Le bateau Tourville a déchargé à Lyon neuf tonnes de denrées périssables, le 10 novembre 2022. Un dernier test avant la mise en place d’une ligne régulière (dite « BeaujoLyon ») annoncée pour le début 2023 entre cette capitale régionale et le Beaujolais, un territoire dont la ville principale est Villefranche-sur-Saône.
Cela fait partie des aléas du transport... Le 10 novembre 2022, le Tourville, bateau de David Desigaud, a eu quelques pépins techniques avant d’arriver sur les quais Arloing, situés dans le 9ème arrondissement de Lyon. Après un problème d’hélice, il a dû être tracté du port de Villefranche-sur-Saône par le Pierre et Paul et a été secondé par le Las Palmas pour porter les conteneurs. À cause du brouillard, la livraison a été décalée car ces bateaux n’étaient pas munis de radars appropriés. Résultat : les équipes sont arrivées avec une petite heure de retard.« Enfin… En cas d’accident sur la route, on a aussi rapidement du retard en camion, note Florent Dupré, directeur du port de Villefranche-sur-Saône. Cela montre que, même en cas de problème, le fluvial est capable de s’adapter ». Malgré ces difficultés, ce militant du fluvial savoure l’instant. Il voit se réaliser un projet qu’il appelait de ses vœux depuis plusieurs années.Cette idée est venue d’une autre initiative fluviale. Depuis deux ans, le Tourville transporte du matériel pour réaliser les travaux du quai Saint-Antoine, à Lyon. « Je me suis rendu compte qu’il descendait parfois à Lyon à vide, reprend Florent Dupré. Le projet a donc été de le remplir ».
Conteneur frigorifique
À partir de là, les choses ont avancé rapidement. En mai, une première expérimentation a permis de livrer du vin, du fromage, des matériaux sur Lyon. En juin le Tourville a transporté 500 palettes de produits du BTP au port Édouard-Herriot pour le groupe Plattard.Cette fois-ci, 26 entreprises du Beaujolais (un territoire situé au Nord de Lyon, dont la ville principale est Villefranche-sur-Saône) ont confié leurs produits au bateau. Toutes les demandes de transport n’ont pas pu être prises en compte, les places à bord étant, cette fois-ci, limitées. A Lyon, deux conteneurs ont été débarqués. Du vin, du fromage, du cidre, du chocolat, du miel… Pour garder ces denrées périssables en bon état, une partie a été transportée via un conteneur frigorifique.Après l’étape du transport fluvial, le 10 novembre, outre la livraison symbolique du « Beaujolais nouveau » à l’hôtel du département, 103 points ont été desservis dans Lyon à l’aide des vélo-cargos des sociétés BeCycle et Urby.Les livraisons du 10 novembre constituent une dernière étape de l’expérimentation d’une ligne régulière entre le territoire du Beaujolais et Lyon (nommée Beaujo-Lyon). Les tests successifs ont permis de délimiter son potentiel. Elle sera exploitée par la société Lium (pour Logistique intra-urbaine multimodale), une filiale de la société de BFT Transports.
Une logistique « décarbonée »
« Dans notre méthode, nous avons travaillé sur un plan de transport pour chaque filière. Puis, nous avons mis en place une chaine technique avec une petite quantité de marchandises, indique Maryline Folleas, dirigeante de BFT Transports. Enfin, nous sommes montés en puissance sur nos volumes. L’idée est d’augmenter le nombre de donneurs d’ordre, les points de livraison et d’intensifier la chaine digitale et technique ». Lium est ainsi parvenue à proposer une logistique « décarbonée ».Les marchandises sont préacheminées au port de Villefranche par des véhicules fonctionnant au gaz. De là, elles sont chargées sur le Tourville. Puis, elles partent pour Lyon afin d’être acheminées sur les quais Arloing, les quais Fulchiron et le port Edouard-Herriot. Le dernier kilomètre est réalisé par des vélo-cargos et véhicules électriques.« Notre objectif est de trouver des solutions pour satisfaire les filières afin de répondre à des enjeux techniques, écologiques et économiques », indique la dirigeante de BFT Transports qui annonce le lancement d’une ligne régulière pour début d’année 2023. Hebdomadaire, elle pourrait passer à un rythme de deux rotations par semaine. L’objectif étant un trajet quotidien en 2024.