Le deuxième comité interministériel de la logistique (CILOG) organisé le 21 octobre 2021 a été l’occasion de dresser un bilan des actions annoncées lors du premier qui avait lieu en décembre 2020.
Du côté du bilan, pour le fluvial, le dossier de presse rappelle la signature du contrat d’objectifs et de performance (COP) pour la période 2020-2029 entre l’État et Voies navigables de France (VNF) en avril 2021. Ce COP « vise à l’horizon à 2030, une augmentation significative du volume de fret transporté par voie fluviale à plus de 10 milliards de tonnes-kilomètres contre 7,4 milliards de tonnes kilomètres en 2019. Il prévoit également les moyens permettant à VNF d’assurer ses missions essentielles de développement du tourisme fluvial et de gestion de la ressource rare constituée par l’eau avec l’accélération du changement climatique. Il acte des capacités d’investissements à haut niveau et dans la durée pour le réseau fluvial : à l’horizon 2030, plus de 3 milliards d’euros seront consacrés aux infrastructures fluviales ».
Il est souligné le soutien à la transition écologique du transport fluvial « par un triplement du montant Plan d’aide à la modernisation de la flotte fluviale (PAMI) pour la période 2018-2022 soit 36,5 millions d’euros » ainsi que la signature des engagements pour la croissance verte (ECV) le 7 juillet 2021 lors de l’assemblée générale d’Entreprises fluviales de France. Avec ces ECV, « l’Etat, VNF et les porteurs de projet s’engagent mutuellement à réduire de 20% les émissions de GES du fluvial d’ici 10 ans ; implanter des bornes électriques à quai ; expérimenter les solutions alternatives de motorisation à faibles émissions ».
Concernant l’autre mode massifié, il est souligné que « la profession ferroviaire a su se rassembler autour de l’alliance 4F qui réunit tous les acteurs du secteur, afin de co-construire avec l’Etat la stratégie nationale fret ferroviaire, et signer le 13 septembre 2021 un pacte pour le développement du fret ferroviaire, afin de s’engager dans sa mise en œuvre opérationnelle. »
La création le 1 juin 2021 de Haropa, « un port unique pour la vallée de la Seine », n’est pas oubliée. Le dossier de presse ajoutant que ce premier rapprochement des acteurs portuaires « a connu une impulsion complémentaire avec l’annonce par le Président de la République du lancement d’une infrastructure intégrée nouvelle, à travers la transformation des ports de Marseille et Lyon en un grand port fluviomaritime allant de Marseille à Lyon, qui sera la tête de pont de l’axe Rhône-Saône ». Une volonté qu’Annick Girardin, ministre de la mer, a déjà rappelé lors des Assises du Port du futur fin septembre 2021.
Une nécessaire transition énergétique du fluvial
Le Cilog du 21 octobre 2021 a été l’occasion de la remise du rapport « pour une logistique urbaine durable » et « destiné à alimenter une stratégie nationale ».
Selon France Logistique, dont la présidente Anne-Marie Idrac fait partie des auteurs du rapport, celui-ci « invite les acteurs locaux à se saisir ensemble des questions d’implantations logistiques, de circulation et de stationnement, afin de construire des solutions concrètes, adaptées aux contraintes de chaque territoire, pour garantir un approvisionnement efficace de nos villes et territoires ».
Dans le rapport, parmi les recommandations, on peut relever dans la partie 7 intitulée « optimiser et décarboner les flux : « Développer le transport fluvial en réduisant les coûts de rupture de charge pour les opérateurs et en facilitant le développement des mini-zones portuaires ; réserver/aménager le foncier logistique en bord de fleuve pour faciliter le transport fluvial ».
L’exemple de la logistique urbaine fluviale à Strasbourg par la société ULS est présenté tout comme le projet du groupe Sogestran d’un bateau Zulu fonctionnant à l’hydrogène dont l’arrivée est prévue sur l’axe Seine fin 2021 ou début 2022.
Les auteurs écrivent : « Le fluvial est un axe de développement de la logistique urbaine durable. Il peut permettre l’entrée mutualisée des marchandises en ville comme le montre l’action d’ULS à Strasbourg. Cependant, les moyens fluviaux fonctionnent aujourd’hui encore en grande majorité avec des solutions fortement carbonées et il n’existe pas encore de solution décarbonée. Une première étape serait le développement, dès aujourd’hui, de carburants alternatifs (bio diesel, oleo 100...) tant qu'il n'y a pas de solution technique. La flotte parisienne utilise par exemple désormais un carburant de synthèse GTL qui représente un gain de 20 à 30 % en CO2 et une limitation des bruits et fumées alors que ce n’est même pas le carburant le plus optimisé en matière environnementale (et donc pas celui privilégié par la mission). On parle néanmoins ici de carburant de transition vers des solutions décarbonées et ces solutions commencent à apparaître ».
Selon les auteurs, concernant le premier bateau à hydrogène sur la Seine : « Si cet hydrogène est bien réalisé de manière « verte », par électrolyse, et que le coût de telles embarcations est tel qu’il pourra être acheté par les acteurs de la logistique, ce moyen pourra devenir un levier de la transition du fluvial ».
L’intégralité du rapport est disponible en ligne.
Un appel à projet « Logistique 4.0 »
Du deuxième Cilog, France Logistique retient trois annonces parmi les 13 listées par le gouvernement :
- la mise en lumière des « Territoires de logistique », comprenant des sites clés en main et friches réhabilitées, « confirme le soutien du gouvernement à l’attractivité de l’implantation logistique dans les territoires » ;
- les conférences régionales de la logistique, initiés en Bourgogne-Franche- Comté et en Ile-de-France d’ici la fin de l’année 2021, lanceront la déclinaison régionale du CILOG, en identifiant les besoins en offres logistiques pour des chaines compétitives et écologiques.
- le lancement de l’appel à projet « Logistique 4.0 », dans le cadre du plan d’investissement d’avenir n°4 (PIA4) doté d’une enveloppe de 90 M€, dédiés à la digitalisation, la transition écologique et l’automatisation des chaines logistiques accompagnera l’innovation dans le secteur.
Selon le dossier de presse du ministère, « cet appel à projet cible 3 besoins : la digitalisation des chaînes logistiques, la transition vers des chaînes logistiques écologiquement durables, l’automatisation des chaînes logistiques. Ce dernier point « concerne plus spécifiquement l’automatisation des segments maritimes et fluviaux des corridors logistiques, ainsi que des plateformes aéroportuaires et de leurs engins de pistes par exemple, et l'intégration des segments dans un concept global d'automatisation de la chaîne logistique multimodale de bout en bout. Il s’agit en particulier de traiter les interfaces en rupture de charge et avec les entrepôts, eux-mêmes engagés dans une accélération de leur modernisation, et la logistique du dernier kilomètre ».