discussion. Il s’agit de créer une situation par la simulation et de susciter à la suite son commentaire », précise-t-il.
Autre prérequis à la formation aux nouvelles technologies, le rôle du formateur. Les outils ne le remplacent pas. « Le formateur est primordial ; c’est toujours lui qui fait et qui contribue en outre à ce que la formation arrive sur le lieu de travail ». Le simulateur poids lourd, utilisé en formation continue, en plus de jouer un rôle sur la conduite est également un outil utile au renforcement de la sécurité, à la sensibilisation aux risques liés à la consommation d’alcool ou de stupéfiants, à la distraction due aux écrans. Des casques de réalité virtuelle sont également utilisés, de même que la réalité augmentée, notamment pour des opérations de conduite en entrepôt. Parmi les conduites les plus avancées, celle d’un exosquelette est expérimentée pour la livraison de bouteilles de gaz car leur manipulation est très phy-sique. Pour le moment toutefois, aucune solution satisfaisante n’ayant été trouvée, la formation à l’utilisation d’un tel système est en stand-by. Jacky Perrenot travaille aussi sur le platooning, ce qui suppose aussi une formation idoine.
Des nouvelles technologies au centre des formations
« Les nouvelles technologies sont intégrées aux formations des conducteurs qu’il s’agisse de l’initiale ou de la continue. Elles donnent lieu à des sessions à la fois pratiques qui procèdent de leur présentation, de leur détail du fonctionnement, de leur raison d’être et de leur mise en œuvre par exemple d’un freinage d’urgence, d’une alerte de franchissement de ligne mais aussi théoriques qui permettent de se projeter dans l’avenir et d’aborder un thème comme les véhicules connectés, ceci afin d’ouvrir sur des perspectives, d’avoir une vision. Il est important que les conducteurs, dans leur tâche, soient à la fois conscients des nouvelles technologies dont leurs véhicules sont équipés et qu’ils sachent s’en servir », assure Joël Radouan, directeur de la pédagogie de l’Aftral. Il en est de même pour la partie logistique du TRM. « Nous travaillons en partenariat avec l’AFT sur un projet en réalité virtuelle. Il s’agira d’intégrer de nouvelles façons d’inventorier par l’usage de drones », révèle le directeur de la pédagogie.
Dans les formations à la conduite, la simulation joue un rôle majeur : « Grâce à la réalité vir-tuelle, des opérations relativement répétitives comme des vérifications techniques du véhicule peuvent être apprises. La simulation permet de se mettre en situation difficile tout en valorisant le métier de conducteur et l’image qui y est associée ». Sécurité, écoconduite sont des sujets d’actualité abordés au croisement de la formation à la conduite et de l’usage des nouvelles technologies : « Par exemple, le régulateur de vitesse est un outil subtil et technologique. La gestion de l’inertie du véhicule mérite de s’y attarder dans le cadre de formations », détaille Joël Radouan.
L’outil technologique que constitue un simulateur est également source d’économie : « La simulation permet aux entreprises du TRM de suivre au plus près les évolutions technologiques car il n’est pas possible de renouveler en permanence son parc. La simulation peut être mise à jour et par là coller au plus près des dernières technologies en date. Il est de plus primordial de faire comprendre de façon simple les bénéfices des technologies et d’être en mesure de transférer un savoir-faire d’un véhicule à l’autre, ce que la simulation autorise aussi », détaille-t-il. Joël Radouan rejoint Olivier Leroux quant à l’importance des formateurs : « Derrière l’appréhension d’une technologie, il y a des formateurs qui apportent une expérience métier, des messages ancrés sur celui-ci et qui enseignent aux apprenants la maîtrise des contraintes du conducteur routier à l’aune de l’évolution des technolo-gies ».
Constituer des retours d’expérience
Un opérateur de compétence tel que Opco Mobilités est également mobilisé sur le plan de la formation à la conduite en intégrant les technologies les plus récentes. Isabelle Maimbourg, directrice générale d’OPCO Mobilités, se félicite de l’implication des entreprises du secteur : « Les entreprises de la branche sont assez porteuses de formation dans le domaine ; elles sollicitent les différents acteurs. On peut même parler de dynamisme dès lors qu’une entreprise compte une dizaine de salariés. Des formations de ce type contribuent à l’image du secteur, à la modernisation des métiers du transport, de la conduite en particulier et constituent des vecteurs d’attractivité ». Concernant la logistique, la directrice générale d’OPCO Mobilités pointe toutefois une nécessité de ce genre de formation : « Depuis longtemps les chariots élévateurs sont passés à l’électrique. On relève néanmoins un manque d’optimisation du chargement et de la gestion de l’autonomie des batteries car les réflexes sont souvent restés les mêmes qu’avec le thermique. Il est nécessaire de se demander comment l’on forme les caristes mais aussi comment peuvent cohabiter deux technologies distinctes, ce qui peut aussi constituer une expérience pour les poids lourds alors même que les motorisations élec-triques commencent à se multiplier ». Isabelle Maimbourg pointe aussi l’utilisation des nouveaux tachygraphes, intelligents : « Il va être utile de s’en servir de manière productive », relève-t-elle, ce qui suppose de la formation. Elle est rejointe par Joël Radouan : « Les entreprises sont très intéressées à leur utilisation efficiente, raison pour laquelle existent des simulateurs de tachygraphe », complète-t-il.