L’assemblée générale (AG) annuelle d’Entreprises fluviales de France (E2F) s’est déroulée le 6 juillet 2021 avec la présence du ministre chargé des transports Jean-Baptiste Djebarri, ce qui a permis la signature des engagements pour la croissance verte (ECV) de la filière.
Dans ses prises de parole, le ministre a mis en avant « les montants inédits » prévus par l’Etat pour rénover les infrastructures fluviales et ferroviaires. Il a rappelé les 175 millions d’euros attribués au fluvial dans le plan de relance, avec lesquels il s’agit de « rattraper le retard sur l’état du réseau, d’accompagner le secteur dans la reprise » mais aussi « d’avancer dans des sujets nouveaux comme la logistique urbaine ».
Pour lui, « les moyens d’une politique fluviale ambitieuse sont là » d’autant plus si l’on ajoute les 200 millions prévus pour les ports et les 1,4 milliard d’euros du plan d’investissement de Haropa sur la période 2020 à 2027. Il a également cité le contrat d’objectif et de performance entre l’Etat et Voies navigables de France (VNF) signé fin avril et les 3 milliards d’euros annoncés dans ce cadre pour le fluvial sur les 10 prochaines années.
En route vers la neutralité carbone
La venue du ministre a permis la signature des engagements pour la croissance verte (ECV) de la filière fluviale, maintes fois annoncée et autant de fois repoussée au cours des trois années écoulées, la raison en est peut-être que plus de 63 partenaires constituaient le comité de pilotage.
Selon le ministre, ces ECV ont « un objectif qui est de réduire les émissions et de mobiliser les moyens pour innover ». Didier Léandri, président délégué général d’E2F, a indiqué que « les ECV proposent un processus et une méthodologie pour progresser vite et bien sur la transition énergétique ». Toutefois, il a ajouté : « La route vers la neutralité carbone va être longue et constituée d’étapes liées aux capacités économiques des acteurs de la filière et aux avancées technologiques ».
En plus du paraphe de l’Etat, représenté par le ministre, et de celui d’E2F par Didier Léandri, les ECV ont été signés par des représentants de VNF, de Haropa, de la communauté portuaire de Paris, des groupes CFT/Sogestran et Lafarge Holcim, de la société AS Energy, de TLF, de l’AUTF. D’autres signatures devraient suivre dans les semaines à venir.
La question du passage portuaire
La réunion a aussi permis de présenter au ministre quelques points de vigilance et priorités pour la filière fluviale.
Un premier point d’attention est une concurrence exacerbée des pavillons étrangers sur les parties internationales du réseau fluvial (Nord-Est et Nord-Pas-de-Calais) et des pratiques qui sont à la limite des règles légales. Un deuxième est la situation du tourisme fluvial, très affecté par la crise sanitaire et dont la reprise va être lente et progressive. Un troisième point concerne les ports maritimes : si des opportunités existent sur l’axe Seine, la situation est nettement moins favorable sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée.
Pour Didier Léandri : « Il faut travailler sur le fond pour des mesures structurelles. Il s’agit de garantir une concurrence saine et loyale, de renforcer le pavillon français et la compétitivité des entreprises, de mettre en place des solutions de financement/refinancement et une fiscalité adaptée, d’améliorer le passage portuaire ». A ce propos, une mission a été confiée au préfet François Philizot par le ministre chargé des transports sur la « facturation des prestations de manutention fluviale dans les ports maritimes » avec une remise de rapport programmée en octobre 2021. Ce sujet est une revendication de longue date des acteurs du fluvial.
Bien évidemment, l’infrastructure étant l’outil de travail indispensable de la filière fluviale, la (re)mise à niveau du réseau demeure une priorité ainsi que la réalisation des grands projets structurants comme Seine-Nord Europe, MAGEO, Bray-Nogent.