Carton plein pour « Meet4Hydrogen » et « Hyports ». Pour sa toute première édition, ce rendez-vous entièrement consacré à la filière hydrogène en France a réuni plus de 350 participants au Palais Neptune de Toulon les 23 et 24 mars 2022. De l’hydrogène « vert » pour tous les usages en France.
Indépendance énergétique, transition écologique, plan de relance… L’hydrogène bénéficie d’un alignement de planètes propice à une accélération des développements technologiques poussé par le plan de soutien de la France à la filière pour 9,1 milliards d’euros.Pour les spécialistes des conventions d’affaires, « Proximum 365 » et « Meet and Com », le temps est donc venu d’organiser un événement national dédié à cette molécule aux multiples usages voués à la « décarbonation » de l’industrie et des transports. « L’hydrogène est devenu un secteur très porteur et nous avons eu l’idée de créer une communauté, de faire de Meet4Hydrogen le rendez-vous du secteur avec un millier de mises en relation et des conférences », détaille Aurelie Bugeia, cheffe de projet de « Proximum 365 ».Associée à la région Sud et FavorH2, cabinet de consulting dédié à l’hydrogène basé à Hyères, la conférence « Hyports » a jeté l’ancre naturellement dans le port de Toulon. Les ports sont en effet les zones privilégiées pour la production d’énergies renouvelables, pour la massification des usages et propices à la « décarbonation » des zones industrielles.Événement phare de ces deux journées de mars, la présentation sur les quais varois d’un prototype de poids lourds de 44 tonnes à l’hydrogène, fruit d’un partenariat entre GreenGT, Transports Chabas et Carrefour. Le poids lourd, sous température dirigée, circulera durant plusieurs mois entre la plate-forme logistique de Carrefour de Salon-de-Provence et les magasins de l’enseigne à Nice.
Une réglementation à faire évoluer
Lors de cet événement, les partenaires ont signé avec la CCI du Var un protocole d’accord pour créer un centre de formation sur le plateau de Signes, près du Castellet, destiné à former des techniciens en maintenance des systèmes de transport terrestre à l’hydrogène.C’est également à Signes que sera installé un centre de production d’hydrogène qui devrait alimenter une station sur le port de Brégaillon pour la dizaine de bus à hydrogène que devrait commander la métropole toulonnaise et également pour les futurs bateaux à passagers à hydrogène.En effet, lors des Nauticales, le salon nautique de La Ciotat qui se tenait au même moment que Meet4Hydrogen, The New Era, navire à passagers « zéro émission » de gaz polluant a été présenté au public. À l’origine de la construction ce premier navire à hydrogène au monde à être homologué, Chloé Zayed, fondatrice de la société Hynova. Cette dernière a annoncé la construction de préséries. « En avril, nous allons débuter une petite série de navires de 10 tonnes dotés d’une propulsion de 250 KW. La coque sera construite en Italie et l’intégration de l’ensemble des systèmes sera réalisée au chantier naval de La Ciotat. Le premier navire sortira fin 2022 », explique Chloé Zayed.Un premier bateau devrait sortir des chantiers fin 2022 et quatre autres l’année suivante. Seul bémol, la réglementation ne suit pas.« Je suis en train de transférer le navire à la flotte de commerce. Or le centre de sécurité des navires me réclame le circuit de combustion ! », déplore Chloé Zayed, en soulignant l’impérieuse nécessité de faire évoluer les choses.Une problématique similaire rencontrée sur le fleuve. « Deux personnes travaillent sur la réglementation de la navigation sous forme dérogatoire jusqu’en 2024 », précise Thierry Herman, responsable filière chimie énergie au sein d’Haropa Port qui a présenté le projet H2Ships portant sur le développement de bateaux à propulsion hydrogène. Une interrogation similaire concerne la navigation de la future drague à hydrogène « Hydromer ». À sa mise en service, en décembre 2023, elle devra obtenir son certificat de classe et un permis de naviguer avant d’opérer dans les ports de Sète et de Port La Nouvelle. « L’OMI n’a pas publié de réglementation sur l’hydrogène, elle s’appuie seulement sur la réglementation IGF qui n’est pas adaptée », pointe Vincent Hermès, ingénieur en tuyauterie aux chantiers navals Piriou.
Décarboner les industries
Pointée du doigt pour ses gaz à effet de serre, l’industrie s’engage progressivement à « décarboner » ses process.« La sidérurgie émet 7 % des gaz à effet de serre dans le monde soit le double de l’aérien et du maritime. Pour chaque tonne d’acier produite, 2 tonnes de CO2 émises », souligne Jean-Luc Reboul, responsable de la direction technique d’Arcelor-Mittal qui a annoncé 1,7milliard d’euros pour transformer le site de Dunkerque (avec le soutien de l’Etat, voir l’article de NPI).Sur le site de Montalieu, le groupe isérois Vicat a annoncé un projet de captation du CO2 issu du process de production du ciment pour produire 40 000 tonnes d’hydrogène sous l’action d’un électrolyseur. Le cimentier entend produire et commercialiser 207 000 tonnes de méthanol. Il pourrait alors être chargé sur le Rhône et rejoindre Marseille-Fos pour avitailler les armateurs.Fort du succès remporté lors de ces deux journées, les organisateurs ont décidé d’en faire un événement annuel avec l’édition 2023 à Marseille avant de revenir l’année suivante à Toulon.