Au cours des cinq ateliers animés, les dirigeants ont été invités à échanger autour de cinq thèmes pour partager les bonnes et moins bonnes expériences, donner leurs impressions sur les différentes tendances qui affectent le secteur ou encore parler de nouveaux outils et services.
Face à la digitalisation, les transporteurs participant du Club de l’OT ont partagé leur état d’avancement sur le sujet. Si tous ont bien engagé une dématérialisation de leurs process, le rythme diffère selon l’appétence de chaque transporteur. Néanmoins, certains volets comme la lettre de voiture électronique (e-CMR), le suivi des commandes ou encore la facturation sont bien avancés. Quelques entreprises ont même pris le parti de développer eux-mêmes. « Nous avons fait le choix d’avoir des équipes en interne en raison de notre spécificité de métier. Nous avons développé notre propre logiciel TMS à l’aide d’une équipe d’une vingtaine de collaborateurs. Nous avons également mis au point une application en interne pour nos conducteurs », indique par exemple un spécialiste dans le transport de frais. Pour la majorité des transporteurs présents, le frein n’est pas uniquement technologique, mais également social. « Pour une digitalisation efficace, la clé, c’est l’adhésion des collaborateurs. Et cela passe par la formation et les actions de sensibilisation », indique un transporteur spécialisé dans les citernes et les matières dangereuses.
Face à la difficulté de recrutement, la fidélisation des salariés est plus que jamais incontournable. Pour donner envie aux salariés de rester, les transporteurs mettent en place de nombreuses astuces. Le niveau de revenu, en fixe ou en primes diverses, reste le nerf de la guerre. Le management apparaît comme un outil clé pour garder ses conducteurs, et l’exploitant, au contact direct avec les conducteurs, joue également un rôle central. « Les exploitants ont vraiment un impact sur la fidélisation, surtout dans les très grandes entreprises », souligne un dirigeant. Néanmoins, tous les chefs d’entreprise présents ont insisté sur la nécessité de conserver le dialogue direct. « En tant que patron, j’essaie toujours de garder un contact direct avec les conducteurs, même si l’entreprise grandit, indique un transporteur. Cela permet d’avoir un échange franc et d’avoir des informations qu’on n’aurait pas forcément en passant par les exploitants. » Plusieurs transporteurs ont aussi fait part de l’importance d’essayer d’adapter certains postes aux contraintes des salariés lorsque c’est possible, en particulier au niveau des horaires.
Passer à des énergies alternatives s’avère compliqué pour les chefs d’entreprise présents au Club de l’OT. La raison ? « Le transport routier génère de faibles marges et le TCO d’un camion prime sur toute autre considération », explique un transporteur. Les plus en difficulté par rapport à la transition sont ceux dont l’activité est basée sur du transport longue distance. Le gaz ne retient pas les suffrages des transporteurs présents à ces tables rondes, soit parce que le maillage de stations de ravitaillement est insuffisant, soit parce qu’il nécessite d’investir dans des matériels spécifiques onéreux. Mais aussi parce que l’inflation en 2022 a marqué les esprits. Ce n’est pas le cas des camions au biocarburant, qui sont plébiscités par les transporteurs ayant participé à cet atelier. Sur l’électrique, ces transporteurs se lancent prudemment, voire attendent en seconde ligne de connaître les résultats d’expérimentations chez les plus gros transporteurs. Le camion hydrogène est, en revanche, très attendu par ceux qui font de la longue distance.
Alors que l’ensemble des postes de coûts a été touché par une flambée des prix, pour beaucoup, le défi principal pour maintenir leur société à flot a été de répercuter les prix à hauteur de l’inflation. Convaincre les clients n’a, pour beaucoup de dirigeants, pas été chose aisée. Quelques arguments ont été bienvenus : « L’indice CNR (Comité national routier) nous a beaucoup aidés pour appuyer nos négociations », a souligné l’un d’eux. Plusieurs, dont des petites structures, n’ont pas hésité à partir face à un client qui refusait une hausse, parfois même lorsqu’il représentait une part importante du chiffre d’affaires. Quelques chefs d’entreprise ont réussi à augmenter leurs marges sur les deux dernières années. « Mais a-t-on répercuté suffisamment ? Ce n’est pas sûr, les charges vont maintenant venir… » s’inquiète un dirigeant qui, comme l’ensemble des transporteurs présents, constate une baisse de volumes. Il s’attend en effet à une fin d’année compliquée, et se prépare même à « une moins bonne conjoncture en 2024 ».
Si les transporteurs présents ne sont pas spécialement pour l’équilibre en matière d’effectif dans la conduite – difficile à atteindre faute de candidates – on y est presque en comptant la partie administrative et les ressources humaines. Il faut dire que pour une part d’entre elles, le travail comporte, notamment dans le convoi, un aspect très physique, lors du déchargement, de la maniabilité dans les manœuvres ou de la poigne au niveau de l’exploitation. Un de nos dirigeants compte néanmoins une femme au rang des formateurs de conduite. Et les autres participants constatent que le travail dans les entrepôts se féminise de plus en plus. Ce sont souvent les grands groupes de transport qui organisent des actions de recrutement auprès des femmes, comme ce dirigeant qui a mis en place avec un organisme de formation une classe de 12 jeunes filles, espérant faire naître les vocations. Malgré un problème d’attractivité du métier maintes fois cité, plusieurs participants s’accordent sur le fait que les femmes présentes dans la filière du transport et de la logistique sont de plus en plus fières de leur métier et le prouvent, notamment par le biais de leur visibilité sur les réseaux sociaux.